Six ans après avoir créé Love, une comédie romantique un peu malsaine qui mettait en scène les états d’âme amoureux d’un geek maladroit, figure que Judd Apatow affectionne et n’a cessé de mettre au centre de ses faits d’armes cinématographiques et sériels, le king de la comédie américaine est de retour sur Netflix avec The Bubble, une comédie inspirée de la pandémie.
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S’il ne s’agit que de son septième long-métrage en tant que réalisateur, Apatow est en revanche l’un des producteurs et scénaristes les plus actifs de la scène humoristique américaine. Bien que ses films fassent rarement événement en France, il a permis à de multiples talents – Steve Carell, Seth Rogen, Amy Schumer – de devenir des poids lourds de l’humour et à de nombreuses comédies cultes de voir le jour.
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Du côté de l’écran cathodique, il est notamment l’homme derrière le prodigieux teen show Freaks and Geeks, au cast composé de nombreuses futures stars comme Seth Rogen, James Franco ou Jason Segel, qui a su capter les tourments adolescents avec subversion. Plus récemment, le producteur a pris sous son aile Lena Dunham et a produit sa première série, Girls, qui révolutionnera le genre en analysant avec un ton très cru cette nouvelle génération d’adulescentes.
Du côté du grand écran, il a apporté sa patte aux losers magnifiques qui refusent de grandir sous les caméras d’Adam McKay, de Greg Mottola ou de Paul Feig. De Présentateur vedette à Frangins malgré eux et SuperGrave en passant par les inoubliables Sans Sarah, rien ne va et Mes meilleures amies, toutes ces comédies politiquement incorrectes ont le nom de Judd Apatow inscrit en haut du générique.
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À l’occasion de la sortie de La Bulle sur Netflix, on a classé de la moins bonne à la meilleure toutes les réalisations (hors documentaires) du grand manitou de la comédie américaine.
#7. La Bulle (2022)
Pour Netflix, le réalisateur s’est engouffré dans la brèche du Covid en nous plongeant dans les coulisses du tournage chaotique d’un blockbuster en temps de pandémie. À cette étrange période en perpétuelle évolution, où chaque information est instantanément caduque, le temps long du cinéma convient peu. Mais, à travers le prisme azimuté du réalisateur, ce projet méta aurait pu être une bonne surprise.
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Malheureusement, Apatow n’échappe pas aux ravages du temps et La Bulle n’est qu’une succession de gags datés qui ne racontent rien, ni du Covid ni d’une industrie hollywoodienne qui se regarde le nombril en se sentant investie d’une mission de divertissement de la plus haute importance. Il en résulte juste un gros raté qui peine à nous décrocher un sourire et qui fait tache dans l’œuvre du réalisateur.
#6. En cloque, mode d’emploi (2007)
Dans son second film, Judd Apatow poursuivait sa réflexion sur les hommes qui refusent de grandir et a revisité la comédie romantique en s’imposant officiellement en troisième voix de l’humour américain. Dans En cloque, mode d’emploi, il a offert son premier rôle principal au bien-aimé Seth Rogen dans un costume d’adolescent attardé qui lui colle depuis à la peau.
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Coincé dans le triptyque potes/fumette/porno, il retrouvait son camarade de Freaks and Geeks Jason Segel, avec Jonah Hill en troisième roue de ce trio de choc. Face à lui, Katherine Heigl était une ambitieuse et carriériste reporter fraîchement promue présentatrice, qu’il rencontrait à la faveur d’une nuit alcoolisée.
Dans les comédies romantiques, les contraires s’attirent. Dans En cloque, mode d’emploi, ils sont surtout obligés de composer lorsque d’une nuit d’amour résulte une grossesse non désirée. Si Judd Apatow persiste et signe dans cet humour régressif où il excelle, servi par des rôles secondaires efficaces et drôles, En cloque, mode d’emploi est beaucoup plus conservateur qu’il n’y paraît. Malgré son absence d’attirance pour Ben, Alison n’envisagera jamais vraiment d’avorter et décidera de garder l’enfant pour l’élever avec ce géniteur qu’elle n’estime guère.
#5. Crazy Amy (2015)
Après avoir filmé l’immaturité au masculin, Judd Apatow change de cap pour se focaliser sur des personnages féminins pas plus épargnés. En 2011, il produit la comédie Mes meilleures amies de Paul Feig, qui réunissait les femmes les plus drôles d’Amérique et, en 2012, la série Girls de Lena Dunham. En 2015, il pensait sa nouvelle comédie sur mesure pour Amy Schumer, comédienne alors encore confidentielle, également auteure du scénario de l’autobiographique Crazy Amy.
Sorte de Hannah Horvath moins tourmentée mais tout aussi névrosée, moins cash mais tout aussi trash, la catastrophe ambulante du titre en VO (Trainwreck) enchaîne les cocktails et les coups d’un soir, perpétuant l’adage paternel selon lequel “la monogamie est un leurre”, avant de se laisser surprendre par un médecin bien sous tous rapports dont elle va tomber amoureuse.
Amy Schumer et Bill Hader étaient d’attachants lead romantiques un peu hors des clous, et tous les seconds rôles (Tilda Swinton ou encore LeBron James) sont, comme toujours chez Apatow, parfaitement soignés. Mais si Amy Schumer fait office de poil à gratter en mini-jupe, Crazy Amy demeure quant à elle une comédie romantique au happy end des plus convenus.
#4. 40 ans : Mode d’emploi (2012)
Dans En cloque, mode d’emploi, les personnages les plus intéressants sont ceux incarnés par Leslie Mann et Paul Rudd, la sœur d’Alison et son mari, empêtrés dans leur routine de couple de quadragénaires et qui seront les malheureux héros d’un spin-off en 2012. Dans 40 ans : Mode d’emploi, pas d’Alison ou de Ben. Seulement Debbie, angoissée par la quarantaine, Pete, son mari cynique et désillusionné, et leurs deux pré-ados exaspérantes dans le plus autobiographique des films d’Apatow.
Comme à son habitude, le réalisateur s’employait à raconter l’intime dans ce qu’il a de moins glorieux mais poussait le vice jusqu’à offrir les rôles principaux à sa femme et à leurs deux filles, en s’octroyant au passage le plus sympathique des alter ego en la personne de Paul Rudd.
Jusqu’ici, à l’exception de Ben dans En cloque, mode d’emploi, tous les personnages masculins imaginés par Apatow avaient atteint cette fatidique quarantaine. Après Steve Carrel dans 40 ans, toujours puceau et Adam Sandler dans Funny People, le réalisateur mettait à nouveau son sens aigu de l’observation au service de ces deux quadra coincés entre deux âges.
Dix ans plus tard, le réalisateur désormais âgé de 54 ans a annoncé travaillé sur This Is 50, le troisième volet de son exploration du couple fictionnel Rudd-Mann.
#3. The King of Staten Island (2020)
Si le “King of Comedy” a su prouver l’étendue de son talent lorsqu’il s’agit de tourner ses névroses en dérision, il ne boude pas son plaisir pour raconter celles des autres. Dans The King of Staten Island, Apatow est revenu à la recette grâce à laquelle il a fait ses preuves, à savoir révéler une future star de l’humour par un rôle d’adulescent semi-autobiographique.
Pour son sixième long-métrage, il a jeté son dévolu sur Pete Davidson, l’un des plus jeunes comédiens du Saturday Night Live, et imagine “la vie qu’il aurait eue s’il n’avait pas découvert le stand-up” au travers d’un anti-héros peu flatteur. Pete est donc Scott, un aspirant artiste tatoueur vivant avec sa mère à Staten Island, qui voit le traumatisme de la mort de son père, pompier décédé dans l’exercice de ses fonctions, ranimé lorsque cette dernière entamera une nouvelle relation avec un pompier.
Une réalisation plus aboutie, une BO soignée et d’excellents acteurs secondaires qui, pour la première fois, tentent de tirer notre héros vers le haut (Marisa Tomei, Bill Burr et Bel Powley, parfaits) font de The King of Staten Island un film à part dans la filmographie du réalisateur. Surtout, on a aimé être véritablement ému devant cette comédie apatow-esque.
#2. Funny People (2009)
Avec ce troisième long-métrage, Judd Apatow rompait avec ses sympathiques losers inadaptés qui finissaient par rentrer dans le rang, en perdant leur virginité ou en se mettant en couple avec la femme qu’ils ont mise enceinte. Dans Funny People, Adam Sandler, ancien coloc d’Apatow, endosse le rôle de non-composition de George Simmons, un acteur de comédies nanardesques égocentrique et antipathique, subitement atteint d’une leucémie.
Pour la première fois, le réalisateur abordera frontalement le sujet de la maladie et de la mort, avec, en creux, une passionnante réflexion sur le métier de comédien qu’il connaît bien. Ici, pas d’happy end mais une question qui traverse tout le film : que reste-t-il d’un humoriste lorsque les épreuves personnelles l’empêchent d’être drôle ? Funny People est une vraie réussite douce-amère du gourou de la comédie.
#1. 40 ans, toujours puceau (2005)
Coup d’essai et coup de maître : c’est à 40 ans, toujours puceau que revient la première place de ce classement laborieux. Le premier long-métrage de Judd Apatow – le seul véritablement connu en France – posait la première pierre de sa réflexion passionnante et très personnelle sur la difficulté à grandir, qui traversera son corpus cinématographique très cohérent.
Dans 40 ans, toujours puceau, il révélait au grand public ses freaks et geeks adorés, ceux qui formeront sa fidèle bande de collaborateurs. Surtout, il popularisait l’immense Steve Carrell avant qu’il ne devienne l’inoubliable Michael Scott de The Office, prouvant, comme il n’a eu de cesse de le faire depuis, qu’il est avant tout un véritable catalyseur de talents.
Avec ce timide vendeur d’électroménager qui n’a pas encore goûté aux plaisirs de la chair et ses collègues oppressants aux conseils absurdes, Apatow tournait en dérision l’imbécillité des injonctions virilistes dans des scènes qui demeureront les plus cultes de toute sa filmographie.