De l’ombre d’un rêve à sa lumière : entretien exclusif avec le rappeur YUNG POOR ALO

Publié le par Simon Dangien,

© Youtube YUNG POOR ALO – Alphonse & Edward

"Ma musique d’aujourd’hui ressemble plus à ce que je faisais quand j’ai commencé sur SoundCloud".

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Tout donner en musique. C’est une vision qui a presque toujours poursuivi le rappeur YUNG POOR ALO. Tout donner, tout livrer, en mélancolie, poussé par une voix atypique que l’artiste originaire de Rennes sait manier à la perfection. Cet outil lui aura permis de toucher du doigt un rêve dans lequel il baigne plus que jamais, celui d’être rappeur et maître de sa destinée.

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Celui qu’une grande partie du public rap découvre en 2022 a décidé, au moment de ramener de la couleur dans sa musique, de s’exprimer dans ce qui s’apparente à sa première réelle prise de parole dans les médias. YUNG POOR ALO a sorti Alo et l’oiseau en avril et c’est le moment d’en percer le mystère et de revenir sur son parcours dans la musique, ses inspirations et les réflexions qui font de lui l’artiste qu’il est aujourd’hui.

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Konbini | Déjà, comment tu vas ?

Ça va très bien et toi ?

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Ça va, merci ! Merci d’être là avec nous pour ta première interview, même si en faisant quelques recherches, j’ai vu que ce n’était pas vraiment la toute première.

[Rires] Tu es bon. C’était il y a longtemps, je n’avais pas encore sorti de morceaux sur les plateformes, seulement sur SoundCloud. C’était les débuts, mais je n’avais pas encore assez de recul sur ma musique pour pouvoir bien l’expliquer je pense, ou en tout cas bien répondre à des questions comme aujourd’hui.

Au moment de cette interview, on te demande ton métier de rêve et tu réponds “rappeur”, tu t’en souviens ?

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Non, pas vraiment, mais j’aime trop cette réponse ! C’est fou que j’aie dit ça.

Tu te situes ou par rapport à cette réponse que tu donnais en 2019 ?

Je suis dans le rêve, je suis en plein dedans, mais en fait, on ne s’en rend pas compte. Une fois qu’on y est, nos objectifs changent et notre situation personnelle peut toujours être améliorée donc comme on dit, on ne voit jamais le bout du rêve, mais oui, on est dedans. Si ça s’arrête, c’est quand j’arrête la musique mais aujourd’hui je ne m’imagine pas arrêter.

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En tout cas, tu as fait très peu d’interviews et je trouve que tu dégages un côté assez mystérieux. Quand on parle de toi, j’ai l’impression que c’est un mot qui revient souvent, tu en as conscience ?

Je pense qu’aujourd’hui, il y a plein de manières de s’exprimer, certains rappeurs s’expriment beaucoup plus que d’autres et je pense qu’on va dire que je suis mystérieux car je m’exprime plus à travers ma musique qu’ailleurs, mais je ne me considère pas comme quelqu’un de mystérieux. En tout cas, je n’en ai pas conscience.

Même si tu t’exprimes peu, tu as un lien fort avec ton public, tu es présent sur scène et justement, au moment où on se parle, tu vas faire la première partie du Zénith de So La Lune. Comment tu te sens ?

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C’est ma plus grosse salle, je ne conscientise pas trop le fait que ça arrive bientôt mais je suis super content de faire cette date et de la faire en famille avec mon frérot So La Lune.

C’est quoi, ta relation avec lui ?

C’est un très bon pote. On est des amis. J’ai été signé dans le même label que lui, Low Wood. La personne qui était son manager, qui m’a ramené dans le label et qui était mon directeur artistique au sein du label, c’est Alexis. J’étais intégré à leur équipe. Quand je montais sur Paris, j’étais avec eux et mon manager. De là, on est devenus ami, j’ai commencé à être booké sur ses premières parties et donc le Zénith est arrivé parce qu’on a fait toute la tournée avec So.

Vous avez featé aussi. Comment ça s’est fait ?

C’est VRSA et Lowonstage à la prod, on a vraiment fait ça en famille, encore une fois. On a fait plusieurs sons ensemble et un jour, on a décidé de s’ouvrir aux featurings et voilà, on a sorti le feat avec So. Mine de rien, c’est mon premier feat, ça a sûrement permis au public de So de me rencontrer, comme cette tournée, en fait, et ses premières parties.

Le feat est sorti dans JEUNE PAUVRE 3, depuis il s’est passé plein de nouvelles choses, notamment ton nouveau projet, Alo et l’oiseau. Tu es arrivé en full black à Konbini mais ce qui saute aux yeux, c’est l’arrivée de la couleur sur les visuels. Pourquoi ce choix ?

En fait, on a toujours utilisé le noir et blanc. Notre tout premier clip qu’on avait sorti il était en couleur, ensuite on s’est mis au noir et blanc. On a fait ça pendant à peu près deux ans et je pense qu’aujourd’hui, ça a atteint sa limite, on a aussi envie de se libérer là-dessus, ma musique est plus lumineuse maintenant. Il fallait que ça évolue, c’était une direction artistique et il ne fallait pas que ça devienne un frein. C’est une décision qu’on n’a fait que repousser parce que c’est ultra-radical comme changement sur une DA, tout était en noir et blanc, mes clips, mes stories, etc. Ça veut dire que si on fait cette transition, on ne la fera qu’une fois, c’est un grand changement. Là, je pense que c’est le parfait moment, même si on ne ferme pas la porte à faire des clips en noir et blanc si on en a envie. Ça rend les images un peu immortelles.

Quels autres changements artistiques tu as observés chez toi ? Je sais qu’à l’époque, tu faisais tout dans ta chambre par exemple.

Alors je ne fais plus de musique dans ma chambre, en tout cas je vais en studio, chez Giovanni et PushK. Depuis un an, je vais en studio essentiellement chez eux et ça fait un an qu’on a mis en place ce processus créatif, je fais continuellement du son, très souvent en studio, ce qui fait que j’ai beaucoup de sons et Alo et l’oiseau, c’est le résultat de ces moments-là de ma vie.

Est-ce que tu peux nous expliquer comment tu crées ta musique ?

Je prends mon téléphone, je mets des écouteurs filaires et je m’enregistre phrase par phrase, sans écrire, sur mon téléphone, sur Voloco plus précisément. Donc mon téléphone, c’est un peu devenu mon studio d’enregistrement. Ensuite, je pose une session studio et une fois que c’est fait, je regarde tous les sons que j’ai sur mon tél, je choisis celui que je veux faire et je retranscris mes notes vocales à l’écrit pour aller poser en studio après. C’est quelque chose que je fais depuis un an.

Tu parlais aussi de ta musique qui devient plus lumineuse, tu saurais m’expliquer les raisons ?

En fait, la cover représente bien le message que je veux faire passer. Sur la cover, il y a l’oiseau et moi au premier plan avec une chaîne qui relie l’oiseau à mon cœur. L’oiseau, c’est une métaphore de moi et des parts noires qui sont en moi, la tristesse, la mélancolie, le doute, etc. Dans ce projet, je vais aborder des sujets complètement différents des sujets que j’abordais dans mes projets et chansons précédentes où je trouve que je parlais plus de mon environnement que de moi. Alo et l’oiseau, c’est presque un journal intime. “Alphonse & Edward” c’est une chanson sur mon petit frère, ça parle d’amour et je ne pouvais plus m’imaginer du noir et blanc. La lumière, les couleurs, ça rime avec l’espoir.

En termes d’inspi pour la pochette, je pense directement à Kurapika de Hunter x Hunter. C’était quoi, les références ?

Tu peux l’interpréter de plein de manières. Bien sûr, il y a Kurapika mais il y a aussi Le Roi et l’Oiseau. C’est aussi très jeu vidéo, on dirait un peu un phénix, on peut se croire dans Harry Potter aussi.

On dévie un peu mais est-ce que tu as un anime préféré ?

[Rires] Je dirais Fullmetal Alchemist et Naruto.

Le seul feat du projet, c’est avec 8ruki sur “Facecam”, comment ça s’est fait ?

L’anecdote est marrante. Il me donnait de la force sur les réseaux, je lui en donnais en retour et un jour, quelqu’un sur Twitter demande si un feat est prévu. Il lui répond : “On va même bientôt l’enregistrer”. Moi, je lui réponds, mort de rire : “Du coup, tu es chaud”. On fait le feat pour son projet POURquoi!! et on a fait “Facecam” après, chez PushK et Giovanni. C’est pour ça que ça marche bien avec mon projet.

Dans le choix des productions, il y a vraiment une dualité aussi, pas exclusivement dans Alo et l’oiseau mais dans toute ta musique, entre des productions qui vont pouvoir être plus dansantes avec de la 2step, parfois même pop. C’est la musique que tu as toujours voulu faire ?

Oui, ma musique est un peu sombre sur des sonorités un peu plus claires, rythmées mais au final, c’est la musique que je fais et la musique de ma génération. Je fais toutes sortes de musiques. Alo et l’oiseau, c’est huit titres mais sur plus de 30 sons finis, ou en tout cas presque mixés. Je peux faire de la trap, de la pop, de la pop-rock, je fais déjà tout ça, mais forcément, on doit faire une sélection à la fin.

Justement, qu’est-ce que tu écoutes en ce moment ?

Attends, là, il faut que je sorte mon téléphone… En ce moment, j’écoute le dernier projet de Green Montana.

Je trouve ça intéressant que tu cites Green car on peut trouver des similitudes dans vos musiques, dans la manière de jouer entre le clair et l’obscur par exemple. Pour rester sur ta musique, on a toujours retrouvé ce besoin de se livrer, d’exprimer des sentiments assez profonds. On peut retrouver ce trait de caractère chez toi dans la vie de tous les jours ?

Je dirais que je suis quelqu’un de sentimental et sensible. Après, c’est à travers la musique que je m’exprime le plus et le mieux. Je me représente un peu comme une éponge, les choses me touchent beaucoup donc je dirais que j’ai besoin d’extérioriser, peut-être, ou en tout cas de mettre en image tout ça, ou plutôt en son. C’est des choses qui sont tellement profondes quand tu es artiste, que ce soit la peinture, par exemple, ou la chanson, le besoin d’écriture, de création. C’est des choses qu’on ne peut même pas expliquer, c’est ancré en nous, en fait.

Le sujet de la santé, plus particulièrement mentale, dans le rap, c’est un sujet de plus en plus représenté avec des artistes qui en parlent plus librement, dont tu fais partie je trouve. Comment tu l’analyses ?

C’est bien d’assumer de ne pas aller forcément bien, et aussi c’est très dur pour la jeunesse en France, peu importe d’où elle vient. C’est très dur et je pense que ça fait du bien aux gens d’avoir quelqu’un à écouter qui en parle, là où le rap, ça a toujours été très dur et ça l’est toujours car la vie est très dure. On parle plus de certains sujets qui étaient tabous avant, effectivement. Je pense que ça fait du bien, aux artistes comme au public. Il faut se connaître pour se dévoiler.

C’est aussi difficile de le faire au grand jour.

Oui, mais moi, je pars dans l’optique que je ne regarde pas les détracteurs, ou en tout cas il ne faut pas que je les regarde. Je me dis que s’il y a un stream, c’est qu’il y a bien quelqu’un qui écoute et que ça intéresse une personne. Déjà, me livrer, ça me fait aussi du bien à moi. C’est devenu mon métier, c’est ma vie, quoi.

C’est une réflexion que tu as depuis tes débuts au moment de démarrer ?

Toujours. On a commencé en indé, entre frérots, sans savoir si ça allait marcher ni vraiment ce qu’on faisait mais oui, on aime trop faire ça et on est en train de comprendre qu’on est bons pour le faire.

On reviendra sur tes débuts, mais avant ça, je voulais qu’on parle d’une phrase de ton projet introspectif. Dans “Une danse”, tu dis : “même le matériel sur moi ça marche pas”. Est-ce que du coup tu penses que c’est la musique qui peut te guider ?

Je pense qu’il n’y a pas longtemps, j’ai réalisé qu’en fait, si j’atteins mes objectifs dans la musique et que foncièrement, je suis ne pas heureux dans ma vie, ça ne va pas me rendre heureux. Je pense que ce n’est pas la musique qui te rend heureux, mais c’est la musique qui image ce que tu ressens le plus. C’est une échappatoire, mais une fois que tu as fini, qu’est-ce qu’il se passe ? Quand tu as sorti l’album, qu’est-ce qu’il se passe après ? Comme je disais, atteindre des objectifs, c’est bien, mais si demain, on te donne un million d’euros mais que tu es super triste, quand tu auras cramé le million d’euros, tu vas vite te rendre compte que tu es toujours triste.

Il faut qu’on parle aussi d’un autre sujet qui est ultra-important dans ta musique, ça fait partie de ton nom, de tes textes, ça fait partie d’une trilogie de projets aussi, c’est tout ce qui est autour de la précarité, de la pauvreté. Tu peux nous en expliquer le sens et l’origine ?

C’est un constat de la réalité. C’est quelque chose qui fait mal, la précarité. On ne se sent pas beau, on ne se sent pas bien, on ne se sent pas forcément désiré par les autres. Chez les jeunes, c’est horrible ce qu’il se passe pour eux en ce moment. Je ne sais pas si je vais devenir riche, “YUNG POOR”, ce n’est pas que pauvre financièrement. “YUNG POOR” ce n’est pas joli. Tout de suite, tu as presque envie de le mettre sur un drapeau et crier dans la rue : “Je suis un jeune pauvre et je vais m’en sortir”. C’est plus cette mentalité des jeunes d’aujourd’hui, qui font des métiers qui n’existaient pas avant, qui essaient de s’en sortir du mieux qu’ils peuvent, avec peu de moyens avec l’inflation, etc. Pour tout le monde, ça devient trop dur.

Dans ta musique, c’est vrai que tu dépeins un vrai discours de solidarité avec les gens qui t’accompagnent. On sent qu’il y a un vrai amour, malgré le fait que tu parles de solitude, il y a une vraie team et ça vient contrecarrer cette tristesse, cette mélancolie qu’on peut avoir parfois ressentir chez toi. C’est important pour toi de dire que tu es entouré et d’être entouré ?

Je parle de ma vie, donc je parle de mes proches et, comme plein de jeunes qui traînent en bande, c’est notre seconde famille, donc oui, quand j’ai un problème, c’est avec mes amis de ma bande que je les résous. C’est mon environnement, mes frérots, ma seconde famille tout simplement. On part de “c’est triste, etc.” mais on fait la fête comme plein de jeunes, ensemble, on est heureux ensemble sur le dos de nos problèmes de la journée. Le soir, on fête les problèmes de la journée.

C’est peut-être le moment de parler de ton entourage !

Carrément. Il y a Leksa, qui est mon manager et meilleur ami depuis le début. Il y a Sunday qui est mon clippeur depuis le début avec Waner, et un de mes meilleurs amis aussi. Il y a Alexis qui m’a amené sur Paris avec So La Lune. Après, j’ai mes frérots qui m’accompagnent toujours, je n’ai même pas besoin de donner leurs noms.

On va faire un petit bond en arrière, revenir au début de ta carrière. Comment tu démarres la musique ?

Depuis que je suis petit, je suis un peu dans le monde de la musique, c’est-à-dire mes parents écoutent du son à fond. J’ai touché à des instruments, j’ai essayé de chanter et un jour, le rap, quoi ! Le rap, c’était au collège avec les potes, on commence à se clasher, ça freestyle. Moi, je commence à capter que j’adore ça et je commence à le faire sérieusement, à payer des séances, à aller au studio. Après, j’ai acheté le matos pour m’enregistrer chez moi et c’était parti.

Et le matos, tu l’achètes quand ?

Je l’achète dès que j’arrive à toucher de l’oseille, fin du lycée je pense.

Tes premiers souvenirs musicaux, tu les remontes à quand et c’est quoi ?

C’est du rock, ça va de Queen à MC Solaar on va dire. La musique de nos parents.

Dans cette ancienne interview, tu parles aussi de tes inspirations : de Lil Peep, Linkin Park ou encore XXXTentacion. Tu en as d’autres ?

Carrément. Il y a PNL aussi, Green Day dans la même énergie que Linkin Park. Le rock et le rap, de toute façon on voit bien aujourd’hui que ça se mélange super bien, les guitares sur les instrus rap, les morceaux pop-rock dans le rap sont aussi plus courants.

L’une de tes particularités, c’est aussi ta voix. Les influences ont un rôle à jouer là-dedans ?

J’écoute beaucoup PNL, j’ai oublié de parler de Djadja & Dinaz aussi, on me compare beaucoup à eux et c’est quand même une belle comparaison. Ils étaient des pionniers des voix aiguës, c’était les premiers à chanter avec des voix Autotunées dans les aigus comme ça et à assumer de ouf. J’adorais ça et je pense que, j’ai une voix. Parfois j’ai presque l’impression de pas avoir mué, donc naturellement, je vais plus dans les aigus que quelqu’un avec une voix plus grave. Moi, le grave, j’ai beaucoup de mal.

Tu dis que tu touchais à quelques instruments, lesquels ?

J’ai fait du saxophone mais j’étais tout petit, très peu de temps. Je me suis acheté une guitare premier prix, électrique, dans un pauvre magasin et j’essayais de faire ça chez moi mais c’était trop dur.

Est-ce que tu t’es essayé aux prods ?

J’ai essayé et un ami à moi m’a vivement recommandé de rester sur le rap [rires]. Ce n’est pas forcément une chose qui m’intéresse beaucoup, en tout cas pour l’instant !

Tes proches qui te connaissent depuis avant la musique à Rennes, avant que tu montes sur Paris et que tu sois signé, qu’est-ce qu’ils pensent de ta musique ?

Quand je parlais de mes frérots, je parle de ces gens-là. Ils sont trop fiers de moi. Quand je te dis qu’on est une seconde famille, je les appelle mes frères mais on a vraiment tout vécu ensemble, on a dormi par terre ensemble, on a fait les 400 coups ensemble, on a tout partagé, donc ils ne peuvent qu’être fiers. Même si en plus de ça, aujourd’hui, je travaille ma musique sur Paris, je suis toujours très proche d’eux, ils viennent à tous les concerts s’ils peuvent. Au Zénith, ils seront là.

Tu es monté quand sur Paris ?

Ça ne fait pas longtemps que je débarque sur Paris, ça fait trois ans. Avant, je ne montais jamais sur Paris, je n’étais vraiment qu’à Rennes. Maintenant, il faut que je sois un maximum de temps sur Paris pour faire ma musique et la développer, mais je reste connecté à la scène rennaise, c’est mes frérots, on se donne tous de la force. Je peux même citer quelques blazes pour leur donner de la force parce que c’est quand même très dur, la musique en province : Andrew Magenta, Mozdar, G’SOSS, €.T, Azam, Dolce.

On en parlait tout à l’heure, ta discographie commence sur SoundCloud, avec YUNG POOR ALO et Candy world, ensuite Tearstrap et Nano, est-ce que c’est une époque dont tu es fier ? Comment tu analyses ce truc qui peut paraître super lointain ?

Tu as bien fait tes recherches, en tout cas [rires].

Tu en es fier, de ces projets ?

Super fier ! On était des pionniers, personne n’était là pour nous donner de conseils. Donc on était toujours en famille avec la même équipe que maintenant ? Je suis très fier de ce qu’on a fait presque les yeux bandés, en équipe et en famille.

Cette période SoundCloud, elle est importante pour toi dans ta construction, même de ce que tu es maintenant ?

Oui, grave, parce que je pense qu’on est étrangement un peu revenus à ce que je faisais à cette époque-là, au final. Ma musique d’aujourd’hui ressemble plus à ce que je faisais quand j’ai commencé SoundCloud, c’était plus expressif, ça parlait plus de moi-même, je trouve.

Comment tu expliques ce “retour” ?

Je pense qu’une fois que tu as dit énormément de choses, tu as envie de recommencer à parler de toi, donc je reparle de moi, mais maintenant, il y a un peu plus de monde qu’en 2018. Même à l’époque, j’ai toujours fait des sons de tous les styles, mais on choisit ce qu’on sort. On fabrique jamais un projet, surtout en ce moment, en se disant “on va faire un projet comme ça”. Aujourd’hui, moi, je ressens ça donc ma musique et le projet qui en découlent vont logiquement refléter cet état d’esprit.

En termes de durée, tu n’as pas toujours été en mode projet court, si je ne me trompe pas ?

J’ai sorti un 21 titres je crois sur SoundCloud. Aujourd’hui, ça a changé, les formats ont changé. Moi, je suis un artiste à découvrir, je n’ai pas du tout trouvé mon public final, j’ai beaucoup de chemin à faire donc les formats courts. Même moi, en tant qu’auditeur, c’est quelque chose que j’apprécie. Mais on tend de plus en plus vers des formats longs : JEUNE PAUVRE c’était 5 titres, là, aujourd’hui, on a sorti un 8 titres. Je pense que c’est la suite logique des choses.

On parlait de touche d’espoir, depuis le début de ta musique, tu parles de vendre des disques, de tes ambitions. Dès le départ, tu as des objectifs en tête ?

C’est plutôt que je me rends compte que j’adore ça et que je suis complètement accro à ce truc, mais il y a des gros rêves à côté. Je ne sais plus dans quel son je le dis : “Si j’ai un rêve trop petit je le jette, j’en ai un grand ça fait tant d’années”. C’est un truc qui me fait rêver de devenir rappeur, depuis que je suis en âge de me dire je veux rapper. C’est un peu générationnel, notre génération c’est une génération rap, on écoute tous ça, ça représente le mieux notre génération, je pense que je fais ça parce que c’est ce qui m’a plu.

La dernière question : tu as dévoilé Alo et l’oiseau, tu as une idée de comment tu vas continuer de vivre et faire grandir ton rêve ?

On a sorti deux clips, “Pastel” et “Alphonse & Edward” et un projet avant l’été normalement. Je veux aussi travailler le live et mon show. Ça, c’est le truc que je veux, travailler un vrai show.

Merci beaucoup, YUNG POOR ALO.

Merci à toi !