Le Comte de Monte-Cristo, une adaptation de Dumas épique et déchirante

Publié le par Adrien Delage,

© Pathé Distribution

Pierre Niney brille dans ce slow burner spectaculaire et solidement produit, qui modernise un classique du roman-feuilleton à la française.

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Le Comte de Monte-Cristo, c’est quoi ?

Après le diptyque réussi des Trois Mousquetaires, le producteur Dimitri Rassam et Pathé continuent leur exploration de l’œuvre d’Alexandre Dumas avec l’adaptation du Comte de Monte-Cristo. Pour l’écriture et la réalisation, ils demandent à Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte, tandem à l’origine des comédies dramatiques Le Prénom et Le meilleur reste à venir. Les deux hommes posent une seule condition pour transposer le roman culte de l’écrivain : Pierre Niney devra incarner Edmond Dantès, alias le comte de Monte-Cristo, le héros de l’histoire.

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En février 2023, le projet est officiellement lancé avec l’aval de l’acteur, mais aussi une grande partie de l’équipe technique des Trois Mousquetaires afin d’assurer une continuité artistique avec les films de Martin Bourboulon. Le tournage se déroule entre l’automne et l’été 2023, avec des séquences tournées en France, en Belgique, à Malte ou encore à Chypre. Une adaptation ambitieuse à gros budget, donc, capable de rivaliser avec les blockbusters américains estivaux et qui finit d’ailleurs sélectionnée hors compétition au Festival de Cannes.

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Le Comte de Monte-Cristo est une histoire de vengeance qui se déroule au XIXe siècle, alors que le roi Louis XVIII prend les commandes de la France et ordonne la traque de l’empereur Napoléon Ier et ses derniers fidèles. Au milieu de cette crise politique, Edmond Dantès, un jeune officier de la marine qui rêve de devenir capitaine, voit finalement son rêve exaucé en étant promu par son supérieur. Il est alors loin de se douter que son ascension fulgurante, aussi bien dans sa vie professionnelle qu’amoureuse, va susciter une forme de jalousie maladive chez des personnes de son entourage.

Le jour de son mariage avec Mercédès Herrera, Edmond est trahi par son meilleur ami, son ancien capitaine et le procureur de France, qui fomentent un complot pour faire de lui un espion bonapartiste. Sans procès ni jugement, il est enfermé pour le reste de ses jours dans une geôle du château d’If. Mais lorsque renaît l’espoir de s’évader et rejoindre sa bien-aimée, Edmond jure de se venger en récupérant l’identité et le trésor d’un ancien pirate, et devient un justicier masqué appelé le comte de Monte-Cristo.

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Pourquoi c’est bien ?

Sur grand écran, le roman d’Alexandre Dumas a été adapté plus d’une vingtaine de fois depuis la naissance du cinéma. Mais le producteur Dimitri Rassam compte bien redonner ses lettres de noblesse aux films de cape et d’épée, un genre qui a toujours captivé les foules aussi bien en France qu’à l’étranger. Avec Le Comte de Monte-Cristo, il peut évidemment compter sur la hype d’un cast ultra-sexy, porté par Pierre Niney, mais aussi sur des acteurs et actrices bien installé·e·s ou en pleine explosion, dont Anaïs Demoustier, Bastien Bouillon, Laurent Lafitte et Anamaria Vartolomei.

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Ce qui nous frappe de plein fouet dans cette adaptation ambitieuse de presque trois heures, c’est l’attention portée à l’esthétique et la direction artistique du film. Techniquement, Le Comte de Monte-Cristo assure le jeu du grand spectacle avec des moyens techniques exceptionnels et franchement ébouriffants. Un souffle épique plane sur l’histoire de vengeance d’Edmond Dantès, qui complote dans des décors somptueux et grandioses à commencer par son manoir, tout simplement époustouflant et fourmillant de détails. Les cadres sont sublimes, la photographie et la mise en scène encore plus solides et léchées que sur Les Trois Mousquetaires.

On ressent aussi de la part du producteur et ses réalisateurs une envie de moderniser, voire rendre plus pop un classique de la littérature du XIXe siècle. Le Comte de Monte-Cristo n’est pas qu’un film de cape et d’épée, c’est une véritable variation des genres où l’on oscille entre le film de pirates, d’aventure, en milieu carcéral, voire de super-héros/justicier masqué. Quelque part, Edmond Dantès, c’est un peu le Batman de la Révolution française, qui sort littéralement du trou pour s’élever au rang de vengeur richissime et charismatique, et se dissimuler derrière un masque afin de faire appliquer sa propre justice et rétablir son honneur.

© Pathé Distribution

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Si le film pourrait ainsi toucher un public plus jeune, avec des codes de cinéma et une histoire romanesque traitée de façon plus accessible, Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte respectent profondément le texte de Dumas. Si, à de rares occasions, on a le sentiment d’assister à du théâtre filmé, une mauvaise habitude des productions françaises basées sur des œuvres littéraires, le cast assure le spectacle porté par un Pierre Niney en très grande forme. L’acteur est à la hauteur du projet ambitieux pour lequel il était désiré, et fait évoluer de bout en bout son personnage avec une aisance du texte impressionnante. À croire que ses récents succès populaires en comédie (La Flamme, Le Flambeau, Fiasco, Le Livre des solutions) lui ont donné envie de prouver une nouvelle fois au public qu’il fallait également compter sur lui pour des rôles dramatiques et plus “sérieux”.

Il compose d’ailleurs un couple attachant avec Anaïs Demoustier, décidément en pleine ascension, et confronte trois antagonistes aux archétypes crapuleux évidents, mais jamais (trop) caricaturaux. Si on a une petite préférence pour le jeu passif-agressif de Bastien Bouillon, Laurent Lafitte et Patrick Mille sont aussi excellents de vilénie. Sincèrement, hormis quelques partitions secondaires un peu moins convaincantes, tout le monde assure pour donner vie au roman de Dumas et dépoussiérer un genre en perte de popularité depuis les années 2000. Mais la grande force du film, c’est surtout le récit original de l’écrivain, assez jubilatoire et passionnant à suivre.

Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte l’ont très bien compris. La mise en place du plan d’Edmond, découpé en trois actes, prend un certain temps d’exposition mais le spectateur est à chaque fois récompensé lorsque vient le temps d’accomplir sa vengeance. Si on regrette un troisième acte moins fin, au montage et à la mise en scène assez décevants vis-à-vis du climax final, il y a un vrai plaisir ludique à suivre le plan du Comte se mettre à exécution. Les jeux de pouvoir et de dissimulation entre la victime et ses bourreaux, rôles qui s’inversent judicieusement au fil du film, coûtant d’ailleurs à Edmond une partie de son humanité, nous font nous interroger sur la sempiternelle question existentielle : la fin justifie-t-elle les moyens ?

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Au cœur de cette bataille pour l’honneur et la vengeance, Le Comte de Monte-Cristo n’oublie jamais de jouer la carte de l’émotion, à travers la seule cicatrice d’Edmond qui ne se lit pas sur son visage meurtri : celle de son amour perdu pour Mercédès. Il y a finalement un peu de In the Mood for Love dans cette adaptation contemporaine, dont on ressort un poil ému par cette histoire d’amour qui n’a jamais réellement pu prendre forme. Même si le dénouement diffère légèrement du récit original, l’épilogue nous offre une vision plus optimiste de la déshumanisation d’Edmond, que l’on s’abstiendra évidemment de divulgâcher, mais qui se résume dans les ultimes paroles de l’antihéros de Dumas : “attendre et espérer”.

© Pathé Distribution

On retient quoi ?

L’acteur qui tire son épingle du jeu : Pierre Niney, toujours aussi bon même avec un masque sur le visage, et son duo déchirant avec Anaïs Demoustier.
La principale qualité : Le travail vraiment bluffant sur les décors, la lumière, les costumes et plus globalement l’esthétique du cadre.
Le principal défaut : Un troisième acte en deçà et un dénouement trop vite expédié.
Un film à voir si vous avez aimé : Les Trois Mousquetaires de Martin Bourboulon, Le Pacte des loups de Christophe Gans, L’Homme au masque de fer de Randall Wallace, en gros les films de cape et d’épée.
Ça aurait pu s’appeler : “The Dark Knight: Monte-Cristo”.
La quote pour résumer le film : “On ressent aussi de la part du producteur et ses réalisateurs une envie de moderniser, voire rendre plus pop un classique de la littérature du XIXe siècle. Le Comte de Monte-Cristo n’est pas qu’un film de cape et d’épée, c’est une véritable variation des genres où l’on oscille entre le film de pirates, d’aventure, en milieu carcéral, voire de super-héros/justicier masqué.”