De mannequin à photoreporter décolonialiste, qui était Marie-Laure de Decker, morte samedi ?

Publié le par Lise Lanot,

Couverture de Vivre pour voir. (© Marie-Laure de Decker)

La photojournaliste française, "amie indéniable de l’histoire" du Tchad, est morte ce 15 juillet 2023 à 75 ans.

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La photojournaliste et reporter de guerre Marie-Laure de Decker est morte ce samedi 15 juillet 2023 à l’âge de 75 ans, a annoncé sa famille. L’AFP a indiqué que son décès faisait suite à “une longue maladie dans un hôpital de Toulouse”. La photographe avait commencé sa vie professionnelle de l’autre côté de l’appareil comme mannequin, posant pour Harpers & Queen, Glamour ou Kenzo.

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Bien rapidement, elle quitte les plateaux de mode et décide de parcourir le monde pour le documenter. Elle part photographier la guerre du Vietnam, malgré ses peurs de ne pas être prise au sérieux – et en soulignant comment son genre avait pu constituer un obstacle à sa carrière : “Si vous êtes une femme, vous n’êtes jamais prise au sérieux”, se désolait-elle. Ses appréhensions se taisent vite, ses images révélant son talent. Photoreporter globe-trotteuse, elle passe notamment beaucoup de temps au Tchad.

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La photographe est arrivée au Tchad en mai 1975, dans le cadre de l’affaire Françoise Claustre – une archéologue française restée prisonnière 33 mois auprès des “rebelles du nord du pays”, racontait-elle au micro de France Culture en 2021. La photographe contribue à mettre en lumière l’affaire et à faire libérer l’historienne. Ce n’est que le début de l’histoire qui lie la photographe au pays.

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Elle finira, “bien plus tard”, par retrouver les tribus des “ravisseurs de Françoise Claustre” et se lier d’amitié avec eux. Elle ne cessera jamais de visiter le pays et de le photographier. Son décès a ému des médias et personnalités tchadiennes. Tchadinfos a salué “sa connaissance des acteurs majeurs de la crise politique au Tchad” et la décrit comme “une amie indéniable de l’histoire du pays”.

Le président de la Commission de l’Union africaine, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, a quant à lui écrit que “par ses images”, elle avait “immortalisé une partie de l’histoire du Tchad”. Elle a documenté le pays, ses paysages et ses habitant·e·s, décrivant sa “décolonisation” comme une noble cause qu’il était crucial de soutenir. Elle n’a jamais cessé de lutter contre le colonialisme, son compte Instagram étant parsemé des mots-clefs #anticolonialism, #rebellion ou #neocolonialism.

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Marie-Laure de Decker a également photographié ses collègues artistes (Man Ray, Marcel Duchamp et Philippe Soupault par exemple) et nombre de personnalités, telles que Serge et Charlotte Gainsbourg, Caroline de Monaco ou Valéry Giscard d’Estaing, “en train d’apprendre à la télévision sa victoire à la présidentielle de 1974”, souligne l’AFP.

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