Il n’y a qu’une seule façon de faire un film, disait Michael Cimino : il faut écrire un scénario et choisir la plus grande star du moment. C’est pour cette raison qu’on a croisé Robert De Niro ou encore Clint Eastwood dans l’œuvre du cinéaste. Au prix du paradoxe, c’est aussi lui qui a révélé Christopher Walken en lui offrant l’un de ses plus beaux rôles dans Voyage au bout de l’enfer alors qu’il était encore un anonyme dans l’industrie mais aussi Meryl Streep, que l’on voit plus brièvement dans ce chef-d’œuvre. Son chef-d’œuvre distingué d’un Oscar en 1979 était le premier d’une longue série à s’intéresser aux conséquences de la guerre du Vietnam.
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Il faut dire que la carrière du regretté Michael Cimino ne compte que six films. Après avoir scénarisé Silent Running en 1972 puis Magnum Force en 1973, le cinéaste passe derrière la caméra pour réaliser Le Canardeur. Déjà, il s’enfonce dans les grands espaces de l’Amérique, dépeignant les limites de sa mélancolie. Allergique au monde qui l’entoure, Michael Cimino ne semble jamais à sa place, refusant d’évoluer avec son temps et de se conformer à l’industrie du cinéma.
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Son plus grand désir pourtant, c’était de réaliser des films. Voyage au bout de l’enfer, La Porte du paradis, L’Année du dragon… Chacun d’eux lui a attiré de virulentes critiques, le taxant tantôt de raciste, d’homophobe ou encore de marxiste de droite. C’est donc un bref mais marquant passage que Michael Cimino aura offert au septième art. C’est un artiste qui n’a jamais pu achever son œuvre, analyse tragiquement Oliver Stone dans God Bless America.
Ce documentaire signé par Jean-Baptiste Thoret tente de dessiner le portrait de cet homme discret au cours d’un road trip. Refusant de parler de son enfance et de son passé, pour éviter les approches autobiographiques, Michael Cimino restera un grand mystère. De sa mort inexpliquée en 2016 aux rumeurs le disant transsexuel – notamment du fait de ses nombreuses opérations de chirurgie esthétique –, les ombres autour de cette personnalité jugée excentrique et solitaire n’ont jamais été éclaircies.
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Jean-Baptiste Thoret opte pour une approche essentiellement cinématographique. S’il faut accepter de ne pas pouvoir cerner ce grand cinéaste, ce portrait illustre combien son œuvre a influencé une génération de cinéastes, dont Quentin Tarantino qui en profite pour donner quelques clés analytiques.
Le documentaire d’Arte est disponible en accès libre jusqu’au 29 juillet prochain.
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