En 1955, le monde découvrait Maggie, Brick et Big Daddy dans La Chatte sur un toit brûlant. Signée du dramaturge états-unien Tennessee Williams, la pièce de théâtre met en scène une intrigue sur fond de mensonge familial avant d’être adaptée au cinéma par Richard Brooks en 1958, avec Elizabeth Taylor dans le rôle de Maggie. Le chorégraphe Trajal Harrell dévoile à La Villette parisienne son œuvre Maggie the Cat, une performance largement inspirée de ce drame, qui fusionne voguing, mode et tragédie.
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“Le voguing, duquel j’ai beaucoup appris, n’est plus aussi underground à partir du moment où il est visible dans des séries TV et que des shows sont organisés dans toutes les capitales européennes. Et a contrario, la post-modern dance reste peu connue au-delà d’un certain cercle. Finalement, je crois pouvoir dire que je m’intéresse à l’histoire qui n’a pas été écrite. À partir de ça, vous découvrez ce qui n’est pas visible, qui est resté souterrain”, détaille le chorégraphe états-unien installé à Zurich au Festival d’Automne.
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Si vous avez vu la pièce de Tennessee Williams, ne vous attendez pas à une simple réplique contemporaine. Les personnages de son œuvre et le Mississippi sont effectivement présents dans Maggie the Cat, mais Trajal Harrell – qui incarne lui-même Big Mama, en robe de chambre – déplace le regard du public vers les domestiques africain·e·s-américain·e·s de la plantation. Empruntant à la danse urbaine et à la danse post-moderne, le chorégraphe transforme la maison abandonnée de Maggie en véritable catwalk où les interprètes se succèdent et piochent dans les textiles et accessoires du quotidien pour se vêtir.
Maggie, première femme d’une trilogie dansée
Sur scène, les danseur·se·s défilent avec un coussin en guise de sac, marchent sur la pointe des pieds imitant de hauts escarpins, tantôt apprêté·e·s, provocant·e·s ou défiant·e·s. Les performeur·se·s incarnent tour à tour le personnage de Maggie de manière élégante, subtile et complexe, tout en laissant une empreinte visible de leur passage au sol, matérialisé par une peinture brune.
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Sur une bande-son oscillant entre pop, électro et musique classique, Trajal Harrell aborde des questions liées au pouvoir, à l’inclusion, aux sexualités ou encore aux genres. Cette performance fascinante, explosive et résolument queer s’inscrit dans une trilogie intitulée Porca Miseria. Commandée par le Manchester International Festival, celle-ci met en lumière les parcours de trois femmes fortes issues de la littérature et de l’Histoire : Maggie the Cat en est la première partie, et est suivie de Deathbed puis de O Medea.
Maggie the Cat de Trajal Harrell sera à voir à la Grande Halle de La Villette, à Paris, du 14 au 16 décembre 2023.
Konbini, partenaire de La Villette.
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