Hier, l’Académie des Oscars révélait sa liste des nommé·e·s pour la 95e course à la statuette qui se tiendra le 15 mars prochain à Los Angeles. Comme choisir, c’est renoncer, il y a — comme chaque année — des surprises et des déceptions, des manquant·e·s, mais aussi de véritables manquements. On récapitule.
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Les quelques réjouissances
La véritable (et excellente) surprise est la nomination de Paul Mescal dans la catégorie Meilleur acteur pour son premier rôle principal au cinéma dans le magnifique premier film de Charlotte Wells, Aftersun. Déjà nommé aux Emmy pour son interprétation de Connell dans la série Normal People, soit sa toute première apparition à l’écran, l’acteur irlandais est le véritable outsider de cette cérémonie, éclipsant Tom Cruise que l’on imaginait pourtant favori.
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Si la France brille par son absence dans ces nominations, puisque l’Académie n’a pas retenu la candidature de Saint Omer d’Alice Diop pour l’Oscar du meilleur film étranger, l’Irlande domine les Oscars 2023. Outre la nomination de Paul Mescal, The Quiet Girl de Colm Bairéad est le tout premier film irlandais et en langue gaélique en lice pour le Meilleur film étranger. On note également la présence d’An Irish Goodbye dans la catégorie Meilleur court-métrage.
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Les Banshees d’Inisherin, le dernier film du réalisateur d’origine irlandaise Martin McDonagh, situé sur une petite île au large de l’Irlande, totalise neuf nominations, dont quatre pour les acteurs Colin Farrell, Kerry Condon, Barry Keoghan et Brendan Gleeson, tou·te·s Irlandais·e.
L’autre véritable surprise des nominations pour la 95e cérémonie des Oscars est l’écrasante domination du studio indépendant A24, de seulement dix ans d’âge, et qui récolte 18 nominations pour six films. Alors que le blockbuster Top Gun: Maverick était annoncé comme le grand favori, c’est leur comédie déjantée Everything Everywhere All at Once, réalisée par Daniel Kwan et Daniel Scheinert, qui repart avec le plus grand nombre de nominations, onze au total.
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The Whale, Aftersun, Causeway, Close et Marcel the Shell With Shoes On, également distribués par A24, complètent cette impressionnante liste de nominations. Si Everything Everywhere, All at Once venait à repartir avec l’Oscar du meilleur film, ce serait la première récompense de cette envergure pour le studio depuis le couronnement de Moonlight en 2017. En face, le géant Netflix repart avec 16 nominations pour huit films, un score au niveau de 2019, mais avec beaucoup moins de nominations dans les principales catégories.
Les manquants et surtout les manquantes
Outre ces quelques réjouissantes nouvelles, d’autres brillent par leur absence, Damien Chazelle en tête. Babylon, sa démentielle fresque hollywoodienne de 3 h 08, très mal reçue par la critique et le public américain, n’écope que de trois nominations techniques, Meilleurs décors, Meilleure musique originale et Meilleurs costumes. Si Hollywood n’a certainement pas apprécié le miroir déformant tendu par Damien Chazelle, les Golden Globes ont été plus généreux que l’Académie des Oscars avec le film, lui offrant cinq nominations.
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Plus étonnant, James Cameron ne figure pas non plus dans la catégorie Meilleur réalisateur, pas plus que Jordan Peele qui a pourtant réalisé un des films les plus ambitieux de l’année, Nope, un néo-western futuriste. Son film n’apparaît dans aucune catégorie de ces nominations alors qu’en 2018, Get Out, son premier film, récoltait quatre nominations et remportait la statuette du meilleur scénario.
Les fans de DC (et pas seulement) ont également manifesté leur mécontentement face à la maigre récolte de The Batman, de Matt Reeves. Nommé dans trois catégories — Meilleur son, Meilleurs coiffures et maquillages et Meilleurs effets spéciaux — contre cinq pour Black Panther 2, c’est son absence dans la catégorie Meilleure photographie qui surprend, voire révolte, ceux et celles qui ont aimé cette nouvelle mouture des aventures de l’homme chauve-souris.
Mais le plus dommageable de ces nominations demeure l’absence de parité. Nous sommes en 2023 et les Oscars, comme les César juste après eux, ont une nouvelle fois décidé d’ignorer totalement les réalisatrices. Après deux années consécutives où des femmes ont remporté l’Oscar de la meilleure réalisation — Chloé Zhao en 2021 et Jane Campion en 2022 — elles sont totalement absentes de cette catégorie. Seul Women Talking de Sarah Polley figure dans la liste des dix longs-métrages concourant pour l’Oscar du Meilleur film.
On aurait pourtant aimé voir figurer les noms de Gina Prince-Bythewood, Maria Schrader ou encore Charlotte Wells qui a réalisé ce qui s’annonce comme le plus beau film de cette année 2023.