Le film de Houda Benyamina, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs, déborde d’une énergie et d’un enthousiasme rarement vus au cinéma ces derniers mois.
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Sélectionné à la Quinzaine, accueilli en fanfare à Cannes, lauréat de la Caméra d’or (récompensant le meilleur premier film du Festival), Divines de Houda Benyamina était de retour cette semaine à Paris pour la reprise de la Quinzaine des réalisateurs au Forum des images à Paris (des projections de tous les films de cette sélection cannoise, jusqu’au dimanche 5 juin inclus*).
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Une “rage” convertie en énergie
Présente lors de cette projection avec une partie du casting (mais pas la réalisatrice, encore au travail sur le mixage son), l’actrice principale Oulaya Amamra parle d’un film fait “avec le ventre” et une forme de “rage”. Ce ne sont pas des paroles en l’air : Divines impose sa niaque, sa colère et sa joie avec une force implacable, il est traversé d’une énergie telle qu’il est difficile de ne pas se laisser porter. Dès le générique filmé façon vidéo Snapchat – qui établit astucieusement une complicité entre le spectateur et les personnages –, on se sent investi d’une profonde sympathie pour cette histoire.
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Le film suit principalement le duo formé par Dounia (Oulaya Amamra) et Maimouna (Déborah Lukumuena), deux amies frustrées par l’absence de perspectives dans leur cité de banlieue parisienne (on voit passer quelques hommes tout de même, notamment Kevin Mischel en danseur fort troublant). Dounia, en particulier, sent son avenir bloqué par sa famille et les possibilités de carrière qu’on lui propose, et annonce la couleur d’emblée : elle ne se contentera pas d’une place de seconde zone dans la société. Lors d’une excellente scène au début du film, elle tourne ainsi en ridicule la manque d’ambition de sa formatrice de BEP avant de quitter sa salle de classe. Avant de lui promettre qu’elle gagnera un jour plus d’argent que celle-ci n’en a jamais rêvé.
Des idées, des dialogues qui font mouche, partout
Pour s’en sortir, Dounia décide donc de s’imposer à Rebecca (Jisca Kalvanda), l’intimidante dealeuse locale, comme une recrue indispensable à son business – avec Maimouna à ses côtés. Divines tourne entièrement autour de ces trois femmes qui ont compris qu’on ne leur déroulerait jamais le tapis rouge et prennent leur destin en main. C’est un histoire qui parle d’amitié, d’amour, qui parle de la banlieue avec son regard particulier, mais c’est aussi un film féministe dans le sens où il donne une place prépondérante à ses personnages féminins, des personnages positifs, forts et déterminés alors que leur environnement pourrait leur faire perdre l’envie de tout.
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Beaucoup ont retenu le fameux “t’as du clitoris” du film (équivalent de “t’as des couilles”), mais le talent de Houda Benyamina comme dialoguiste ne se résume heureusement pas à quelques répliques qui claquent (certaines saillies sont vraiment brillantes). La plupart des échanges de Divines paraissent d’une justesse troublante, on oublie qu’il y a une caméra dans l’équation et on voit deux vraies personnes en pleine discussion ; les petites phrases riches de sens ne manquent pas, les métaphores à la volée font mouche, et la réalisation regorge d’idées fortes. Si tout ne fonctionne pas parfaitement, pour chaque scène qui marche correctement, on en a deux qui débordent d’inspiration.
Divines est sincèrement drôle, émouvant, et c’est un film qui témoigne d’une envie contagieuse de créer du cinéma. En dépit d’un dénouement peut-être un peu convenu, on s’en souviendra donc clairement comme l’un des films les plus réjouissants de cette année, et le cinéma français devra compter à l’avenir avec sa réalisatrice et son jeune casting.
Divines, de Houda Benyamina (avec Oulaya Amamra, Déborah Lukumuena, Jisca Kalvanda, Kevin Mischel) sortira le 31 août prochain en salles.
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* Il reste quelques séances au Forum des images pour des longs métrages qu’on a vus et dont on peut vous garantir qu’ils sont intéressants : Folles de joie, Two Lovers and a Bear, Ma vie de courgette, Poesía Sin Fin…