Damso : “Dans l’industrie musicale aujourd’hui, on tue des artistes”

Publié le par Joséphine de Rubercy,

Le rappeur s’est confié au Guardian, dans une interview où il souligne comment le milieu de la musique est devenu un business.

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Encore largement bercé par le succès de son dernier album QALF, Damso a accordé une interview au journal britannique The Guardian, s’adressant pour la première fois au public anglophone. Un entretien profond et terre à terre, dans lequel l’artiste belge se confie sur sa jeunesse, du Congo à la Belgique, sa carrière programmée depuis le début, sa vision de la vie, de la mort et de l’amour, sa position d’artiste et sa recherche de paix intérieure.
Au fil de l’interview, Damso – William Kalubi de son vrai nom – se remémore son enfance à Kinshasa, au Congo. Il raconte avoir grandi pendant une guerre civile, obligé de se cacher des rebelles : C’était comme un jeu”, dit-il. “Vous pouviez fêter un anniversaire dans la journée et, le soir, entendre des tirs. C’était comme ça, pendant longtemps, c’était devenu une sorte de jeu. Mais il y avait des cadavres, donc c’était un jeu étrange.” Le rappeur évoque ensuite la fuite de sa famille vers la Belgique, où il arrive à l’âge de 10 ans. “Il y avait des gens sympas, il y avait des racistes, mais tout était totalement différent, même dans la façon dont les gens s’exprimaient”, déclare-t-il.
C’est en commençant des études de psychologie que le jeune homme qu’il était à l’époque se rend compte que la vie d’artiste l’attire plus qu’autre chose. “La vie qu’on m’offrait ne me parlait pas : me réveiller à huit heures du matin, rentrer à la maison à cinq heures ou plus tard, et attendre la retraiteJ’ai donc fait un plan sur dix ans pour réussir, puis je partirai”, a-t-il conclu.

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Une carrière dans la musique programmée sur dix ans, ou rien

C’est un plan de carrière bien précis que Damso se promet d’atteindre, à l’époque où il n’a encore que 20 ans. Mais à ce moment-là, ses parents ne cautionnent pas du tout cette idée et le virent de chez eux. Pour eux, c’était absurde”, témoigne l’interprète de “911”, “Alors j’ai dû vivre dans la rue pendant six mois. J’ai juste continué avec le plan : j’ai écrit, j’ai signé sur un label, j’ai fait mon premier projet, puis le deuxième album, le troisième, le quatrième.” Damso connaissait tous les titres de ses albums avant même d’avoir commencé sa carrière, explique-t-il au Guardian. Il affirme aujourd’hui que son succès a dépassé ses espérances, comme en témoignent ses quatre albums, tous certifiés disques de platine. Mais depuis QALF, le rappeur sort désormais sa musique en indépendant :

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“C’est un peu une bataille, car on a l’impression que dans l’industrie musicale aujourd’hui, on tue les artistes, dans le sens où il faut toujours trouver une idée qui va faire le buzz, ce qui met un frein à la créativité.”

Voilà pourquoi Damso et la musique, ce sera dix ans, et pas plus. Et la fin arrive vite. Sa carrière ayant commencé en 2012, elle devrait donc se terminer en 2022. Il ne resterait donc que quelques mois au Bruxellois pour sortir la fin de sa discographie. Ou en tout cas, pour la partager avec l’industrie musicale. Parce qu’il ne compte pas pour autant arrêter de faire de la musique.
Ce qu’il souhaite, c’est partir vivre dans un camping-car, équipé de matos d’enregistrement dont il se servirait comme studio et où il enregistrerait ses sons quand et comme il veut, loin de la cohue du monde extérieur et de l’influence de l’industrie. Cela pourrait être en Islande, en Irlande ou même dans une forêt, évoque-t-il au Guardian. “Pour moi, il s’agit de faire de la musique pour moi-même. Je pourrais dormir paisiblement avec tout ce dont j’ai besoin pour faire du son.” assure-t-il, paisible.

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L’amour, la vie et la paix intérieure surtout

La paix, c’est ce que recherche aujourd’hui notre rappeur, plus près de la sagesse et de la maturité qu’à ses débuts. Car il a changé et il en a conscience. Et ça se ressent quand il parle de la vie, de l’amour. L’amour “ne me rend pas mal à l’aise, mais c’est un sentiment dur à comprendre”, livre-t-il. “C’est comme la vie, on a tendance à comprendre l’amour à la fin. Les personnes âgées comprennent mieux ce sentiment que les jeunes, parce qu’ils ont mieux compris la vie. L’amour, c’est la vie et vice versa. Avant, si je sortais avec une femme avec qui j’avais une alchimie sexuelle, c’était simplement du désir, pour moi l’amour c’est construire un avenir ensemble.” Avant d’ajouter : “Quand on s’aime, on a le courage de faire les choses, on est libéré de nos peurs.” Alors qu’il vient de sortir de clip de son morceau “911”, l’histoire d’un gangster tombé love, révélant une part plus douce de l’artiste, Damso semble aujourd’hui en harmonie avec ses sentiments.
“C’était très difficile pendant un moment”, confesse-t-il, “et c’est seulement depuis ces derniers mois, même pas un an, que je peux dire que je suis en phase avec moi-même… Je ne voyais jamais le bon côté des choses. J’avais une vision pervertie du monde qui gâchait chaque expérience que je vivais.” Il sait que son côté sombre ne le quittera jamais : “Il fait partie de moi, il ne me dérange plus, j’ai appris à vivre avec pour vivre mieux.” Car à présent, Damso suit le chemin de la paix intérieure : “Si je veux partir et m’en aller, je m’en irai, juste moi et ma musique, paisiblement.”