Dune 2, c’est quoi ?
On se doute que si vous avez cliqué sur le lien de cet article, c’est que vous avez a minima vu (voire aimé ?) le premier volet de la saga de science-fiction initiée par Denis Villeneuve. Cela étant dit, peut-être qu’un petit rappel des faits et du projet est nécessaire.
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Adaptation du bouquin culte, jugé inadaptable, de Frank Herbert, Dune raconte les tensions entre de grandes familles sur le contrôle de planètes. D’un côté, les Atréides, de l’autre, les Harkonnen. Le tout dirigé par un Empereur, qui place ses pions. Notamment sur Arrakis, planète où est extraite l’épice, ressource indispensable pour le voyage interstellaire. Après un coup d’État, les Harkonnen massacrent les Atréides fraîchement débarqués sur la planète de sable, poussant Paul, le fils Atréides, et sa mère Jessica à s’exiler dans les terres reculées, au fin fond des dunes, où vit le peuple des autochtones, les Fremen.
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C’était là que s’arrêtait le premier film de Denis Villeneuve, qui correspond à la moitié du bouquin. Un premier film dense, introductif d’un univers et de ses enjeux géopolitiques. Le deuxième se devait être le cœur du récit et d’une potentielle trilogie, en racontant comment Paul, perçu comme étant le messie qui libérera les Fremen de la domination d’autres peuples sur Arrakis, va s’intégrer dans sa nouvelle famille adoptive et comment la résistance prendra forme.
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Pourquoi c’est bien ?
L’un des nombreux paris de cette deuxième partie, en tout cas le plus grand, concernait l’évolution du personnage de Paul. Ceux qui ont lu les bouquins savent. Ils savent que Paul n’est pas le héros que la première moitié laisse deviner. Il est un homme perturbé, conduit par la tragédie, qui veut se venger et qui a une violence chez lui qui devra sortir un jour. Il est aussi, et surtout, quelqu’un qui ne pense pas être le Muad’Dib espéré par les Fremen, cette figure messiaque. Il ne le pense pas, mais il finira par se prêter au jeu, quitte à vriller.
On n’en dira pas plus, pour laisser à tout un chacun la surprise de la découverte de ce deuxième volet, mais l’un des très grandes forces est l’écriture de ce volet. Sur le plan artistique, c’est la toute même splendeur que le premier, logiquement. On continue de s’émerveiller, notamment sur tout ce qui touche de près ou de loin à la culture Fremen que Denis Villeneuve voulait sublimer à tout prix. Mais sur l’écriture, le film détonne en tout point.
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Il était si prévisible d’imaginer que la Warner n’accepterait pas que Paul devienne autre chose que le grand héros promis dans le premier volet, porté par l’un des jeunes acteurs les plus hype du moment. Et pourtant, Villeneuve y va et assume l’écriture énervée d’Herbert, qui devrait être plus virulente encore dans un troisième volet qui adapterait Le Messie de Dune.
On doit être honnêtes : dans un contexte sociopolitique qu’est celui du monde en 2024, tout ne peut pas être trop proche du texte. Notamment la notion de jihad, ultra-présente dans le bouquin et totalement inexistante ici. Difficile de le reprocher à Villeneuve, qui, à la place, cite la notion de génocide. Qu’un peuple colonisé comme les Fremen, qui résiste aux colons venus exploiter ses ressources, tandis qu’un allié craint un génocide (Paul a pour visions que s’il accepte d’être le messie en lequel ils croient, il sera responsable d’un génocide), dans le contexte actuel, est particulièrement puissant.
Dune n’est pas que politique, il est aussi un grand spectacle qui met à l’amende 99 % des blockbusters actuels, sublime de bout en bout, porté par un casting parfait qui sait laisser la place à l’émotion et à la sensation de vertige quand c’est nécessaire. Mais difficile de ne pas être impressionné par ce que le long-métrage raconte et là où il va piocher. Si certains verront dans la figure de Paul un rappel à celle d’Anakin Skywalker (il est évident que Lucas avait été inspiré par le livre d’Herbert sur ce plan-là), d’autres voient dans la saga une œuvre proche de Ridley Scott sur le fond et du pur Villeneuve sur la forme.
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Alors, oui, il est la parfaite suite du premier. Ceux qui n’ont pas aimé ce dernier n’apprécieront qu’assez peu de retrouver les partitions d’Hans Zimmer, le style que certains considèrent purement esthétique, le jeu de Chalamet et Zendaya (pas sûr qu’ils apprécient la partition de Butler). Mais ceux qui ont trouvé l’entreprise fascinante seront sous le charme d’un film peut-être plus maîtrisé, plus dense et plus puissant, moins programmatique et plus humain.
On retient quoi ?
- L’acteur qui tire son épingle du jeu : si on sort des évidences Chalamet/Zendaya/Butler, on est ravis de voir que Souheila Yacoub, l’actrice suisse qu’on adore depuis Entre les vagues, a un rôle secondaire franchement important !
- La principale qualité : une puissance d’écriture et une ambition politique dingue, dans un travail visuel sans précédent.
- Le principal défaut : sans doute que le dernier tiers va trop vite, comme si le studio avait demandé à Villeneuve de condenser le récit parfois… ce qui n’empêche pas à l’histoire de fonctionner.
- Un film que vous aimerez si vous avez aimé : Dune premier du nom, et l’œuvre de Ridley Scott.
- Ça aurait pu s’appeler : Muad’Dib.
- La quote pour résumer le film : “Plus puissant, plus maîtrisé, plus impressionnant que le premier Dune, ce second volet est une véritable leçon pour l’entièreté d’Hollywood.”
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