Au cours du Festival de Cannes, Konbini vous fait part de ses coups de cœur ou revient sur les plus gros événements de la sélection.
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Le Deuxième Acte, c’est quoi ?
Quentin Dupieux est un habitué du Festival de Cannes. Après Rubber présenté à la Semaine de la critique, Le Daim montré à la Quinzaine des cinéastes et plus récemment Fumer fait tousser diffusé en Séance de minuit, voilà que c’est le cinéaste qui fait l’ouverture de ce 77e Festival de Cannes.
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Une case casse-gueule, puisqu’il s’agit de lancer les festivités, mais avec un long-métrage hors compétition, qui se doit, de par la tradition, de sortir ensuite immédiatement dans les salles du pays. Montré ce mardi 14 mai, le film sera visible partout le 15. Le tout sans qu’on sache grand-chose du long-métrage – le réalisateur avait demandé à ne pas en faire beaucoup de promotion.
Tout ce qu’on avait, c’était l’information d’une sorte de huis clos où l’on suivrait quatre protagonistes. Florence (incarnée par Léa Seydoux) cherche à présenter à son père Guillaume (Vincent Lindon) son nouveau petit ami David (Louis Garrel). Ce dernier, pas très intéressé par elle, ramène à ce déjeuner impromptu un ami, Willy (Raphaël Quenard), en espérant qu’il réussira à la charmer et à l’en débarrasser.
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C’était en tout cas tout ce qu’on savait. Autant dire qu’on était loin de se douter de ce que Dupieux nous préparait.
Pourquoi c’est bien ?
Bien évidemment que le film est loin de n’être que ce simple synopsis, mais quelque chose de plus méta et surréaliste. L’exercice de la critique d’un tel film, donc tout le dispositif réside dans la surprise de ce dernier, est compliqué. On va donc essayer de le spoiler le moins possible.
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En réalité, cette histoire de couple et de présentation est avant tout un prétexte pour Quentin Dupieux, une manière de continuer à creuser son sillon d’écriture unique en France. Ce ton unique, et ce procédé de récit dans le récit dans le récit. En disant le moins de choses possible, disons que derrière ce repas au restaurant Le Deuxième Acte se joue tout autre chose. Un commentaire sur son époque, comme souvent avec Dupieux – quand bien même il ne le dit jamais.
Le Deuxième Acte est une réflexion sur le monde de l’art, du cinéma plus précisément. Qui vient interroger ce qui est du personnage et de l’acteur, ce qu’on est prêt à accepter ou non d’autrui, de l’égocentrisme des personnalités (en plaçant le curseur sur des éléments précis de la vie de son casting, accentuant le côté méta), de l’avenir du septième art… Le tout autour d’un jeu sur la véracité de ce qu’on voit, en permanence.
Comme souvent, vous entendrez, à plus ou moins juste titre, que Quentin Dupieux a encore fait un film de petit malin. Autant sur le fond que sur la forme, puisque par cette intrigue intriquée dans d’autres, le cinéaste a décidé de pousser le curseur jusqu’à utiliser la forme la plus cinématographique dans la tête du commun des mortels, à savoir le plan-séquence (ces longues séquences ininterrompues façon théâtre et sans coupe), de manière exacerbée. On parle ici de ce qui n’est pas loin d’être un record pour un travelling avant en plans-séquences.
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Là-dessus, la conclusion interpelle, puisqu’elle (sans spoiler, désolé) vient nous montrer que la seule chose qui est réelle quand on parle de cinéma, c’est son tournage. Un commentaire surprenant sur une satire volontairement alarmiste, pas loin d’être boomer dans son propos (et son autojustification finale). Ce qui compte, c’est quoi ? La moquerie ? De savoir que tout ceci est plutôt vain ? N’est-ce pas là au final la manifestation la plus marquée de ce que Dupieux répète sans cesse à qui veut bien l’entendre, à savoir que tout ceci n’est pas très sérieux, ni grave, que ce n’est que du cinéma… ?
Un peu facile ? Sans doute. Cohérent dans son ensemble, dans l’œuvre d’un homme qui explique à longueur d’interview qu’il n’est qu’un amateur qui s’amuse ? Absolument.
On retient quoi ?
L’actrice qui tire son épingle du jeu : On est particulièrement ravis de voir Léa Seydoux dans ce genre de rôle.
La principale qualité : Comme d’habitude, beaucoup plus vaste et complet qu’il n’y paraît.
Le principal défaut : La provocation pour la provocation, de manière gratuite, pour jouer des tours…
Un film que vous aimerez si vous avez aimé : Toute la filmographie de Dupieux.
Ça aurait pu s’appeler : Florence, Léa, David, Louis, Guillaume, Vincent, Willy et Raphaël.
La quote pour résumer le film : “Quentin Dupieux continue d’explorer les limites de son art, pour le meilleur et, un peu, pour le pire.”
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