C’est quoi ce docu-série complotiste en home de Netflix (et que vient faire Keanu Reeves dans ce bourbier) ?

Publié le par Delphine Rivet,

© Netflix

À l’aube de notre histoire revient pour une saison 2 et avance toujours des théories fumeuses et conspirationnistes.

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Dans la série documentaire Netflix À l’aube de notre histoire, le journaliste Graham Hancock en est persuadé : contre toutes les expertises validées par la communauté scientifique, il soutient qu’une civilisation hyper avancée aurait vécu à la fin de l’ère glaciaire, aurait parcouru le globe, avant d’être exterminée par un cataclysme. L’humanité serait ensuite repartie de zéro. Il parcourt ainsi le continent américain, en quête du moindre signe qui viendrait confirmer ses convictions.

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Une certitude chevillée au corps et qu’il s’échine à vouloir démontrer à coups de “preuves” qui n’en sont pas et d’intuitions qui lui sont très personnelles, le tout en se fiant à des mythes rapportés oralement par des peuples autochtones des quatre coins du monde et auxquels il prête un lien de parenté qui n’existe que dans son imagination. Mais si une légende raconte qu’un mystérieux étranger est venu de la mer pour apprendre aux Incas comment construire les pyramides, c’est sûrement vrai… Spoiler : non, ce n’est pas comme ça que l’archéologie et l’anthropologie fonctionnent.

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La saison 2 de cette série documentaire, qui porte le nom bien plus spectaculaire et révélateur en vo de Ancient Apocalypse, déclenche les mêmes signaux d’alerte que la précédente chez les observateurs des mouvances complotistes. Vue de l’extérieur, elle a pourtant tous les atours d’un documentaire classique, multipliant les intervenant·e·s, dont on peut parfois douter de la fiabilité de leur expertise.

Le pire rôle de Keanu Reeves

C’est ainsi, contre toute attente, que l’acteur de Matrix et John Wick Keanu Reeves fait plusieurs apparitions, planté là au bord d’une falaise, acquiesçant à chaque vague élucubration de Graham Hancock. Il n’est pas un expert en archéologie, n’a visiblement même jamais étudié le sujet, n’apporte rien pour corroborer les théories conspirationnistes du journaliste, on ne sait toujours pas ce qu’il fout là, mais il a l’air heureux de servir de réceptacle aux laïus insipides de son interlocuteur.

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Quand Graham Hancock lui dit “Les mythes de l’humanité sont les banques de mémoires de notre espèce”, l’acteur lui renvoie la balle en déclarant “On sait que la tradition orale est très puissante pour communiquer l’Histoire”. Bonnet blanc, blanc bonnet. On dirait une mauvaise parodie de la saison 1 de True Detective, dans laquelle Rust Cohle et Martin Hart feraient une joute philosophique niveau collège.

Si le complotisme a toujours existé, l’accès et le partage que permettent les réseaux sociaux et le streaming ont grandement facilité sa propagation cette dernière décennie. Les théories de Graham Hancock peuvent d’abord prêter à sourire, mais leur présence en homepage de Netflix, qui leur offre une visibilité inespérée, est inquiétante.

L’excellente émission Complorama, produite par France Info, est justement revenue récemment sur le phénomène Ancient Apocalypse. Les deux spécialistes des mouvances complotistes, Tristan Mendès France et Rudy Reichstadt, connaissent bien les mécaniques séduisantes de ce genre de documentaires pseudo-scientifiques.

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Comme le rappelle la présentatrice Pauline Pennanec’h, la saison 1 d’À l’aube de notre histoire avait cartonné sur Netflix, au grand dam de la communauté scientifique qui s’insurge contre cette “désinformation, ce vide, ces théories non fondées”.

Si vous souhaitez malgré tout regarder cette série, quitte à vous provoquer des migraines ophtalmiques à force de lever les yeux au ciel de dépit, on ne peut que vous conseiller de regarder d’abord ce numéro éclairant de Complorama, qui vous donnera les clés, le regard critique et la distance nécessaires pour ne pas vous faire embobiner.

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