Concrètement, comment on construit une attraction à Disneyland ?

Publié le par Arthur Cios,

(© Disneyland Paris)

Les pontes des parcs Disney à travers le monde vous racontent.

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Il n’y a pas que les Jeux olympiques dans la vie. Dans le tourbillon parisien des épreuves sportives qui ont envahi la capitale parisienne, on oublierait presque d’autres événements culturels se déroulent à travers le monde. Par exemple, et toutes proportions gardées bien sûr, la D23 s’est tenue du 9 au 11 août à Los Angeles — à Anaheim, à deux pas du Disneyland californien originel. Le plus grand salon et convention du studio mastodonte, qui se déroule tous les deux ans depuis 2009, mêle stands, boutique, conférence et panel d’annonces.

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C’est dans cet Anaheim Convention Center, rempli de milliers de fans venant du monde entier (réellement), que l’on a pu entendre certains des pontes de Walt Disney Imagineering, le service de direction artistique de création dans les parcs qui cherche à traduire les films dans la vie réelle, que ce soit dans des attractions, des boutiques, des hôtels, croisières et plus encore.

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On avait une question simple : comment on crée, concrètement, des attractions, des zones dédiées à des films ?

Un sens du détail accru

Il y a bien des aspects derrière ce travail titanesque de donner vie à des films animés.

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Pour Michel Den Dulk, designer néerlandais qui bosse pour Disney depuis 2010 et qui est chargé de la zone dédiée à La Reine des neiges à Hong-Kong (et qu’il supervise pour le futur land parisien), cela est passé par un travail méticuleux de détails dans le décor, comme l’ajout d’une fontaine aperçue dans le film, d’une horloge vue dans un court-métrage.

L’immersion passe aussi par le storytelling conté par le land. Ici, le but est d’arriver directement à Arendelle. Les boutiques souvenirs sont censées être les boutiques de jouets des citoyens du village, la taverne, celles où vont les habitants du coin — et même la famille royale. Le concept est le même dans tous les lands. En France, le Avengers Campus est le lieu de ralliement de tous les héros, ce qui explique qu’on mange dans leur cantine, qu’on peut visiter leur atelier et les croiser par hasard au détour d’une balade.

Dans le land Zootopie qui vient d’ouvrir au Shanghai Disneyland, cela passe par encore plus d’éléments. Dustin Schofield raconte sur scène que, pour retranscrire la sensation de mégalopole (puisque l’idée est de recréer un quartier de la ville Zootopie), il fallait dépasser le simple aspect visuel. Il y a là-bas tout un travail sur le son notamment, pour rendre l’atmosphère bondée de la ville, le tout agrémenté de détails non pas issus du film, mais de l’univers — avec des portes minuscules pour les souris, des bancs gigantesques pour les éléphants, des pubs ne s’adressant qu’à certains animaux… Pareil pour le land lié à La Princesse et la Grenouille du Walt Disney World d’Orlando en Floride, où l’univers se développe aussi par les odeurs des cuisines des restaurants du bayou de la Nouvelle-Orléans.

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Ce qui peut aider aussi est de montrer l’envers du décor. Au milieu du Fantasy Springs de Tokyo, cette jungle pas directement rattachée à un film mais à un univers naturel où se mêlent Peter Pan, Elsa et Anna de La Reine des Neiges et Raiponce, on trouve une attraction sur la princesse aux cheveux longs, dont le climax est une certaine séquence dans une barque avec des lanternes flottantes. Pour rendre le l’univers plus crédible, l’idée a été, selon Emily Emo O’Brien, en charge du lieu, de justifier cette présence. Ce n’est donc pas anodin si la zone d’attente pour entrer dans l’attraction est un atelier de fabrication des lanternes, ou que dans la queue des attractions La Reine des Neiges, on voit des photos de famille d’Elsa et Anna, des instruments ou des meubles. Enrichir l’univers du film est l’un des meilleurs moyens de leur donner vie.

(© Disney)

Des années de travail et de préparation

Il y a plusieurs façons de raconter des histoires liées à un film, encore plus concrètes. On peut reproduire une scène (à l’instar de l’univers de Raiponce, comme expliqué plus haut), on peut imaginer des éléments autour des films, mais on peut aussi imaginer la suite dudit film.

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Si on prend le Tiana’s Bayou Adventure à Magic Kingdom (et prochainement au Disneyland d’Anaheim), l’idée a été d’imaginer la suite de La Princesse et la Grenouille, à partir du moment où Tiana est mariée, une princesse, et qu’elle a ouvert son restaurant. Il a donc fallu donc réfléchir aux nouvelles tenues que porterait Tiana la princesse ou Tiana la gérante d’un restaurant. Pour l’attraction, des nouveaux personnages ont même été créés, chacun ayant une back story.

Dans l’attraction Zootopie, le duo de flics maintenant légitime doit pourchasser des criminels ayant kidnappé la star de la chanson Gazelle. Il a fallu imaginer les personnages dans leur nouvelle vie, notamment pour Dawn Bellwether, la méchante brebis du film qui, après son passage en prison, est devenue une espèce de punk à crêtes.

Pour ce faire, il y a plusieurs manières. Déjà, il faut retravailler avec les équipes d’artistes ayant planché sur le film original, car qui dit nouveaux récits dit nouvelles séquences animées — que ça soit dans l’attraction, dans les shows ou ailleurs. Cela veut également dire qu’il faut faire revenir les actrices et acteurs (à l’instar de Tom Holland pour la WEB Adventure parisienne ou le casting de la dernière trilogie Star Wars pour l’attraction Rise of the Resistance à Anaheim), ou les comédiens ayant fait le doublage des personnages.

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Il faut pour ça retravailler le design des personnages, parfois les moderniser et les remodeliser en 3D la plupart du temps. Et puis surtout, il y a le nerf de la guerre : les animatroniques, ceux qui ont fait le charme et qui sont historiquement liés au parc, à la différence près que les évolutions technologiques permettent maintenant d’avoir beaucoup plus de mouvements possibles, avec une fluidité déconcertante, rendant même des personnages non réalistes plus vraie que nature.

Pour les sublimer, il faut réfléchir à la mise en scène aussi. Comment le décor les met en valeur ? Comment les changements d’ambiance vont les mettre au centre ? Un exemple frappant reste l’attraction La Reine des Neiges à Tokyo où au moment où la petite Anna frappe à la porte d’Elsa pour jouer, celle-ci l’envoie bouler. À ce moment précis, le wagon bouge pour voir l’envers de la porte et on découvre Elsa en larmes. Le spectateur devient la caméra et ce qu’on voit devient le film, pour de vrai.

L’exemple du Roi Lion à Paris

Bon, il y a une pléthore d’exemples d’éléments de travail concernant les attractions, mais il nous manque encore quelques éléments plus palpables. Alors on est allés voir Michel den Dulk, car en plus de ce qu’il a raconté au panel, ce dernier est derrière la future zone La Reine des Neiges et celle du Roi lion qui vient d’être annoncée.

“Pour être plus concret, cela met des années à se faire. Ce qu’on fait, c’est qu’on regarde vraiment ce que nos visiteurs aiment. Par exemple, on a réalisé que Le Roi lion était le film le plus populaire en Europe. Sachant qu’aucun parc n’avait d’attraction rattachée à celui-ci, il y a eu plusieurs propositions et il a été décidé par les têtes pensantes qu’on partirait là-dessus.

Il faut ensuite réfléchir à ce qu’on va raconter. Là, en plus de notre équipe d’imagineering, on fait appel aux cinéastes derrière le film original quand on le peut. Ici en l’occurrence, tout le monde autour de la table s’est dit que le film était tellement aimé que les visiteurs auront plus envie de revivre le film que de découvrir une histoire inédite, donc que l’attraction devait raconter le parcours de Simba dans le film. C’est plus facile. Mais on fait quand même appel à eux, notamment pour le design de l’attraction.

Sauf que tout cela doit se faire en cohérence avec le reste du parc. Donc on travaille étroitement avec Disneyland Paris pour que ce soit réellement une extension de ce qui est déjà raconté ici. Donc s’est posée la question de ‘Quel type d’attraction ? Comment va se déplacer le visiteur ?’ Tout cela intervient au tout départ, au même moment.

Sur cette zone-là, en l’occurrence, ce qui va être le plus challengeant pour nous va être de reproduire cette montagne, en rendant la zone immersive et réaliste. Cela va nécessiter beaucoup d’ingénierie. On a bien entendu pris en considération la météo parisienne également, ce qui explique qu’il n’y a qu’un petit segment en extérieur, la plupart de l’attraction sera en intérieur.”