Cannes, la galère : comment je me suis fait recaler du tapis rouge comme un gros tocard

Publié le par Flavio Sillitti,

© Konbini

Les histoires normales d’un envoyé normal au Festival de Cannes.

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Après deux semaines à Cannes qui m’ont paru plus longues que l’écart entre les deux saisons d’Euphoria, je suis lessivé, fatigué, mais très content pour les souvenirs, les films, les rencontres et les opportunités. Si, cette année, j’étais un moins gros loser que l’année dernière, dans la vie on reste toujours le loser de quelqu’un d’autre. Même si, la veille, je m’étais fait copain avec Vassili le boss des physionomistes de la Croisette, ça ne m’a pas empêché de me retrouver recalé à la soirée du club Vertigo qui, je l’annonce, est le véritable club à fréquenter pendant le Festival.

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Cette deuxième moitié du Festival de Cannes m’a également fait enchaîner les galères, avec comme point d’orgue un gros moment de solitude au moment de monter les marches, trop transpirant et pas assez sapé aux yeux de Cindy, la vigile qui m’a donné du fil à retordre, mais que j’embrasse aujourd’hui. Cindy, tout est pardonné.

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Comment j’ai raté la soirée de l’année (que Bilal m’a racontée)

On est le soir de la projection du film Les Reines du drame, d’Alexis Langlois. Succès immédiat pour ce premier long-métrage explosif, coloré et totalement barré, au casting aussi queer que réjouissant, avec notamment l’iconique Bilal Hassani, qui donnait un concert inédit au Vertigo lors d’une after party à laquelle tout le monde voulait évidemment assister.

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Évidemment, c’était overbooké, donc je suis allé consoler mon seum en allant rencontrer Bilal le lendemain pour qu’il me dise si j’ai vraiment raté la soirée de l’année. Spoiler : oui, je l’ai ratée.

Comment je suis tombé amoureux du motocross

Moi et la moto, ça fait deux, et la seule fois où ce mot m’a mis du baume au cœur, c’était sur l’album de Rosalía. Heureusement, un film vu à Cannes m’a réconcilié avec les gros cylindres et les moteurs deux roues qui font trop de bruit : La Pampa, d’Antoine Chevrollier, avec un duo d’acteurs qui m’a retourné l’estomac, Sayyid El Alami et Amaury Foucher. J’ai retrouvé les deux acteurs à la sortie de la projection pour prendre la température.

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Comment je me suis fait recaler du tapis rouge (alors que j’étais maquillé par la reine de France)

Point d’orgue de mon festival, et pas forcément pour les bonnes raisons. Tout avait pourtant si bien commencé, avec une session de maquillage par la reine de France en personne, Keiona, qui m’a redonné un coup d’éclat après de longues journées cannoises qui m’ont bien tabassé le visage. Plus tôt dans la journée, un plan miraculeux m’annonçait que je monterai les marches le soir même, pour le film Marcello Mio. Tout tombait à pic.

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C’était sans compter sur deux choses : mon horrible sens du timing, et mon horrible manque de goût. Mon tournage avec Keiona ayant pris du retard, j’ai galopé sur mon vélo à la rencontre de mon contact, qui m’attendait aux alentours du Palais des Festivals avec le précieux sésame qui me permettrait de monter les marches dans les minutes qui suivent. Le temps d’arriver sur place, je suis dégoulinant, haletant et mon visage est rouge framboise. Chic.

Avec la chaleur et la promesse d’une journée chargée à courir partout, j’ai misé sur mon smoking de l’an dernier (souvenez-vous, je suis encore trop pauvre et les marques n’ont pas encore l’envie d’habiller des tocards comme moi) et sur un simple T-shirt noir, qui fait largement l’affaire en soirée et en cocktail, mais qui n’a visiblement pas été assez chic pour Cindy, la vigile du tapis rouge.

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“Désolé monsieur, ça ne va pas passer pour cette fois”, m’indique-t-elle. Après une négociation de quelques minutes, elle accepte de me filer un des nœuds papillon d’urgence qu’elle et son équipe prêtent aux malheureux recalés du tapis rouge, qui méritent une seconde chance. Visiblement, j’en mérite une également. Sauf qu’un nœud papillon sur un T-shirt ? Plutôt mourir.

Au final, le temps d’arriver au pied des marches avec mon apparat aussi ridicule que de mauvais goût, Catherine Deneuve et le reste du casting du film me passent devant, et la règle est formelle : une fois que l’équipe du film est sur le tapis, le reste des spectateurs fait le tour, comme des chiens. Une partie de moi a le seum et l’autre partie est rassurée de ne pas avoir été photographié sur le tapis avec ce combo T-shirt/nœud pap à gerber.

Comment j’ai trouvé le coiffeur des stars (et qu’il a refusé de me couper les veuch)

Après la douloureuse expérience de la veille, je me suis rendu à l’évidence : je suis trop moche pour continuer d’évoluer dans le bling et les paillettes de Cannes. Une seule solution : ressembler au véritable beau gosse de la Croisette, à savoir Pierre Niney, et quoi de mieux que de lui voler son coiffeur, Etienne Sekola, pour y arriver ? Bon, il m’a trouvé trop chauve pour me coiffer, mais ça fait au moins un bon contact sur Paris.

Comment j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps devant le nouveau Gaël Morel

Plus d’une vingtaine de films vus à Cannes, et pas encore de grosses larmes chaudes ou de session de questionnements existentiels après la séance. Bizarre, mais c’était sans compter sur la projection de Vivre, mourir, renaître de Gaël Morel, projeté en séance Cannes Première dans les derniers jours du festival. J’ai eu larmes, du début à la fin, devant cette histoire pleine de poésie et de beauté, qui raconte l’amour et la maladie de la plus belle des manières.

C’est aussi l’heure du bilan pour la team qui m’a entouré tout au long de ce Cannes, et qui partage également leur coup de cœur du Festival. Mention spéciale pour Kenza, la plus cinéphile de mes collègues, qui n’a visiblement pas pu retenir ses larmes non plus devant la bouse de Coppola.

À l’année prochaine Cannes, je dors un mois entier, puis je te rappelle.