Aux murs de la galerie Echomusée sont accrochées des œuvres diverses : des dessins, des peintures, des photographies et des captures d’écran. Certains travaux sont “plus élaborés que d’autres”, décrit une des bénévoles en charge de l’exposition en question, mais tous racontent une même réalité : celle des mineur·e·s non accompagné·e·s en France, des jeunes exilé·e·s loin de leur famille, sans repère ni domicile.
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“La chose la plus importante pour eux, c’était de parler de leur non-logement. C’est pour cela qu’on voit beaucoup d’œuvres avec des maisons – parfois sans porte, pour qu’elles soient ouvertes à tous. Il y a aussi beaucoup de dessins avec des membres de leur famille, des cœurs brisés et même Macron, qu’un jeune a dessiné en disant : ‘Comme ça, il va peut-être m’aider'”, ajoute-t-elle.
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L’exposition présente les œuvres d’une quarantaine de jeunes accompagnés par des associations (Les Midis du Mie, Utopia 56, Timmy) qui viennent en aide aux personnes exilées. L’année dernière, ces associations avaient occupé l’école Erlanger, située dans le 16e arrondissement, afin de protester contre l’abandon de ces jeunes par l’État.
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Durant les trois mois pendant lesquels 500 jeunes isolé·e·s tentaient de survivre dans l’école désaffectée, artistes et bénévoles organisaient régulièrement des ateliers créatifs afin de permettre un semblant d’exutoire à ces mineur·e·s à la rue. L’idée de l’exposition a grandi avec ces ateliers, dans l’idée de monter “quelque chose de sérieux pour expliquer au monde la situation, pour donner une visibilité au problème. On s’est dit que l’art pouvait être une bonne manière de faire ça”, retrace une bénévole.
“On essaie de trouver des salles pour que les jeunes puissent venir passer la journée, puisque la plupart dorment dehors, est en attente de procédures légales et n’a pas d’endroit où aller, ni le jour ni la nuit. On a trouvé une salle à Aubervilliers où on a invité des artistes qui aidaient les jeunes à développer leurs œuvres, à créer des pochoirs, des dessins, des peintures”, détaille-t-elle.
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L’exposition présente des travaux réalisés sur des temporalités plus ou moins longues, seul·e·s ou à plusieurs, “des œuvres très travaillées, d’autres moins, des choses très mignonnes, des petits dessins, des petites lettres, des acrostiches”, ainsi que des photographies des jeunes, notamment dans l’école Erlanger, et des captures d’écran des messages WhatsApp échangés entre les jeunes et les bénévoles : “Ça permet d’expliquer les choses de la façon la plus directe possible. Pour les bénévoles, c’est évident que ces jeunes ont besoin d’aide, que ce ne sont que des enfants. On veut mettre cela en lumière auprès du public parce que ce n’est pas toujours évident dans les articles qui sont écrits sur eux”.
Si l’exposition vise à souligner des réalités et à dénoncer inégalités et discriminations, elle n’a aucunement la volonté de “romantiser la situation”, appuie la bénévole. “Cette exposition, ce n’est pas une fin en soi. Pour beaucoup d’entre eux, l’idée d’une expo est très abstraite, c’est très loin de leur réalité.” L’exposition permet de mettre en lumière les talents de ces jeunes et leurs difficultés.
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“Un jour où on transportait les œuvres, il s’est mis à pleuvoir, et tout était mouillé. Un des jeunes était triste de voir les dessins abîmés et l’un de ses amis lui a dit : ‘Au moins, c’est efficace.’ Ça montre que quand tu n’as pas de maison, tu ne peux même pas protéger tes œuvres d’art”, se remémore la bénévole, en pleine préparation de l’exposition, visible du 24 janvier au 4 février 2024 à la galerie Echomusée.
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L’exposition des mineurs non accompagnés de Paris a lieu du 24 janvier au 2 février 2024 à la galerie Echomusée, dans le 18e arrondissement parisien. Le jeudi 25, vous pourrez assister à des ateliers à 14 heures et une table ronde à 18 heures. Le vendredi 26 au soir, à 19 h 30, aura lieu un concert suivi d’une fête.
Vous pouvez retrouver Les Midis du Mie sur Instagram et sur le site de l’association.