De grands médias défendent leurs photographes à Gaza face aux accusations de collusion avec le Hamas

Publié le par Konbini avec AFP,

© Bashar Taleb/AFP

La polémique est partie d’un billet mis en ligne mi-novembre par l’organisation pro-israélienne HonestReporting, qui accuse les médias d’être défavorables à l’État d’Israël.

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De grands médias internationaux ont vigoureusement démenti avoir su en amont que le Hamas allait attaquer Israël le 7 octobre, en réponse à des accusations visant certain·e·s photojournalistes palestinien·ne·s à Gaza et reprises par le gouvernement israélien. Des démentis ont été publiés par les médias états-uniens The New York Times et CNN, ainsi que par les trois agences de presse mondiales, AP, Reuters et l’AFP. La polémique est partie d’un billet mis en ligne mi-novembre par l’organisation pro-israélienne HonestReporting, qui pointe les traitements qu’elle juge défavorables à l’État d’Israël dans les médias.

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HonestReporting laissait entendre, sur le mode interrogatif, que des photojournalistes indépendant·e·s palestinien·ne·s à Gaza employé·e·s, selon elle, par AP, Reuters, CNN et le New York Times, pouvaient avoir été averti·e·s de l’attaque à l’avance par le mouvement islamiste Hamas. Largement relayées sur les réseaux sociaux, ces accusations ont été reprises par le gouvernement israélien. “Ces journalistes sont complices de crimes contre l’humanité ; leurs actions étaient contraires à l’éthique professionnelle”, a estimé le bureau du Premier ministre Benyamin Netanyahou sur le réseau social X (ex-Twitter).

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“L’agence de sécurité intérieure d’Israël a annoncé qu’elle allait éliminer tous les participants aux massacres du 7 octobre. Les ‘photojournalistes’ qui ont participé à la couverture de l’attaque seront ajoutés à cette liste”, a déclaré sur le même réseau le député Danny Danon, membre du Likoud, le parti de M. Netanyahou, et ancien diplomate. “L’Associated Press n’avait aucune connaissance des attaques du 7 octobre avant qu’elles n’arrivent”, a réagi l’agence AP dans un communiqué. “L’accusation selon laquelle qui que ce soit au New York Times était au courant à l’avance des attaques du Hamas ou a accompagné des terroristes du Hamas durant les attaques est fausse et scandaleuse”, a également assuré le quotidien états-unien, soulignant que cela “mettait en danger ses journalistes sur le terrain”.

L’agence Reuters a “catégoriquement démenti avoir eu connaissance de l’attaque en amont ou avoir envoyé des journalistes avec le Hamas le 7 octobre”. CNN a aussi démenti avoir été au courant en amont. Elle a toutefois indiqué avoir cessé toute collaboration avec le principal photographe indépendant mis en cause par HonestReporting, tout en soulignant n’avoir “aucune raison à ce stade de douter de l’exactitude journalistique du travail” qu’il a accompli par le passé.

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“Menaces de mort”

AP a également indiqué ne plus employer ce photographe indépendant. L’AFP a réagi car, bien que non citée parmi les médias pointés par HonestReporting, elle a été mise en cause sur les réseaux sociaux en France. “Toute accusation de collusion entre nos journalistes à Gaza et le Hamas lors de l’attaque du 7 octobre est infamante et diffamatoire, et nous nous réservons le droit de prendre toute action en conséquence”, a déclaré le directeur de l’Information, Phil Chetwynd. Les photographes travaillant de façon permanente pour l’AFP “ont été réveillés par des tirs d’artillerie et de roquettes, et ils se sont rendus alors à proximité de la barrière entre Gaza et l’État d’Israël”. “Les premières photos à proximité de la barrière de Gaza ont été réalisées plus d’une heure après le début de l’attaque”, a précisé l’agence dans un communiqué.

Pour sa part, l’ONG de défense de la presse Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé “l’appel au meurtre de journalistes” et jugé que “les déclarations jetant le discrédit sur l’intégrité de toute une profession étaient inadmissibles”. “Les autorités israéliennes sont passées de l’affirmation qu’elles ne pouvaient pas garantir la protection des journalistes à Gaza à des menaces de mort sur des reporters couvrant le conflit, sur la base de suspicions non argumentées ni étayées à ce jour”, a déploré RSF dans un communiqué.

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