Comment un ministre nous a offert un featuring entre Beyoncé et Stomy Bugsy

Publié le par Pharrell Arot,

Retour sur les Sky Versions, exceptions culturelles de l’âge d’or du rap français.

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1996. Encore loin des années Spotify, les radios font la pluie et le beau temps de l’industrie musicale. Une drôle de loi votée en 1994 entre en vigueur et marque un tournant pour l’expression française, et plus particulièrement pour le rap français. Cette loi, impulsée par le ministre de la Culture de l’époque, Jacques Toubon, c’est celle qui impose aux radios la diffusion d’au moins 40 % de chansons francophones. Si, à l’époque, on imagine un couloir pour les Patrick Bruel et autres piliers de la chanson française, une radio fait un autre pari et se taille la part du lion de ce changement radical. Skyrock.

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S’ensuit l’histoire que l’on connaît. Et si, aujourd’hui, on ne peut objectivement pas donner à la fameuse radio le monopole dans ce qui fait que le rap français est de nos jours le courant musical le plus écouté en France, elle a, à ce moment-là, forgé un âge d’or pour une poignée d’artistes qui auront bientôt l’âge d’être diffusés à leur tour sur Nostalgie. Mais des années Secteur Ä, Sniper et Fonky Family, Skyrock a aussi donné naissance à quelques drôles d’ovnis.

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“They don’t play no game, Skyrock Radio”

Un slogan de pub ? Pas vraiment. C’est carrément le premier couplet chanté par Beyoncé dans le mythique “Say My Name” des Destiny’s Child qui se met à l’heure de la radio. Pourquoi ? Pour une “Sky Version”, un classique de l’époque bricolé en studio comme les artistes de grandes maisons de disques prépareraient aujourd’hui des messages publicitaires pour les réseaux sociaux. Mais en plus d’avoir vu (ou plutôt entendu) le super-groupe de R’n’B transformer (en paroles et en sens) son tube, c’est tout en roucoulement que débarque aussi Stomy Bugsy pour des backs et un couplet tout à lui.

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“Dans les studios de Skyrock c’est Show-L.A.P.I.N., avec le Bu-bu-bugs ce sera jamais la F.I.N”, rappe Stomy dans un couplet méta mi-arrangement de maison de disques, mi-pirouette pour quotas francophones.

Ces Sky Versions, devenues des “gold” toujours diffusées, il n’y en a pas eu que pour les Destiny’s Child. Plus ou moins réussis, ces featurings arrangés par les maisons de disques et les contraintes des diffuseurs en soif d’expression française sont légion à la fin des années 1990. Au point qu’entendre les originaux paraît parfois anachronique pour la génération qui écoute ces morceaux événements en rotation maximum à l’époque. Non disponibles sur les plateformes de streaming, on peut heureusement faire confiance à quelques amateurs du genre et les remercier d’avoir rippé les morceaux afin de les uploader sur YouTube. Notre préféré de l’époque ? Sans aucun doute le duo “So Good” entre Davina et Ärsenik. Tchhi tchhhi.

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