Comment des peintres du XVIIIe siècle ont aidé la science en peignant des bulles de savon

Publié le par Julie Morvan,

© Édouard Manet/Musée Calouste-Gulbenkian, Lisbonne

Tout ça sans faire exprès.

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Si on avait dit aux peintres Chardin et Manet que leurs tableaux dépeignant des enfants s’amusant à faire des bulles de savon allaient inspirer des physicien·ne·s du XXIe siècle, ils n’y auraient pas cru. Et pourtant, dans une étude sur la croissance instable des bulles formées à partir d’une construction publiée par l’université Grenoble Alpes le 22 mai dernier dans la revue scientifique Physical Review Fluids, ce sont bien les œuvres Bulles de savon réalisées par Chardin, Manet ou Bail qui sont évoquées dès l’introduction.

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Eh oui, on ne dirait pas, mais la physique des bulles de savon est un sujet très sérieux qui passionne les scientifiques depuis plusieurs siècles. Dès 1672, elles intriguaient déjà Robert Hooke, rapporte Ars Technica. Couleur, reflets, taille parfaitement ronde, surface… Bon, mais c’est quoi le rapport avec nos peintres ? Sans le savoir, ils ont réussi à capturer dans leurs œuvres un élément primordial de la formation des bulles de savon.

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Jean Siméon Chardin, Bulles de savon, 1734. (© Metropolitan Museum of Art, New York)

Dans les deux tableaux Bulles de savon de Manet et Chardin, un enfant ou un jeune homme souffle dans une paille pour former… une bulle de savon. Et leur point commun, c’est que la bulle ne s’envole pas aussitôt formée, elle reste au contraire tristement pendue à l’orifice de la paille. Un phénomène qui a intrigué Marc Grosjean et Élise Lorenceau, scientifiques de l’université Grenoble Alpes.

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Ces dernier·ère·s se sont donc inspiré·e·s de ces observations pour mener leur propre expérience et enfin comprendre comment créer la bulle de savon parfaite en soufflant dans un tube. Résultat : la formation de la bubulle repose avant tout sur le volume du réservoir d’air utilisé. Grosjean et Lorenceau en ont même tiré un modèle analytique pour prédire la dynamique de croissance et la taille finale de la bulle.

Ce n’est pas la première fois que des scientifiques français·es s’attaquent à ce sujet. En 2016, une étude de l’université de Rennes avait déjà conclu que les bulles ne se formaient qu’à partir d’une certaine vitesse et donc d’une certaine taille de souffle. L’année dernière, l’université de Lille a même battu un record en maintenant intacte une bulle de savon pendant… 465 jours. Mais pourquoi les Français·es sont donc aussi obsédé·e·s par les bulles de savon ? Ça, c’est un autre sujet dont la science s’emparera peut-être elle aussi un jour.

Édouard Manet, Les Bulles de savon, 1867. (© Musée Calouste-Gulbenkian, Lisbonne)

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