C’est quoi Bottoms, le teen movie queer qui mérite toute notre attention ?

Publié le par Manon Marcillat,

Succès inattendu dans les salles américaines, la teen comédie d’Emma Seligman débarque aujourd’hui sur Amazon Prime Video.

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Dans notre radar – et celui d’une certaine frange du Twitter cinéma — depuis plusieurs mois, Bottoms confirme actuellement son immense potentiel outre-Atlantique et son statut de “sleeper” officiel de l’été. Sortie limitée dans les salles américaines mais succès inattendu au box-office, la comédie lesbienne d’Emma Seligman a dépassé les 12 millions de dollars de recettes en salle. En France, le film est malheureusement destiné à une sortie plus confidentielle sur Amazon Prime Video. Pourtant, il mérite toute notre attention.

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Derrière le malaise, The Idol fait briller la coolissime Rachel Sennott

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Fruit de l’amitié et de la collaboration entre la jeune réalisatrice canadienne Emma Seligman et son amie, coscénariste et muse la coolissime Rachel Sennott, Bottoms est dans leur cœur et leur cerveau depuis plus de six ans. Entre-temps, elles tourneront ensemble le court-métrage Shiva Baby, transformé en 2020 en long-métrage du même nom.

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La réalisatrice y enferme son héroïne et désormais amie dans un huis clos claustrophobique le temps d’une réunion de famille juive très inquiète pour son avenir amoureux et professionnel ou ses prétendus troubles alimentaires. Rachel Sennott s’y révèle extrêmement convaincante en jeune femme à peine adulte au bord de la crise de nerfs, portant sur ses épaules le poids de toutes les angoisses générationnelles, à mi-chemin entre la suffisance de Lena Dunham dans Girls et l’énergie anxieuse de Bel Powley.

Ensemble, elles finiront finalement par accoucher de Bottoms et resteront fidèles à leur invraisemblable postulat imaginé alors qu’elles n’avaient que 22 ans, non sans avoir embarqué à bord de cette teen comedy des plus absurdes leur amie Ayo Edebiri, révélation de la série événement The Bear où elle excelle en commis de cuisine admirative et autoritaire. Leur projet sera également coproduit par Elizabeth Banks, qui a récemment eu l’audace de porter à l’écran l’histoire d’un ours cocaïnomane avec le plus grand des sérieux. La messe est donc dite.

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Les deux actrices y incarnent ce fameux “bottom”, soit deux lycéennes “lesbiennes, moches et sans talent” – selon le proviseur de leur lycée, qui pose immédiatement les bases du postulat totalement surréaliste du film – mais qui s’assument et dont l’objectif est de perdre leur virginité avant leur entrée à la fac. Un scénario éculé par une kyrielle de teen movies essentiellement masculins, d’American Pie à SuperGrave, parmi lesquels Olivia Wilde a récemment tenté une incartade féminine réussie avec Booksmart.

Dans le viseur de PJ (Sennott) et Josie (Edebiri), deux cheerleaders très belles et très hétérosexuelles – en apparence. Suite à un quiproquo sur leur prétendu été passé en détention juvénile et dans l’espoir d’approcher et de séduire leurs crushs, les deux amies décident de lancer un fight club féminin, dissimulé sous un prétexte de sororité et de self-défense, à l’approche d’une rencontre sportive réputée très violente.

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Surréaliste dès les premières minutes, Bottoms peut alors tout se permettre, même des blagues sur le viol. Avec énormément d’humour et d’insolence et en assumant sa bêtise et sa violence, le film fait voler en éclats les clichés des comédies adolescentes libidineuses en en détournant les canons pour les subvertir à l’extrême.

Ici, on rit avec une jubilation imbécile de la masculinité fragile, dans ce lycée où les quarterbacks ne se déplacent que dans leur uniforme à larges épaules. Leur unique occupation, c’est le football, et on ne doit regarder qu’eux. Ils hurlent de douleur quand on les touche et sont un peu les Ken de Bottoms. Mais on rit aussi – bien que plus jaune – quand PJ, peu qualifiée pour animer des groupes de parole, demande à la volée aux filles de son fight club : “Qui ici a déjà été violée ?”, avant de préciser que “la zone grise, ça compte aussi”. Immédiatement, toutes les mains se lèvent à l’unisson. C’est avec ce genre de numéro d’équilibriste politiquement incorrect que Bottoms appuie et frappe fort là où ça fait mal.

S’il y a malheureusement peu d’espoir pour que le film d’Emma Seligman rencontre un enthousiasme similaire chez nous, planqué au fond du catalogue France d’Amazon Prime Video, on espère que sa réputation le précédera, et que ce cool club continuera de faire valoir sa voix unique et décalée dans le monde encore bien masculin des comédies américaines un brin graveleuses.

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