“L’idée, c’est d’être un porte-voix, faire exister des récits et tirer la sonnette d’alarme“. Le porte-voix d’une triste réalité, c’est ce qu’a souhaité devenir Lola Levent en créant début juin le compte Instagram “DIVA”. Son objectif ? Dénoncer le sexisme et les violences sexuelles dans le monde de la musique.
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“À mesure que j’évolue dans cette industrie et dans les médias musicaux, je suis poussée à me poser des questions sur les sujets auxquels touche DIVA, c’est-à-dire le sexisme et les violences sexuelles.”
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Cette jeune journaliste spécialisée dans la musique a travaillé pour un label de chanson française, ainsi que des médias rap et manage une artiste, Lou CRL. Du haut de ses 25 ans, elle a donc déjà fait ses premiers pas dans ce monde également, observant rapidement ces injustices. C’est finalement d’expériences en réflexions personnelles que ce compte Instagram est né.
Son nom, DIVA, est pour Lola un clin d’œil au surnom que se donnent entre elles la mère et les tantes de Will Smith dans Le Prince de bel air : “un moyen de rappeler cette idée de sororité“, raconte-t-elle. Au-delà de cette symbolique, ce nom évoque l’idée même de l’artiste capricieuse, “ce compte permet de s’interroger sur le pourquoi des ‘crises’ que font ces soi-disant divas, pour se demander s’il ne s’agit pas, au contraire, de signaux de détresse“.
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Aucun style musical n’est épargné
Depuis plusieurs années, la parole se libère sur le sexisme et les violences sexuelles dans les métiers de la culture, et particulièrement dans l’industrie cinématographique. Une dénonciation qui a commencé notamment avec l’émergence du mouvement #Metoo en 2017. Parallèlement à tout cela, l’industrie musicale ne semble pas avoir été réellement incriminée. Pourtant, cette question la touche tout autant et la situation pour les femmes est certainement aussi compliquée que dans l’univers du cinéma.
L’an dernier, le fonctionnement de l’industrie musicale avait d’ailleurs été pointé du doigt. Près de 1 000 artistes et autres professionnelles du milieu avaient alors lancé et signé un manifeste dans Télérama pour dire “stop” au sexisme dans ce secteur. Toutes réclamaient alors des “mesures concrètes et nécessaires” pour “garantir l’égalité et la diversité” dans les métiers de la musique. On retrouvait notamment parmi les signataires F.E.M.M. (Femmes Engagées des Métiers de la Musique), des techniciennes, journalistes et artistes de tous horizons. Il faut dire que dans ce milieu, Lola est catégorique, aucun style n’est épargné par cette problématique :
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“Sur l’échelle du sexisme, il n’y a aucune différence entre le monde du rap et de la chanson française par exemple. Tout le monde est logé à la même enseigne”, argue-t-elle.
C’est pour dénoncer cela que la créatrice de DIVA souhaite à présent agir, et initier un mouvement. Informations, ressources et perspectives sont ainsi rapidement devenus les maîtres mots de son initiative.
Une plateforme de relais
À travers son compte Instagram, Lola souhaite avant tout partager des informations relatives à ces questions. Rappels légaux ou données chiffrées, l’objectif est avant tout de mettre en avant une réalité, de façon à ce que chacun puisse en prendre conscience.
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“En bonne petite journaliste que je suis, j’ai voulu créer une plateforme de relais qui me permet, à mesure que moi je me renseigne et trouve des solutions, de redistribuer l’info. Tout ce qui passe à travers le prisme de mon apprentissage atterrit sur DIVA.”
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Comme un porte-voix
Bien sûr, au-delà de la phase d’information, cette dénonciation du sexisme et des violences sexuelles passe nécessairement par des témoignages. C’est en cela que DIVA agit comme un porte-voix. Ce compte veut pouvoir donner la parole aux victimes et témoins de ce sexisme ou de ces violences, des femmes évoluant dans le monde de la musique depuis quelques mois, ou des dizaines d’années.
“Il y a beaucoup d’hommes aujourd’hui qui ne savent même pas que ces témoignages existent, qui n’ont pas pu ou voulu les entendre, ou qui ont fait en sorte qu’on ne les entende pas“, explique la créatrice.
“En quelques semaines d’expérience de DIVA, je réalise que le potentiel d’un mouvement comme #MeToo dans le monde de la musique est réel. La situation est aussi grave que dans n’importe quelle autre industrie et probablement que dans celle du cinéma. Il y a des artistes en jeu, donc on cherche toujours à justifier ces actes d’une manière ou d’une autre, ou à passer sous silence des rapports de domination devenus dangereux même quand ils sont pointés du doigt.”
Pour en arriver à l’ampleur d’un mouvement comme #MeToo, “il faudrait notamment que des noms sortent.” Il faut que les femmes soient prêtes à dénoncer, reste à savoir quelles seront ainsi les perspectives d’un mouvement comme celui qu’est DIVA. Une plateforme de relais qui a pour vocation, à terme, de permettre un passage à l’action, pour aller plus loin et ne pas se contenter de dénoncer ce sexisme et ces formes de violences sexuelles dans l’industrie musicale.