Adolescent condamné à tort à la prison à vie, l’artiste Halim Ali Flowers, qui a collaboré sur un documentaire de Kim Kardashian sur le système carcéral américain, expose ses toiles à Paris et raconte à l’AFP sa renaissance par l’art. “Je ne fume pas, je ne bois pas, je ne fais pas la fête, la seule chose que je fais, c’est de l’art, c’est ma drogue, c’est ma vie”, déclare ce quadra états-unien autodidacte, issu des ghettos noirs de Washington D.C.
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Une quinzaine de ses toiles a été exposée cette année à la galerie Champop, dans le centre de Paris. Colorées et pleines de symboles, elles mettent en lumière les personnes marginalisées, détenues, sans-abri ou souffrant de maladies mentales, et s’inspirent de celles de Basquiat, à l’origine de sa passion pour la peinture.
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“Je dessine tous les jours parce que je n’ai commencé à peindre qu’en mars 2020, en plein confinement”, ajoute l’artiste. Un hommage à Matisse et à toutes les figures du fauvisme passées et à venir “qui auront leur place demain dans les musées”, explique l’artiste, également poète, auteur, rappeur, styliste et conférencier.
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Une condamnation à tort et… Kim Kardashian
La vie n’a pas toujours été tendre pour celui qui a grandi dans les années 1980, dans un monde d’extrême violence et ravagé par le crack. En 1997, à 16 ans, Halim Ali Flowers est arrêté puis condamné à deux peines de prison à perpétuité pour un meurtre qu’il n’a pas commis. Sa libération, rendue effective en 2019 en vertu d’une nouvelle loi sur les mineur·e·s condamné·e·s à perpétuité, a été documentée dans le film The Justice Project de la star de la téléréalité, Kim Kardashian, qui a repris des études de droit.
C’est grâce à son intervention que l’artiste Momolu SK Stewart, ami d’enfance d’Halim Ali Flowers, est lui aussi sorti de prison. L’expérience d’Halim Ali Flowers a également été diffusée sur HBO dans le documentaire Thug Life in DC, récompensé par un Emmy. “Être enfant et s’entendre dire qu’on est un monstre, une bête, savoir qu’on va mourir en prison après y avoir passé sa vie a été très difficile”, confie-t-il.
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“Mais ce qui est magnifique, c’est que quand vous êtes au fond du trou, vous ne pouvez que remonter. J’avais suffisamment d’amour pour moi pour ne pas m’abandonner. Je savais que j’étais innocent, que ma peine de prison était injuste, j’ai eu le désir et la force de me battre pour ma dignité”, ajoute-t-il. L’art, “je l’ai découvert en écoutant mon grand-père jouer du jazz. J’avais un goût personnel pour le rap et j’ai commencé à rapper librement en assemblant les mots de façon poétique”, raconte-t-il.
Basquiat
“C’est en écoutant Jay-Z et Jean-Michel Basquiat [également musicien, ndlr] que j’ai découvert l’art visuel. Je ne savais pas qui était Basquiat jusqu’à ce que je lise un article sur lui, car en prison on n’a ni smartphone ni ordinateur […]. C’est quelqu’un qui s’est construit socialement en tant que Noir et voir que quelqu’un comme moi avait été révélé au monde m’a encouragé”, dit-il.
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Lorsqu’on l’accuse de “copier” son maître, il rétorque que la ressemblance vient du “même esprit” qu’ils “partagent”. Il considère aujourd’hui qu’il a une “mission” : celle de faire de ses œuvres un “vaccin” contre la “pandémie de manque d’amour qui touche toutes les sphères de la société”. Ceux “qui sortent de prison et dont on attend, à tort, qu’ils soient en colère et amers, qu’on considère comme des super prédateurs, peuvent devenir demain ceux qui seront dans les musées”, espère-t-il.