Les blockbusters hollywoodiens inspirés de BD francophones se comptent sur les doigts d’une main. On pense évidemment au Tintin de Spielberg. Il faut ensuite se creuser les méninges pour se souvenir que Barbarella est une BD belge, au départ signée par Jean-Claude Forest, et de l’oubliable Du plomb dans la tête, réalisé par Walter Hill et basé sur une BD française, pour le coup, signée Colin Wilson, et un certain Matz.
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Ce dernier fait de nouveau parler de lui aujourd’hui, puisqu’il est impliqué également la saga Le Tueur, super série publiée à partir de 1998, qui a eu 13 tomes, un spin-off qui a déjà quatre volets et qui a aujourd’hui son adaptation cinématographique avec The Killer. Ce n’est pas rien. David Fincher derrière la caméra, Michael Fassbender devant et Netflix pour diffuser le tout.
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Pourtant, vous ne la connaissez sans doute pas. Retour donc sur cette incroyable BD, riche, et qui a tapé dans l’œil du tout Hollywood avant que Fincher se l’approprie.
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18 ans avant d’avoir son adaptation ciné
Matz, de son vrai nom Alexis Nolent, est un grand scénariste de BD, dont le premier écrit se retrouve publié en 1990. Il a alors 23 ans seulement et plein d’envies en tête, notamment celle de faire un polar noir et sombre, façon le Samourai de Jean-Pierre Melville. Ce qui devait être un roman deviendra, avec l’appui du dessinateur Luc Jacamon, une première BD de 64 pages, publiée chez Casterman en 1998. C’est l’histoire d’un tueur à gage dont on ne connaîtra jamais le nom, extrêmement méticuleux et précis, mais aussi au bout du rouleau et qui, pour la première fois de sa carrière, va se foirer.
S’ensuivra une longue saga, mais aussi une sortie outre-Atlantique, en 2006. Cc’est là que le tout Hollywood se penche sur ce bouquin. Pour BFM, Matz raconte avoir reçu six ou sept offres en six mois à peine, dont celle d’un certain David Fincher, qui devait réaliser un thriller avec la Paramount et la boîte de production de Brad Pitt. Sauf que comme 90 % des projets, ils tombent à l’eau : il doit bosser sur Zodiac et Benjamin Button.
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Pas rancunier, Matz se souviendra des années plus tard que David Fincher lui avait évoqué adorer le Dahlia Noir et qu’il essayait de l’adapter. Pas de bol, De Palma lui a volé la place, mais quand Matz a l’opportunité de scénariser une version BD, il rappelle Fincher et ils cosignent chez Casterman cette nouvelle monture sortie en 2013.
N’ayant pas perdu contact, Matz et Fincher finiront enfin par accoucher d’une adaptation du Tueur pour Netflix et avec un scénario quasi similaire à celui qu’avait fait Fincher quasiment 18 ans auparavant. Matz a attendu patiemment, refusé toutes les offres en attendant que The Killer voie réellement le jour.
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Pourtant, si vous lisez les bouquins, vous comprendrez que le postulat de base et les 30 premières minutes sont issus du premier volet. Pour le reste, il s’agit d’un savant mélange des cinq/six premiers volets. On retrouve en revanche le ton et les dialogues internes qui font le charme de cette BD presque sans dialogues (au départ en tout cas) et la minutie de ce tueur sans nom.
Si vous trouvez que le travail de la photographie d’Erik Messerschmidt est assez fou dans le film, dites-vous que le découpage de la BD l’est tout autant. C’est fascinant, de bout en bout.
The Killer est disponible sur Netflix, et Le Tueur est disponible chez Casterman.
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