Dans le classement des trucs cool de la vie, être envoyé à Cannes pendant son stage est plutôt bien haut dans la liste. Pour une raison qui m’échappe encore, je suis l’heureux élu. Entre syndrome de l’imposteur, incrustes, rencontres et mon quotidien de pique-assiette, je vous raconte tous les jours ma vie et mes galères sur la côte cinéphile la plus hype de France : le Festival de Cannes.
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Pèlerinage à La Bocca
Je vous préviens tout de suite : cet épisode ne sera pas le plus palpitant de la série. Et pourtant, c’est certainement celui qui m’aura fait le plus de bien. Après quatre jours intenses au cœur de la folie de la Croisette, je suis envoyé en éclaireur dans la ville environnante de La Bocca qui accueille chaque année des projections des films en sélection au Festival de Cannes dans des salles moins guindées que celles autour du Palais des festivals.
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Les places pour ces projections sont évidemment plus simples à obtenir que celles sur la Croisette et je me réserve trois films pour la journée. Il fait gris et pluvieux, j’embarque dans un Uber, et vingt minutes de trajet plus tard, le luxe de la Croisette est loooooooin derrière moi. Je découvre la partie insoupçonnée et plus modeste du Festival de Cannes. D’un côté, ça fait du bien.
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Pop-corn et salle des fêtes
La ville est déserte, t’as peur. J’ai troqué les allées de magasins de luxe pour les boulevards gris décorés d’embouteillages bruyants et anxiogènes. Mon premier stop est le Cineum, un complexe de cinéma gigantesque qui marque d’entrée de jeu par son architecture, signée Rudy Ricciotti. À l’intérieur, c’est un cinéma on ne peut plus classique, dans lequel on ne s’imaginerait pas retrouver une extension de l’autre moitié si guindée à quelques kilomètres de là.
J’en profite pour passer au shop du cinéma. Il faut le savoir, j’aime autant mon pop-corn que mon film. Je fais partie de ces impurs qui ne peuvent s’empêcher d’accompagner leur passage au cinéma d’un petit pop-corn (sucré, évidemment) et d’une bouteille d’eau goût citron. Je me demande certains soirs si c’est vraiment l’amour de la culture qui me fait quitter mon appartement douillet pour aller mater un film ou tout simplement l’envie viscérale et autodestructrice de sucre dans mon sang (et dans mes cuisses).
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Après les projections de The New Boy et Omar la fraise, qui ne m’ont finalement pas plus marqué que ça, je file à l’autre endroit de projection de La Bocca, à une vingtaine de minutes à pied. Surtout, ne vous laissez pas berner par le nom de la fameuse salle, la Licorne n’a pas grand-chose de féérique. Au milieu de nulle part, ce qui nous semble être une salle des fêtes accueille un public vachement plus âgé et moins impressionnant que les salles de la Croisette. Et pourtant, c’est peut-être le plus cinéphile du festival.
Les vrai·e·s cinéphiles sont ici
Cette salle de 500 places est effectivement remplie de celles et ceux qui, contrairement aux jet-setteurs qui se pavanent sur le tapis rouge du Palais des festivals, ont dû sacrifier un paquet de choses pour se retrouver au festival. Limité·e·s à la souplesse minime que leur offre leur pass Cinéphile, ces ardent·e·s passionné·e·s se rassemblent dans ce petit théâtre de quartier au sol qui grince et qui résonne à la moindre arrivée tardive pendant la projection (et qu’est-ce qu’il y en a !) pour savourer la sélection de cette année.
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Et ça joue le jeu à fond : lorsque le logo du Festival de Cannes ou ceux des différents distributeurs s’affichent avant le film, le public s’exclame. Un gimmick qu’on retrouve dans le Grand Théâtre Lumière (sachant que les distributeurs sont dans la salle) et qui est ici mimé, pour faire comme les grands. Ici, pas de chichi, je suis enfin de retour aux sources.
The Zone of Interest m’a filé ma dose de cauchemars pour les années à venir
Encore une fois, si c’est mon chef de rubrique Arthur Cios qui en parle le mieux, laissez-moi brièvement vous donner mon avis en deux mots sur le nouveau film de Jonathan Glazer, présenté en Sélection officielle et sérieux candidat pour la Palme d’or de cette année. Un film aussi radical que flippant, tant pour sa forme ingénieuse (dont un travail du son bluffant) que pour le traitement inédit de la cruauté de l’Holocauste, présenté ici sous un angle frais auquel je n’aurais jamais pensé mais qui ne va certainement plus quitter ma tête pour les années à venir.
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