ChatGPT serait-il de gauche ? On a demandé à l’IA d’organiser la meilleure expo de l’année à notre place

Inspirées par l’idée de plusieurs musées (le Nasher Museum ou le Whitney, par exemple) ayant demandé aux intelligences artificielles de gérer la curation d’une de leurs expositions, on s’est demandé comment ChatGPT pouvait nous aider à imaginer “la meilleure exposition de 2023” en France. Artistes, muséographie, financements… On pensait être déçues mais, franchement, c’est plutôt pas mal.

Évidemment, on a dû aiguiller l’intelligence artificielle qui nous proposait “simplement” un plan d’action en dix points “à personnaliser en fonction de notre objectif spécifique et du public visé” lorsqu’on lui demandait d’organiser la meilleure expo de l’année : “Définir l’objectif de l’exposition”, “Choisir un thème”, “Budget et financement”, “Localisation et logistique”, “Sélectionner les exposants”, “Promouvoir l’exposition”, “Programmation et événements spéciaux”, “Assurer une expérience visiteur exceptionnelle”, “Gérer l’exposition”, “Évaluation post-événement”.

Dans la droite ligne éditoriale de ce qu’on essaie de vous proposer au sein de notre bien-aimée rubrique Arts, nous avons expliqué à ChatGPT vouloir cibler “un public jeune et dynamique” et montrer “des œuvres qui racontent le monde et la France d’aujourd’hui créées par des artistes modernes aux profils diversifiés et paritaires”.

Super enthousiaste, l’IA nous a répondu que la tâche était “passionnante”, avant de présenter son idée d’exposition intitulée “Reflets Modernes : L’Art Contemporain en France 2023” qui “vise à explorer la diversité artistique contemporaine en France, en mettant en lumière les préoccupations, les visions et les expériences de la nouvelle génération d’artistes. Cette exposition propose un voyage visuel à travers la France d’aujourd’hui, reflétant ses complexités, ses contrastes et ses évolutions”.

Hop ! on a notre texte introductif : “L’exposition présentera une variété d’œuvres d’art, notamment la peinture, la sculpture, la photographie, l’art numérique, la performance et l’installation. Les artistes sélectionnés proviendront de milieux culturels diversifiés et représenteront la parité entre les genres.”

Selon l’algorithme, l’exposition devrait s’organiser autour de cinq axes principaux : “Identité et Migration”, “Technologie et Futur”, “Engagement Social”, “Urbanisme et Espaces Publics” et “Héritage Culturel”. Afin d’explorer ces thèmes, ChatGPT me propose de contacter les artistes suivant·e·s : JR, Camille Henrot, Kader Attia, Marine Hugonnier, C215 (Christian Guémy), Mona Hatoum, Adel Abdessemed, Laure Prouvost, Etel Adnan, Vincent Olinet et Aya Cissoko.

Ça tombe bien, on a écrit sur la plupart de ces artistes ici, on sait dans quoi on s’embarque. Leurs réflexions artistiques s’intéressent à des questions de mémoire, d’identités, de migration, de technologie, d’archives ou encore de colonialisme. Ça tombe bien (bis), ce sont des sujets sur lesquels on écrit beaucoup ici. ChatGPT serait-il… de gauche ? Ou, tel Emmanuel Macron en 2016, fait-il bien semblant de l’être ?

Bon, nous sommes enthousiastes mais, on ne va pas se mentir, on lui a quand même bien mâché le travail. En essayant d’être moins précises et de laisser le champ davantage libre à l’IA, les réponses récoltées étaient trop générales, davantage organisationnelles et peu réalisables. Sa première liste d’artistes proposait par exemple Ai Weiwei, Yayoi Kusama et Jeff Koons pour l’art contemporain ; Pablo Picasso, Frida Kahlo et Salvador Dalí pour l’art moderne ; Annie Leibovitz, Sebastião Salgado et Cindy Sherman pour la photographie.

Alors, effectivement, on casse tout avec un tel casting, mais il semble bien peu probable de pouvoir exposer ne serait-ce qu’une seule des œuvres de ces artistes quand on n’est ni millionnaires ni intégré·e·s à l’élite de l’art contemporain. De plus, les noms ne sont pas très révolutionnaires, ils représentent simplement les plus cotés de l’art actuellement.

Tout comme l’équipe du Nasher Museum of Art à la Duke University, on n’a pas été déçues, mais on ne sort pas non plus complètement époustouflées par l’expérience. Les propositions de ChatGPT sont fondées et à notre goût, mais ses conseils restent assez banals. On peut s’appuyer sur ses bases mais, pour organiser la meilleure exposition de l’année, il va falloir retrousser ses manches et se mettre au travail. Et que ça saute !

Oui, on dit “Bonjour” et “S’il te plaît” aux robots ici, parce qu’on a peur de leur domination mondiale et que nos mères nous tueraient si on n’était pas polies avec autrui.