Un peintre nigérian est accusé de créer des œuvres véhiculant des images racistes

Publié le par Konbini arts,

© David M. Benett/Getty Images

Un tableau d’Olaolu Slawn s’est vendu pour 31 750 livres Sterling : pourquoi cette nouvelle a tant choqué la Toile ?

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Avertissement : dans cet article, des termes dits par le peintre nigérian Olaolu Slawn sont offensants pour les personnes noires.

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Jeune figure montante de l’art contemporain, Olaolu Slawn est connu pour la statue annuelle des Brit Awards qu’il a conçue en 2023 et pour une première vente réussie, organisée par Sotheby’s en 2022, grâce à son tableau Bobo n Jarrad Go To Church, estimé 7 000 livres Sterling et vendu pour 27 720 (soit environ 32 334 euros). Ce tableau faisait partie d’une collection spéciale dont la curation a été assurée par le rappeur Skepta. Slawn a aussi bénéficié, dans la foulée, d’une exposition à la galerie Elfie de Dubaï.

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Mais Olaolu Slawn a été au centre de l’attention sur les réseaux sociaux ce week-end, suite à la vente récente d’un de ses tableaux pour 31 750 livres Sterling (soit environ 37 029 euros), lors d’enchères organisées par Sotheby’s au Royaume-Uni. Ce n’est pas tant le prix de l’œuvre qui pose problème aux internautes mais plutôt ce qu’elle représente. Dans Les Trois Frères Yoruba, l’artiste montre trois singes nommés Alara, Ajero et Orangun.

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La Toile s’est indignée contre la représentation d’images racistes de personnes afro-descendantes véhiculées par l’œuvre, qui reprend ouvertement, dans son style, les caricatures déshumanisantes d’antan dépeignant des Noir·e·s aux traits de visage exagérés. Dans d’anciens tweets déterrés par les internautes sur X/Twitter, datant de 2022 et 2023, il dit avoir “commencé [sa carrière] en prenant de la cocaïne avec des racistes” et avoir pleinement conscience de peindre “pour les racistes” car son public est majoritairement blanc et occidental.

Pourtant directement concerné par ces discriminations, le peintre nigérian semble insensible, voire provocateur, face aux critiques qui lui sont adressées depuis plusieurs années, tant qu’il ramasse “l’argent des Blancs”. Il semble aimer le scandale puisqu’il lui apporte une certaine visibilité. Sauf que ses tweets vont beaucoup plus loin qu’une posture pseudo-cynique face au monde de l’art, car Les Trois Frères Yoruba est décrit dans le catalogue de la maison d’enchères comme “l’expression” de son identité, rapporte le média nigérian Pulse

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“Je ne suis pas seulement Nigérian. Je suis Yoruba. Ce travail est une expression de mon identité.” Dans l’un de ses tweets, l’artiste vivant aujourd’hui au Royaume-Uni déclare aussi que “le Nigeria est vraiment une région n*gre” et qu’il est en train de “créer une application où les Blancs peuvent payer pour [l’appeler] n*gre de manière anonyme”.

Ces propos sont choquants et offensants pour les personnes noires. “Vous êtes tous des putains d’aimants, vous savez, je vais m’assurer que mon fils et ma petite amie ne connaissent jamais la pauvreté ou la détresse [grâce à la vente de ses œuvres, ndlr], je veillerai à ce que vous, qui priez pour ma chute afin que vous puissiez voyez ma famille souffrir, voyiez [mon succès] tous les jours. Regardez-moi”, a surenchéri Olaolu Slawn. Le peintre semble plus motivé à alimenter la provocation qu’à présenter de plates excuses aux personnes offensées et à expliquer davantage ses toiles.