Creed 3, de Michael B. Jordan, sortie en salle le 1er mars 2023
Vous y allez pour Michael B. Jordan (ou pour Jonathan Majors pour les fin·e·s connaisseur·euse·s). Vous en ressortez secoué, avec l’un des Rocky les plus originaux de la saga — en tout cas, de ceux qui essayent le plus de renouveler la recette. Inspiration anime/manga, structure un peu moins manichéenne, qui prend plus son temps. Pour une première passe derrière la caméra, Michael B. Jordan frappe vraiment fort.
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Empire of Light, de Sam Mendes, sortie en salle le 1er mars 2023
Rien qu’en deux mois, on a déjà eu deux films “déclaration d’amour au cinéma”. Formulation galvaudée pour parler de l’épileptique Babylon de Damien Chazelle, et du terrassant The Fabelmans de Steven Spielberg. Entre ça et le côté autobio d’enfance des réalisateurs (on pense à Alfonso Cuarón, Paul Thomas Anderson, Quentin Tarantino, et plus encore), on pensait être lassé d’avance du retour de Sam Mendes (Skyfall, 1917). S’il est loin d’être parfait, il touche la grâce, parfois de très près, et ce par l’immense, immense, Olivia Colman. Rien que pour elle.
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Scream VI, de Tyler Gillett et Matt Bettinelli-Olpin, sortie en salle le 8 mars 2023
Le retour de Ghostface, un rendez-vous immanquable — en plus à New York, avec Jenna Ortega et Courteney Cox. Que dire de plus ?
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Women Talking, de Sarah Polley, sortie en salle le 8 mars 2023
Seule réalisatrice nommée aux Oscars cette année, Sarah Polley concourt pour l’Oscar du Meilleur film avec Women Talking, un long-métrage qui met en scène la parole des femmes — et uniquement la parole des femmes — de façon implacable. En adaptant un abominable fait divers récent, celui du viol collectif de femmes d’une colonie mennonite en Bolivie, droguées et violées durant leur sommeil pendant des années par des hommes de leur communauté, la réalisatrice écarte les agresseurs du cadre pour se concentrer uniquement sur le récit des victimes dans un huis clos porté par un prestigieux casting.
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The Host, de Bong Joon Ho, ressortie en salle le 8 mars 2023
Pour nous faire patienter avant la sortie de Mickey 17, le prochain film de Bong Joon Ho tourné au Royaume-Uni avec Robert Pattinson, The Jokers ressort en version restaurée 4K The Host, le troisième film du réalisateur coréen sorti en 2006. À la fois film de monstres, de science-fiction, drame familial et satire sociale, notre société post-Covid portera un regard nouveau sur le long-métrage, dont le propos, la mise en scène et les effets spéciaux n’ont pas pris une ride. Une chance de pouvoir découvrir ou redécouvrir ce grand film sur grand écran.
The Whale, de Darren Aronofsky, sortie en salle le 8 mars 2023
Cinq ans après Mother!, Darren Aronofsky revient avec un huis clos éprouvant et mortifère. Brendan Fraser nous revient, lui aussi, pour interpréter Charlie, un professeur de littérature en obésité morbide qui vit reclus chez lui depuis la mort de son compagnon, volets fermés et webcam éteinte. Seuls Liz, son infirmière et amie, un prétendu missionnaire et Ellie, sa fille désormais adolescente qu’il a abandonnée quand elle était enfant, sont autorisés à pénétrer chez lui. Dans ce film qui frôle parfois le freak show, la prestation nuancée de Fraser, en Charlie complexe et imparfait, n’implore aucune pitié et sauve le tout.
Luther : Soleil déchu, de Jamie Payne, sortie sur Netflix le 10 mars 2023
Que vous soyez fan de la série (culte au demeurant) ou non, vous apprécierez sans doute ce thriller bien sombre où Idris “Luther” Elba poursuit un tueur en série façon Black Mirror, incarné par un certain Andy Serkis. Le gros coup de Netflix, la grosse sortie de mars dont vous allez entendre parler — et à raison.
Toute la beauté et le sang versé, de Laura Poitras, sortie en salle le 15 mars 2023
Que vous connaissiez le travail de Nan Goldin ou non, ce documentaire, Lion d’or de la Mostra de Venise de 2022, va vous bouleverser sans l’ombre d’un doute. Cette photographe queer a transformé son art et réinventé la normalité de genre, avant de se lancer dans un combat acharné contre la famille Sackler, responsable d’une crise sans précédent d’opiacés outre-Atlantique — et qui se targue d’être l’un des plus grands mécènes d’art du pays. Terriblement attachant, et d’une force rare.
Crazy Bear, d’Elizabeth Banks, sortie en salle le 15 mars 2023
L’actrice et réalisatrice revient aux affaires avec un film dont on salue l’audace. Avec Crazy Bear (Cocaine Bear en VO — beaucoup plus percutant), elle adapte un incroyable fait divers, celui d’un malheureux ours, victime collatérale d’un baron de la drogue, qui a ingurgité plusieurs kilos de poudre magique après qu’un dealer fou s’est débarrassé de sa marchandise en pleine forêt de Géorgie. S’il n’atteint pas le niveau de folie annoncé et donc escompté, le film d’Elizabeth Banks n’en demeure pas moins un revenge movie atypique, gore et très divertissant.
John Wick 4, de Chad Stahelski, sortie en salle le 22 mars 2023
John Wick n’est pas content. John Wick va encore péter un bon nombre de mâchoires et vider un nombre de chargeurs incalculable. Mais cocorico : il le fera à Paris cette fois. De base, on est friands de cette saga, parmi les plus intéressantes visuellement en termes de bastons. Mais patriotisme oblige, celui-là est bien parti pour être un des meilleurs.
Le Bleu du Caftan, de Maryam Touzani, sortie en salle le 22 mars 2023
Au Maroc, de nos jours. La vie de Mina et Halim bascule lorsqu’un jeune apprenti débarque dans leur atelier de confection de caftans et va se rapprocher d’Halim, qui vit son homosexualité en cachette. Si ce triangle amoureux traite d’un lourd tabou dans la société marocaine, il émane du film de Maryam Touzani une infinie douceur. De l’érotisme des plans et de la prestation de Lubna Azabal — l’une de nos meilleures actrices francophones — naît un beau film sur l’amour inconditionnel, qui avait été présélectionné pour représenter le Maroc aux Oscars.
Eternal Daughter, de Joanna Hogg, sortie en salle le 22 mars 2023
Après le diptyque de The Souvenir, basé sur sa vie de jeune femme et de jeune cinéaste, Joanna Hogg revient avec un sixième long-métrage gothique et mystérieux, qui convoque une nouvelle fois les souvenirs. Elle retrouve son actrice fétiche, Tilda Swinton, plus hypnotisante que jamais, qui joue ici un double jeu. Elle y est à la fois mère et fille en vacances dans un vieil hôtel de la campagne anglaise, où cette dernière tente d’écrire le manuscrit de son prochain film, basé sur les souvenirs de jeunesse de sa mère qu’elle aime plus que tout. Sous le conte fantastique, une émouvante histoire de fantôme.
Atlantic Bar, de Fanny Molins, sortie en salle le 22 mars 2023
Animée par son amour des vieux rades, la jeune photographe et réalisatrice a documenté le funeste destin de l’Atlantic Bar à Arles, troquet menacé de fermeture. Dans ce puzzle de gueules cassées — par la clope, l’alcoolisme, les addictions et les épreuves en tout genre — brille Nathalie, la tenancière qui, avec perte et fracas, malmène autant qu’elle materne les habitués de son bar. Sous la caméra de Fanny Molins, chacun livre sa tranche de vie avec une grande sagesse dans un documentaire émouvant mais qui jamais ne sombre dans le misérabilisme.
Je verrai toujours vos visages, de Jeanne Herry, sortie en salle le 29 mars 2023
Jeanne Herry semble vouloir faire de l’analyse des services sociaux français sa spécialité. Avec Pupille, elle documentait, en fiction, le fonctionnement des services de l’aide sociale à l’enfance en vue d’une adoption (et provoquait nos plus mémorables larmes au cinéma). Avec Je verrai toujours vos visages, c’est un dispositif plus méconnu qu’elle met au centre de son récit : celui de la justice restaurative qui consiste à faire dialoguer des victimes et des auteurs d’infractions.
Le casting et les performances impressionnantes emportent ce film essentiellement basé sur la parole. Si l’on regrette un happy ending un peu trop appuyé, Jeanne Herry a su pousser l’analyse de ce dispositif austère sans jamais nous ennuyer. Je verrai toujours vos visages est la confirmation d’une réalisatrice de talent.
Bonne Conduite, de Jonathan Barré, sortie en salle le 29 mars 2023
Le réalisateur attitré du Palmashow se lance dans sa première fiction sans le duo (enfin, ils seront là, mais ce ne sont pas les personnages centraux du film) et on est ravis pour Jonathan Barré. On est d’autant plus ravi que le film est, en l’occurence, un faux Drive breton à la sauce giallo, où Laure Calamy incarne une prof pour stage de conduite (de récupération de points, pour être précis), qui, la nuit, tue les plus mauvais chauffeurs. On a hâte, et vous ne le savez pas encore, mais vous aussi.
Article écrit avec Arthur Cios