Attention, cet article spoile le film Demon Slayer : Le Train de l’infini
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Parfois, le voyage se révèle si éprouvant que l’envie de s’arrêter déchire un peu plus la poitrine à chaque pas placé devant l’autre. Il paraît alors tellement plus simple d’arrêter de lutter et de quitter ce chemin si tortueux. Pourtant, si l’idée d’abandonner semble douce et réconfortante, les raisons qui ont poussé à entamer le périple finissent toujours par revenir en tête. L’existence humaine ne prend de sens que lorsque le regard se porte vers l’avant.
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Cette leçon de vie touchante, le film Demon Slayer : Le Train de l’infini la rappelle à ses spectateurs. Sorti en salles ce 19 mai en France, le film a connu un succès explosif au Japon et aux États-Unis. Le long-métrage narre la suite de l’anime adapté du manga de Koyoharu Gotōge. Tanjiro et ses amis embarquent à bord du train de l’infini, dans lequel ils devront affronter les démons qui hantent aussi bien la nuit noire et inconnue que les rêves les plus intimes.
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Un récit profondément lyrique
Au début du manga Demon Slayer, Tanjiro n’entame pas son aventure le cœur enjoué, il se retrouve au contraire propulsé dans un périple qu’il n’a jamais eu envie de mener. Malgré tous les obstacles, le jeune garçon se doit de continuer d’avancer, afin de retrouver celui qui a massacré sa famille et sauver sa petite sœur qui s’est transformée en démon.
Le récit a pour théâtre un Japon de l’ère Taishō alternatif, hanté par des démons assoiffés de sang humain. Si ces derniers se présentent comme les antagonistes évidents des héros, les véritables affrontements se mènent dans le for intérieur de chacun, à l’endroit précis où les regrets les plus intimes se mêlent aux espoirs les plus lumineux.
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Demon Slayer : Le Train de l’infini catalyse toute la subtile essence de l’œuvre de Koyoharu Gotōge, en présentant une histoire profondément lyrique. Les humains comme les démons se révèlent tous viscéralement marqués et blessés par leur vécu. Au fur et à mesure de son aventure, Tanjiro grandit au contact de ces nombreuses histoires teintées de mélancolie qui font écho à la sienne.
Au début du long-métrage, les héros se retrouvent à bord du train de l’infini dans lequel se cache une des douze Lunes démoniaques, des créatures à la puissance effrayante qui se nourrissent de sang humain. Afin de venir à bout des protagonistes, le démon les endort dans un sommeil éternel, en les plongeant dans des rêves tellement doux que le réveil devient impossible.
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C’est ainsi que Tanjiro est immergé dans un monde onirique, dans lequel il retrouve sa famille qui a été massacrée. Cependant, le héros décide de ne pas se laisser bercer par l’illusion et arrive à la briser en se coupant la carotide. Un acte qui fait preuve d’une violence très crue et qui porte une symbolique forte : pour s’extraire de ses regrets, il faut tuer la partie de soi-même qui les porte. C’est seulement ainsi que l’humain réussit à avancer.
Un conte à fleur de peau
Cette dichotomie entre l’idéal de l’illusion et la dure réalité est distillée tout au long du long-métrage. Demon Slayer : Le Train de l’infini présente les deux chemins qui s’offrent à chacun : fuir et se perdre dans l’abandon, ou accepter d’encaisser les coups pour avancer. La première solution apparaît tellement alléchante que certains êtres humains se sont alliés aux démons pour accéder au rêve éternel, et ainsi échapper à leur quotidien douloureux. En somme, ces victimes représentent toutes les personnes qui ont succombé à leurs tourments intérieurs.
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Pourtant, c’est cette fragilité à fleur de peau qui fait le charme singulier de la vie. En effet, c’est en embrassant pleinement son éphémérité et sa fragilité que l’être humain transcende sa condition. Les démons, qui aspirent à la vie éternelle, se sont en réalité condamnés à pâtir perpétuellement de leurs souffrances, au lieu de s’en extraire.
Le combat final, qui oppose le Pilier de la Flamme Kyojuro Rengoku (un pilier étant un des épéistes les plus puissants parmi les pourfendeurs, les guerriers qui combattent les démons) et la troisième Lune démoniaque, confronte ses deux philosophies. Rengoku refuse de succomber à la tentation de la vie éternelle, et lutte pour protéger les vies humaines, au péril de sa vie.
À la fin du film, alors que le train a été propulsé hors de ses rails et que Rengoku succombe à ses blessures, le soleil se lève aussi bien physiquement que métaphoriquement sur les protagonistes. Tanjiro et ses compagnons ont trouvé la force d’aller de l’avant.
“Enflamme ton cœur“
Demon Slayer : Le Train de l’infini présente une belle philosophie : la mort fait partie de la vie. Comme le déclare le maître des Piliers alors qu’il se promène dans le cimetière où gisent les pourfendeurs, pendant le préambule et la conclusion du film, la perte de proches est naturelle et ne doit pas devenir une raison d’arrêter d’avancer. La vie ne fait que suivre son cours.
Au terme de la confrontation finale, alors que tous les passagers du train sont sauvés par le sacrifice de Rengoku, Tanjiro et ses amis ne peuvent retenir leurs larmes. Si les héros ont trouvé un objectif, et la volonté de se battre pour l’atteindre, cette leçon arrive après des épreuves excessivement rudes. La souffrance reste une partie intégrante du voyage, et lorsqu’elle se présente, il ne s’agit ni d’y succomber ni de l’ignorer, mais de la surmonter.
Rengoku a tenu la promesse qu’il avait faite à sa mère : il a mis au profit sa force pour protéger les plus faibles. Ainsi, c’est dans la paix qu’il s’éteint : il a accompli sa mission et donné un sens à son existence. Alors que l’être humain paraît si fragile et futile, il incombe à chacun d’avancer dans la voie qu’il a choisie. C’est en surmontant les différentes épreuves, en se cherchant perpétuellement au sein de ce monde, que la beauté de la vie trouve tout son éclat.