Critique écrite pendant le dernier Festival de Cannes, mise à jour pour la sortie du film en salle.
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How to Have Sex, c’est quoi ?
Tara, Emily et Skye sont comme des dingues. Elles ne savent pas encore dans quel lycée elles ont été acceptées mais au diable les cours : elles viennent de traverser l’Europe et d’atterrir à Malia, ville de Crète connue pour ses bars, ses clubs et ses salves de jeunes adultes et autres adolescents venus profiter de leur été. C’est le cas des trois Britanniques, venues passer quatre jours loin de leurs parents et des problèmes. Quatre jours de beuverie, avec un objectif en tête pas si secret : enfin coucher avec un garçon.
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Enfin, en tout cas pour Tara. Car Skye a déjà eu des rapports et Emily aussi (pas avec des garçons, en ce qui la concerne). Donc beuverie, certes, mais avec cette envie de devenir grande, enfin. Peut-être que cela passera par la bande de potes qui logent dans la chambre d’hôtel en face de la leur. Que ce soit Badger, le premier à parler avec Tara, ou Paddy, l’alpha de la clique.
“Meilleur été de notre vie.” Ou pas.
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Pourquoi c’est bien ?
C’est toujours délicat d’écrire sur un film que l’on vient de voir, le temps étant toujours un bon moyen de pondérer sa pensée. Surtout quand on parle d’un film qui nous a complètement retournés, comme celui-ci. C’est la beauté de Cannes, me direz-vous, et vous aurez bien raison.
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How to Have Sex est une claque. Une chialade démesurée. Et pourtant, pas du tout le drame pathos que l’on pourrait imaginer.
C’est, pendant 45 minutes, un film de bandes, un film de fête. On boit, on danse, on se rencontre. On s’apprivoise. Et à peine quelques heures de sommeil plus tard, le taux d’alcool redescendu, on redémarre. La première moitié du film n’est qu’une grande teuf. Enfin, presque.
Commence à surgir une jalousie de la part de Skye, ne semblant pas supporter que Tara puisse attirer l’attention des deux garçons d’en face. Des petites piques. Un regard. C’est amené avec énormément de subtilité et de naturel – ce sera le cas de tout ce qui va suivre.
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On ne va pas dévoiler ce qu’il se passe après cette première moitié, même si on peut la deviner. Mais ce qu’il se produit devant la caméra de Molly Manning Walker, dont c’est le premier film (!), est incroyable de justesse. Il contient des faiblesses de premier film, des petites naïvetés, mais qui sont presque touchantes. Parce qu’à côté de ça, on est estomaqués par l’écriture de tous ces hurluberlus, par ces dialogues et cette direction de casting – immense révélation pour Mia McKenna-Bruce, qui incarne Tara, et par son thème.
Parce que How to Have Sex est avant tout une réflexion sur la culture du viol, sur son impact chez les hommes et les femmes. Sur le consentement et ce qu’il implique. Sur cette zone grise qui ne l’est pas tant que ça, finalement. Sur le déni et la culpabilisation – enfin, l’autoculpabilisation. Sur la sororité, parfois malmenée mais primordiale. Sur le coming-of-age, l’apprentissage, le rituel initiatique du “devenir plus grand”, potentiellement “un peu trop vite”.
C’est un grand “petit film” – expression galvaudée mais qui prend tout son sens ici.
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On retient quoi ?
L’actrice qui tire son épingle du jeu : Mia McKenna-Bruce, future grande actrice
La principale qualité : sa finesse d’écriture et sa direction d’actrices et acteurs bouleversants
Le principal défaut : de légères faiblesses du fait qu’il s’agit d’un premier film
Un film que vous aimerez si vous avez aimé : Spring Breakers d’Harmony Korine, mais uniquement pour l’aspect festif
Ça aurait pu s’appeler : Oh-oh Malia
La quote pour résumer le film : “Un premier film d’une finesse et d’une justesse bouleversantes”Article écrit le 24 mai 2023, mis à jour le 15 novembre 2023.