De Seth Rogen au produit final, toute l’histoire de la naissance du film Ninja Turtles : Teenage Years, racontée par son réalisateur Jeff Rowe

Publié le par Arthur Cios,

(© Paramount Pictures)

Le réalisateur nous raconte les trois années à donner vie à l’un des meilleurs films de l’année.

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Entre Barbie et Oppenheimer, une autre pépite vient pour sauver le box-office (c’est tout ce qu’on lui souhaite) : la nouvelle monture des Tortues Ninja, en animation, Ninja Turtles : Teenage Years. Un film drôle, sublime, particulièrement bien écrit, et foncièrement cool, qui vaut le détour.

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Ninja Turtles : Teenage Years, un cowabanger dans la franchise des célèbres tortues

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Rencontré au Festival international du film d’animation d’Annecy, le réalisateur Jeff Rowe revient sur le projet, sur sa rencontre avec Seth Rogen, sur fait de faire le film à distance et l’inspiration des combats de Jackie Chan.

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Konbini | Aimant plus la série d’animation et les comics surtout que certaines adaptations live action, il semble assez évident que l’animation medium est le plus adapté pour ces personnages…

Jeff Rowe | Disons que l’animation donne plus d’opportunité et de libertés, d’occasions d’aller plus loin et d’être plus fous sur l’histoire et sur les personnages. Je ne suis pas sûr que tu pourrais avoir un film en live action avec autant de mutants, ou qui traite d’un personnage comme Superfly, qui bouge, se bat et parle autant. En tout cas, ce scénario est fait pour l’animation. Ça, c’est certain.

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Le film a été conçu comme de l’animation en tout cas.

Oui, bien sûr. Plus précisément, en fait, le studio s’est dit “Il faut qu’on fasse un nouveau Tortue Ninja et que ce soit quelque chose d’ambitieux ; qui serait bon pour faire ça ? Boum, Seth Rogen”. Ils l’ont contacté en se demandant s’il accepterait, sans se rendre compte qu’il était vraiment fan. Il était comme un fou. Puis ils ont rencontré des réalisateurs et m’ont rapidement contacté et j’ai rencontré Seth. C’est ce qui a fait que j’ai eu le job est que cette rencontre s’est très bien passée, on était vraiment connectés sur ce qu’on voulait : une histoire authentique, d’adolescents, ancrée dans une forme de réalisme sur le fond et avec des vrais adolescents pas forcément connus dans le rôle des Tortues.

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Donc le script n’était pas du tout écrit ?

Au tout départ, quand je suis arrivé dans le projet, ils étaient dessus. Puis, quand on l’a eu, on a rapidement fait une animatique dessus, et on s’est rendu compte qu’il fallait l’améliorer. En fait, la version qui sort en salle ne contient quasiment plus rien du tout premier montage — à part peut-être le fait que Splinter a la même histoire (de lui qui trouve les tortues) et que c’est le cœur émotionnel du film. En réalité, on a construit l’histoire autour de ça.

Concrètement, c’était il y a combien de temps ? Il a fallu combien d’années pour qu’un film comme celui-ci voie le jour ?

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Les gens ne se rendent pas compte du temps que ça prend. Mais c’est difficile à dire, c’est un peu flou pour moi parce que je travaillais sur Mitchells juste avant, et ça m’a pris cinq ans. Sauf que j’ai enchaîné avec les Tortues, il y a trois ans, mais ils avaient déjà commencé à bosser dessus. L’animation à proprement parler a pris un an et demi où l’on travaillait sur plein de choses en même temps. Complexe à quantifier…

On voit depuis quelque temps une nouvelle typologie de film animé arriver, dont fait partie les Mitchells. Quel était le parti pris de ce crayonné presque brouillon ?

C’était exactement ça : on voulait donner l’impression du genre de dessins que l’on faisait quand on était adolescents. On voulait que tout rappelle à l’adolescence. C’était vraiment important. C’est le meilleur moyen de donner vie à cette idée. Ils sont ados. Ils sont importants. Ils ne sont pas propres, raffinés, polis. Ils sont un peu brouillon, le monde n’est qu’un brouillon, mais aussi très énergique et vivant. On espère que ça se ressent au visionnage.

Totalement. Et ça va aussi avec les voix et le travail d’acting ; comment vous avez trouvez les voix ? Vous aviez les acteurs/actrices en tête en travaillant sur le character design ?

On avait les designs, et on a un casting à l’aveugle pour les Tortues. On a eu 300 personnes, et on testait chaque voix sur les personnages, jusqu’à ce que ça fonctionne. C’était super, comme processus. Une fois qu’on les a eus castés, on a adapté les personnages à eux. Et puis, pour le reste, ça s’est fait a posteriori. Ice Cube par exemple, qui est arrivé bien plus tard.

Jackie Chan aussi. Oh, ça, c’était un vrai rêve éveillé. Pour nous, c’était la personne idéale pour Splinter, mais jamais on aurait pensé qu’il allait accepter. C’était même pas une idée dans laquelle on avait une once d’espoir. Et puis, finalement, il a accepté. Il enregistrait en direct de Pékin donc on devait attendre six heures du matin pour l’enregistrer et on était épuisés et en même temps si excités.

Le film a été fait pendant le Covid-19, à part pour l’enregistrement à distance de Jackie Chan. Quel impact ça a eu sur la production du film ?

C’était bizarre parce qu’on a terminé la production des Mitchells pendant le Covid-19, et on a commencé les Tortues pendant le Covid-19. Donc au début, on se disait qu’on allait faire pareil que sur le précédent. Mais au final, on était ravis d’avoir un bureau à la fin, de se voir, de pouvoir travailler ensemble et se taper sur l’épaule.

Mais l’avantage de démarrer la production à distance est qu’on a pu recruter des gens un peu partout. Une de nos characters designers, Adele, vit à Paris. Vu qu’ils n’avaient pas besoin de venir, certains sont restés à distance tout du long. Quelqu’un est resté en Écosse et un des storyboarders était en Corée du Sud, et on ne les a jamais vus en vrai. C’est super, dans le sens où on a pu recruter les personnes parfaites, qu’importe leur localisation. Ça a vraiment aidé le film.

Une de mes scènes préférées est un montage de quatre combats différents en alternance, sur fond de “No Diggity” de Blackstreet — ce qui est très surprenant. Habituellement, ce genre de scène est accompagné d’une musique rapide, ce que n’est pas “No Diggity”…

Ah, c’est une scène unique. Alors en fait, la plupart des scènes de combat s’inspirent des films de Jackie Chan et des chorégraphies. De la manière dont il utilise les objets de tous les jours, une bouteille d’eau, une chaise et de la manière dont il reçoit des coups durant le combat, à quel point ça l’ancre dans la réalité et en devient presque drôle. C’était notre influence principale pour les scènes de baston.

© Paramount Pictures

Et cette scène était écrite comme ça dans le montage, genre “les tortues se battent contre cette personne, puis cette personne, et cette personne”. Un de notre artiste de story-board, John Jackson, venait de voir Everything Everywhere All at Once et nous a dit : “J’ai une idée !”. Il est parti pendant deux semaines, et est revenu avec exactement la scène telle qu’elle est dans le film final. On était là : “Oui, parfait, c’est trop cool, on la laisse intact”.

Quand on bossait sur le montage, on cherchait une chanson et j’ai proposé “No Diggity”, parce qu’il y a une confiance qui se dégage de ce titre. Certes, ce n’est pas rapide, mais c’est plus constant et ça groove plus. C’était parfait.

Ninja Turtles : Teenage Yeats est actuellement en salle.