Cannes, jour 2 : j’ai monté les marches et croisé Ruben Östlund et Julien Guirado à la même afterparty

Publié le par Flavio Sillitti,

© Youtube/Instagram

Help : cherche des Compeed et un parapluie.

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Dans le classement des trucs cool de la vie, être envoyé à Cannes pendant son stage est plutôt bien haut dans la liste. Pour une raison qui m’échappe encore, je suis l’heureux élu. Entre syndrome de l’imposteur, incrustes, rencontres et mon quotidien de pique-assiette, je vous raconte tous les jours ma vie et mes galères sur la côte cinéphile la plus hype de France : le Festival de Cannes.

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Matin bien ciné

Réveil difficile mais gratifiant : je sors péniblement de mon lit aux alentours de 6 h 30 pour me connecter à temps à l’infâme billetterie en ligne du festival dans le but de récupérer mon maigre lot de projections à venir. Même pas le temps de me reposer que j’enfile une tenue habillée (mais pas trop) et mes mocassins assassins (mes pieds saignent et ça ne risque pas de changer) pour me rendre à mes deux projections du matin.

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La fatigue est là, résultat de mes quelques misérables heures de sommeil raccourcies par le choix autodestructeur qu’a été celui d’engloutir du lactose au buffet de l’afterparty de la veille. Mais la marche à travers Cannes pour me rendre à la salle Miramar, à une vingtaine de minutes de distance, me fait du bien. Cannes, c’est pas très beau, mais c’est pas tout à fait moche non plus. Les deux films du matin sont estampillés “Semaine de la critique”, dont l’affiche officielle fait cette année honneur au sublime Aftersun de Charlotte Wells, et la simple vue de Paul Mescal sur grand écran me revigore déjà pour la journée.

J’enchaîne ainsi Ama Gloria de Marie Amachoukeli (grosse chialade) et Tiger Stripes d’Amanda Nell Eu (délicieusement what the fuck).

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Montée des marches en sueur

De retour de mes projections, je me prends une pluie dans la tronche qui transforme ma tenue minutieusement sélectionnée ce matin en un vieux torchon. Évidemment, je n’ai pas emporté de parapluie avec moi, ajoutant une ligne à la liste de choses que j’ai eu tort de ne pas emporter – avec des Compeed, des sandales confortables et un assistant mal payé pour se connecter à la billetterie tous les matins à ma place.

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Surprise : une place se libère pour une projection du docu de Wim Wenders au Grand Théâtre Lumière dans l’heure qui arrive. Bon, c’est la séance de 16 heures, mais tout de même : qui dit Grand Théâtre dit montée des marches ! Je réserve et je file à la douche sachant que j’irai directement à ma soirée huppée après la projection. Sauf que, classique, je traîne un peu pour me mettre en bombe dans mon smoking et je pars en retard. Moi, rater les marches du Festival de Cannes ? Jamais, pas si proche du but.

Une seule solution : un bon sprint, que j’entreprends sans trop me poser de question dans l’espoir plutôt maigre d’assurer un trajet évalué à 20-25 minutes à pied en un peu plus de dix minutes. À savoir que je déteste toute activité sportive et que la dernière fois que j’en ai tenté une, j’ai pensé faire une attaque cardiaque – c’est véridique. Et pourtant, me voilà devant le Grand Théâtre Lumière in extremis, juste à temps pour passer la sécurité et rejoindre le fameux tapis rouge.

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Seul bémol : je suis littéralement en nage, rouge écarlate ton sur ton avec le tapis, et je prends une bonne demi-heure à l’intérieur pour sécher mon joli smoking noir et récupérer une température corporelle viable. Le docu est beau, je déteste le sport.

Une afterparty avec un casting t’as peuuuur

Après toutes ces émotions suantes, je prends la route du Carlton pour la fameuse soirée de réouverture du prestigieux complexe hôtelier – dont je n’avais évidemment jamais entendu le nom auparavant, vie de pauvre. Mon smoking est légèrement froissé, mon parfum Bleu de Chanel lutte contre les effluves de transpiration résultant de ma course folle plus tôt dans la journée, mais tout est dans l’attitude : ce soir, c’est jet-set.

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Le beach club est on ne peut plus guindé, les invité·e·s sont vachement plus classes que ceux de la soirée où je me suis incrusté la veille et mes projets habituels de dévaliser le buffet se calment sagement. On mange un poke bowl version haute classe – c’est un poke bowl normal mais sur un beach club d’hôtel de luxe. On boit beaucoup de cocktails aux noms sympas et aux recettes tout aussi audacieuses, comme ce délicieux Frida Kahlo à base de tequila, de sirop de sureau et parfumé d’une brume à la lavande. Le cocktail sent meilleur que moi.

Des shows sont lancés de façon inopinée dans tous les coins du beach club : une contorsionniste, un joueur de trompette ronde live, un show lumineux sur la façade du Carlton et même une incroyable troupe de danse avec des néons colorés. C’est kitsch, c’est over-the-top, mais qu’est-ce qu’on s’y sent bien, dans la vie de château.

Au niveau de la foule, on croise de tout. Mais vraiment de tout. Les juré·e·s des différentes sélections sont dans la place, on aperçoit au loin Émilie Dequenne (notre idole), Davy Chou, John C. Reilly ou encore Ruben Östlund, président du jury de la Sélection officielle de cette année. Plus loin, on tombe nez à nez avec l’improbable trio Julien Guirado, Nicolas Ferrero et Rémi Notta, figures de la téléréalité en France. Le meilleur des deux mondes, un vrai multivers. Only in Cannes.