Une militante écologiste qui avait collé une affiche sur un tableau de Monet, au musée d’Orsay samedi, a été remise en liberté lundi par le tribunal correctionnel de Paris en prévision de son jugement le 2 juillet. Cette militante de 22 ans était présentée devant le tribunal en comparution immédiate pour dégradation volontaire d’un bien culturel, au terme de deux jours de garde à vue.
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Elle a demandé un délai pour préparer sa défense. En attendant, elle est soumise à un contrôle judiciaire avec obligation de résider chez ses parents, en banlieue de Rouen, et de se présenter au commissariat chaque semaine. Le tribunal a relevé en audience publique une multitude de procédures pour des faits semblables depuis novembre 2022. La prévenue a ainsi été condamnée à deux mois de prison avec sursis pour avoir refusé un prélèvement de son ADN.
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Elle attend des jugements en appel pour des dégradations de biens, des entraves à la circulation et l’organisation de manifestations non autorisées. Pour cette dégradation des Coquelicots de Claude Monet, elle risque dix ans de prison. Le musée d’Orsay, qui s’est porté partie civile, a évalué son préjudice, de manière préliminaire, à 27 000 euros, en raison du travail pour décoller l’affiche de la vitre protectrice et des deux heures de fermeture.
“Je ne m’attendais pas à risquer d’aller en prison […]. J’ai peur”, a déclaré la prévenue devant le tribunal. Elle a dénoncé les “plus de cinquante heures” depuis lesquelles elle était entre les mains de la police et de la justice. La jeune femme est sans emploi ni ressources depuis qu’une condamnation lui a fait perdre son travail d’animatrice jeunesse. Elle est hébergée dans le Val-de-Marne par un ami.
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Son avocat a plaidé en vain pour un nouveau contrôle judiciaire, lançant à sa cliente qui se dit prête à vivre chez ses parents : “Vous semblez vouloir vous mettre au vert.” “Elle ne souhaite pas porter atteinte à l’art, porter atteinte aux biens. Elle souhaite mettre au centre du débat certaines questions”, a-t-il plaidé. Le ministère public avait requis la mise en détention provisoire. “Dans ce dossier il y a un risque majeur de renouvellement de l’infraction”, a estimé la procureure, en évoquant un “troisième déferrement” et “deux contrôles judiciaires”.
“On s’interroge sur votre rapport au respect de la loi”, a souligné la présidente du tribunal. Elle a relevé qu’après une condamnation précédente, une amende de 500 euros n’avait pas encore été payée, et qu’un stage de citoyenneté restait à faire. À la prévenue qui affirmait : “Tout ce que j’ai fait, c’est dans le cadre de la liberté d’expression”, cette présidente a répliqué : “Oui, mais la liberté d’expression s’arrête là où commence une infraction.”
La prévenue milite au mouvement Riposte Alimentaire (anciennement Dernière Rénovation), qui défend une alimentation durable et multiplie depuis plusieurs mois les actions contre des œuvres d’art. Il a revendiqué un jet de soupe sur la vitre qui protège La Joconde au Louvre en janvier, puis contre le tableau Le Printemps de Monet au musée des Beaux-Arts de Lyon en février, avant de coller des affichettes à côté de La Liberté guidant le peuple d’Eugène Delacroix au Louvre. Sur X/Twitter, la ministre de la Culture Rachida Dati a annoncé saisir “le ministre de la Justice pour une politique pénale adaptée à cette nouvelle forme de délinquance”.
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