Les Filles d’Olfa de Kaouther Ben Hania (Jour2fête) – sortie le 5 juillet
Immense claque au Festival de Cannes cette année, le film – sélectionné en Compétition officielle – a reçu l’Œil d’or du meilleur documentaire. En inventant un dispositif de faux documentaire, qui imagine le tournage d’un film de fiction sur l’histoire d’Olfa et ses quatre filles frappées par une tragédie en invitant des actrices et les vraies protagonistes, Olfa, Eya et Tayssir, devant sa caméra, Kaouther Ben Hania nous livre un mille-feuille déchirant.
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Car derrière le fait divers et l’islamisme radical, Les Filles d’Olfa est aussi un film puissant sur les rapports mère/filles, sur la violence qu’on reproduit et sur la résilience. Et malgré la stupeur, ces femmes nous font rire autant que pleurer.
Master Gardener de Paul Schrader (The Jokers) – sortie le 5 juillet
La fin de la trilogie de la rédemption du maestro Paul Schrader ne peut être qu’un grand oui. Après First Reformed et The Card Counter, après les errances et les tourments psychologiques d’Ethan Hawke puis d’Oscar Isaac, voilà Joel Edgerton en jardinier meurtrier ancien facho reconverti. C’est fort, c’est beau, et c’est un cinéma américain comme on en voit plus tellement – plus assez, en tout cas.
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Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre d’Alain Chabat (Pathé) – ressortie le 5 juillet
La comédie française la plus culte du XXIe siècle – OK, on n’est qu’en 2023, mais c’est déjà un quart de siècle, c’est pas rien. Un chef-d’œuvre comme on en a trop rarement. Des phrases cultes, récitées par dizaines depuis des décennies et une remasterisation 4K sublime. Vous n’avez aucune excuse.
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Mission impossible : Dead Reckoning, partie 1 de Christopher McQuarrie (Paramount) – sortie le 12 juillet
Mission impossible est et demeure la meilleure franchise d’action du cinéma contemporain. Pas que pour les cascades de Tom Cruise toujours plus folles (et réelles surtout), mais la construction de l’action, des arcs narratifs et la maestria de la réalisation ont transformé ce chef-d’œuvre de De Palma en saga exemplaire du genre. Et le nouveau volet, premier d’une conclusion en deux parties, ne semble que confirmer tout ceci.
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Les Algues vertes de Pierre Jolivet (Haut et Court) – sortie le 12 juillet
L’enquête en BD d’Inès Léraud sur la prolifération d’algues vertes polluantes (et au passage toxiques et mortelles) était déjà glaçante. Sa version film risque d’être bien plus énervante/révoltante/terrifiante.
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Rétrospective Lars von Trier (Les Films du losange) – ressortie le 12 juillet
Les Films du losange vont refroidir l’été avec une rétrospective des quatorze films en version restaurée du cinéaste danois, aussi génial que provocateur, absent des écrans depuis 2018. Element of Crime, Epidemic, Europa, Breaking the Waves, Les Idiots, Dancer in the Dark, Dogville, Five Obstructions, Manderlay, Le Direktør, Antichrist, Melancholia, Nymphomaniac et The House That Jack Built, autant d’œuvres sombres, profondes et controversées qui sondent le pire de l’âme humaine, à la forme sans cesse renouvelée.
Virgin Suicides de Sofia Coppola (Carlotta) – ressortie le 12 juillet
Projeté en 1999 à Cannes, Virgin Suicides, adapté du roman éponyme de Jeffrey Eugenides, était la première – et la plus belle – pierre de la filmographie de Sofia Coppola. La jeune réalisatrice y mettait en scène le suicide collectif de cinq sœurs mystérieuses d’une banlieue bourgeoise de Détroit dans les années 1970.
Devenu culte, le film continue de nous obséder, un quart de siècle après sa sortie. Peut-être est-ce parce que jamais Sofia Coppola n’a tenté de percer le mystère du passage à l’acte des filles Lisbon, nous laissant le choix de notre propre interprétation ? Film générationnel en forme de déclaration d’amour à l’adolescence qui a marqué toute une génération, Virgin Suicides a aujourd’hui 23 ans et fait peau neuve dans une version restaurée 4K grâce à Carlotta.
Barbie de Greta Gerwig (Warner Bros.) – sortie le 19 juillet
C’est le film le plus attendu de l’été et qui a certainement déjà brûlé votre rétine à grands coups de marketing rose bonbon outrancier. Mais s’il vous reste encore quelques points de vision, foncez découvrir la réinterprétation de la plus célèbre des poupées par le couple le plus célèbre du cinéma américain indépendant, dans un monde où “elle est tout et il n’est que Ken”. Il se peut que ça vaille le coup d’œil.
Oppenheimer de Christopher Nolan (Universal) – sortie le 19 juillet
Le nouveau film de Christopher Nolan. Point. Que dire de plus ? Chaque long du cinéaste est un événement comme pas deux. Si en plus le spectacle est aussi spectaculaire qu’escompté, malgré un propos sur le principe faussement classique – à savoir, un récit historique du créateur de la bombe atomique –, alors on sait qu’on tiendra l’un des plus grands films de l’année et de loin.
Caiti Blues de Justine Harbonnier (Shellac) – sortie le 19 juillet
Caiti aurait pu être une star de la chanson. Un grand nom, à la voix sublime. Mais la vie en a décidé autrement. Elle se retrouve à 30 ans à servir des cocktails dans un petit bar de Madrid, petite ville du sud-ouest des États-Unis. Elle chante à la radio, mais ça ne la sauve pas de son quotidien, de ses dettes, des problèmes d’alcoolisme et autres. Un documentaire très fort, passé par l’ACID du Festival de Cannes, et à ne pas rater.
Paula d’Angela Ottobah (Arizona) – sortie le 19 juillet
Il s’agit du premier long-métrage d’Angela Ottobah et très gros choc pour le public. Le film nous raconte les vacances d’été de Paula, 11 ans, que l’école ennuie et qui n’a qu’un seul ami, Achille. Sa mère travaille en Corée, son père a une maladie des poumons, mais il va lui faire une surprise et l’emmener passer l’été dans la maison de ses rêves au bord d’un lac. Mais le temps file, l’automne approche et ils ne rentrent toujours pas.
Sous couvert d’un coming-of-age movie façon film de vacances qui flirte avec le genre, Angela Ottobah nous raconte avec pudeur et intelligence le pire : l’emprise d’un père sur le corps et l’esprit de sa fille.
Sabotage de Daniel Goldhaber (Tandem) – sortie le 26 juillet
Alors que le collectif les Soulèvements de la Terre a été dissous par le ministre de l’Intérieur, ce film permet de regarder droit dans les yeux ces militants prêts à passer à l’action pour de vrai – comprendre faire exploser un pipeline pour empêcher la distribution de pétrole. Mais plus qu’un film théorique, ce thriller en construction tout en flash-back, à la sublime photo naturaliste et d’une rare intelligence est un des plus grands chocs de l’année. On vous aura prévenus.
La Main de Danny et Michael Philippou (SND) – sortie le 26 juillet
Un film d’horreur signé A24 distribué en salle, c’est toujours assez rare pour être souligné. Mais si en plus on parle d’un film qui essaie de renouveler le genre du film de fantôme, de possession en comprenant les codes de la jeunesse actuelle, alors c’est un grand oui. Le film angoissant de l’été, sans l’ombre d’un doute.
Tropic d’Edouard Salier (Rezo Films) – sortie le 2 août
Deux frères en compète pour devenir astronautes, un ovni tombant dans un lac, une malformation… Tropic entre dans la case du film de genre made in France qui sait mélanger les forces de notre cinéma hexagonal et de l’imaginaire horrifique. Le tout sur fond de BO signée SebastiAn. Tout ce qu’on aime.
Yannick de Quentin Dupieux (Diaphana) – sortie le 2 août
On ne pensait pas revoir Dupieux en salle avant Daaaaaali !, son prochain film. Mais voilà qu’il revient avec un film (vraiment) surprise, sorti de derrière les fagots. L’histoire d’une mauvaise pièce qui vire au cauchemar quand un spectateur, qui déteste le show, décide de prendre tout le monde en otage. Avec Raphaël Quenard en ravisseur, aux côtés de Blanche Gardin et Pio Marmaï sur scène. Un tout petit film, fait rapidement et avec une économie réduite, mais qui s’annonce grandiose.
Ninja Turtles : Teenage Years de Jeff Rowe et Kyler Spears (Paramount) – sortie le 9 août
L’héritage de Spider-Man : New Generation se fait de plus en plus sentir dans le cinéma d’animation. Après le dernier Chat potté, c’est au tour des tortues les plus célèbres de la pop culture de revenir dans un style crayonné adolescent assez génial. Le projet, porté principalement par Seth Rogen, qui se veut plus pop, avec une bande originale rap et un casting XXL (allant d’Ice Cube à Jackie Chan), est le film d’animation le plus sexy de l’été – et de loin.
24 heures à New-York de Vuk Lungulov-Klotz (Dulac) – sortie le 9 août
Vingt-quatre heures à New York, sur le principe, ça fait rêver un peu n’importe qui, en dehors du bilan carbone ridicule bien sûr. Mais passer une journée entière dans les pompes de Feña, c’est tout autre chose. Entre l’ex relou qui n’accepte pas la transition de ce dernier, la petite sœur qui vient squatter et un père étranger qui ne comprend plus son enfant, l’intensité de la journée ne fait pas rêver. Et pourtant en ressort un film assez passionnant, juste et honnête.
Reality de Tina Satter (Metropolitan Filmexport) – sortie le 16 août
On commence à avoir un paquet de films de whistleblowers (lanceurs d’alerte), plus ou moins bon d’ailleurs. Mais aucun n’a poussé les potards du réalisme aussi loin que ce film HBO (dont la sortie en France est donc légitimement un petit événement) puisque l’intégralité des dialogues est issue de l’entretien entre le FBI et Reality Winner (ça ne s’invente pas, incarnée par Sydney Sweeney), accusée ici d’avoir fait fuiter des documents sur l’implication de la Russie dans l’élection de Donald Trump. Une petite leçon de cinéma, tout simplement.
Strange Way of Life de Pedro Almodóvar (Pathé) – sortie le 16 août
Un western signé Almodóvar et siglé Yves Saint Laurent, mais surtout une romance entre Ethan Hawke et Pedro Pascal en vieux cowboys amoureux, c’est la promesse de Strange Way of Life, le nouveau court-métrage du maestro. Les costumes colorés, les histoires d’amour empêchées et cette familière dramaturgie légèrement kitsch : les aficionados du plus célèbre des cinéastes espagnols en auront pour leur argent. Pour les autres, il y a toujours Ethan Hawke et Pedro Pascal en slip blanc.
Anatomie d’une chute de Justine Triet (Le Pacte) – sortie le 23 août
Après La Bataille de Solférino, Victoria et Sibyl, Justine Triet est revenue pour la quatrième fois à Cannes pour y présenter son nouveau long-métrage, une nouvelle fois en Compétition officielle. Elle y retrouve la grande actrice allemande Sandra Hüller, mais cette année, la cinéaste française est repartie de la Croisette avec la Palme d’or, face à une concurrence pourtant rude.
Anatomie d’une chute est un nouveau film de procès atypique, comme l’était déjà Victoria, mais cette fois-ci sans Virginie Efira, écrit à quatre mains avec Arthur Harari (Onoda), comme ce fut également le cas pour son précédent film. En creux de cette anatomie d’une chute, la réalisatrice nous livre la plus passionnante des anatomies de couple et confirme qu’elle est la meilleure de nos réalisatrices françaises.
Article écrit par Arthur Cios et Manon Marcillat