Célébration des identités et résilience : 8 artistes qui racontent le Brésil d’aujourd’hui et le monde de demain

Publié le par Lise Lanot,

© Laryssa Machada ; © Victor Henrique Fidelis/Nil Gallery & Asfalto

En convoquant l’histoire de l’art brésilienne et leurs expériences intimes et personnelles, 8 artistes brésilien·ne·s racontent leur pays et leurs histoires silenciées.

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Ces huit artistes racontent le Brésil : leur Brésil, celui qui a vu leurs histoires parfois silenciées et leurs identités parfois étouffées. En exposant leur travail en France, Laryssa Machada, Victor Henrique Fidelis, Ian Nes, Lucas Almeida, Bruno Alves, Bianca Foratori, Ana Neves et Raphael Oboé mettent en lumière leur pays et interrogent son rayonnement en même temps que “les débats raciaux, socio-économiques et politiques en cours” au sein des deux pays, souligne la Nil Gallery qui les expose. En rééquilibrant les manquements du passé, les artistes imaginent leur monde futur, “Uma Terra do Futuro”, où les personnes concernées – “qu’elles soient noires, [des peuples premiers], queers ou issues de la classe ouvrière” – trouvent dans l’art le moyen de “(re)définir leurs propres espaces”.

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Plusieurs des séries exposées nous plongent dans des scènes de l’intime, afin de faire exister les transmissions générationnelles à l’épreuve des récits dominants et de célébrer les trésors préservés des liens familiaux, amicaux, amoureux, communautaires. On y voit des réminiscences des écrits de Hannah Arendt, qui affirmait dans sa Condition de l’homme moderne que “la découverte moderne de l’intimité apparaît comme une évasion du monde extérieur, un refuge cherché dans la subjectivité de l’individu, protégé autrefois, abrité par le domaine public”.

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Victor Henrique Fidelis, Batinga, 2024. (© Nil Gallery & Asfalto)

Les photographies des Guerreras de Laryssa Machada mettent en scène un couple de femmes guerrières qui s’enlacent et luttent sur un lit, dans leur foyer, dans le but d’évoquer des souvenirs précoloniaux et de contrer l’idée que les sexualités et affections diverses sont seulement liées à des narrations européennes”. Les personnages de Victor Henrique Fidelis, eux, ne sont pas dans la lutte mais dans le calme : ils profitent de moments du quotidien, dans une esthétique qui s’inscrit “dans la lignée des grands peintres modernistes” du Brésil. Ses scènes présentent “des personnes noires, souvent ses proches, et parfois lui-même”.

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L’histoire de l’art brésilienne est convoquée au fil des œuvres, en témoigne la tradition muraliste présente dans les œuvres d’Ian Nes, qui s’intéresse aux “expériences et événements du quotidien”, les sublime et les fixe, pour ses proches et pour les autres. En célébrant des “histoires profondément personnelles et transformatrices”, ces artistes créent “de nouvelles articulations de la vie en tant qu’être politisé”, décrit la galerie. Des œuvres pour faire rayonner ses identités et célébrer ses communautés tout en rappelant que l’art permet l’immortalité – Hannah Arendt ne pourrait qu’apprécier cette exposition.

Laryssa Machada, série Guerreras, 2023. (© Nil Gallery & Asfalto)
Ian Nes, Estreito é contar os números, 2024. (© Nil Gallery & Asfalto)

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Laryssa Machada, série Guerreras, 2023. (© Nil Gallery & Asfalto)
Victor Henrique Fidelis, Calangos, 2024. (© Nil Gallery & Asfalto)

L’exposition “Uma Terra do Futuro” est visible à la Nil Gallery jusqu’au 27 juillet 2024.

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