Cannes 2022 : Volodymyr Zelensky, vedette de la cérémonie d’ouverture

Publié le par Eve Chenu,

© CHRISTOPHE SIMON / AFP

Cette nouvelle édition avait promis que la guerre serait "dans tous les esprits".

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“Il nous faut un nouveau Chaplin qui prouvera que le cinéma n’est pas muet” face à la guerre : le Festival de Cannes a donné d’emblée une tonalité politique à sa 75e édition en offrant une tribune, depuis Kyiv, au président ukrainien Volodymyr Zelensky. L’apparition surprise du visage du président ukrainien, en treillis, sur l’écran du Palais des Festivals, a été suivie d’une longue ovation par le gratin du cinéma mondial, réuni pour la cérémonie d’ouverture d’un festival qui a promis que la guerre serait “dans tous les esprits”.

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“Nous allons continuer de nous battre, nous n’avons pas d’autre choix. […] Je suis persuadé que le ‘dictateur’ va perdre”, a poursuivi Volodymyr Zelensky, en référence au président russe Vladimir Poutine et au film de Charlie Chaplin, qu’il a cité à plusieurs reprises. “Je dis à tous ceux qui m’entendent : ne désespérez pas, la haine finira par disparaître et les dictateurs mourront. Nous devons gagner cette victoire et nous avons besoin du cinéma qui assurera que cette fin soit, chaque fois, du côté de la liberté”, a-t-il encore lancé.

Cette intervention écrit une nouvelle page dans la longue histoire politique du Festival, fondé en 1939 pour s’opposer à la Mostra de Venise de l’Italie fasciste, mais dont la première édition, guerre mondiale oblige, n’a pu se tenir qu’en 1946.

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Le cinéma, véritable arme d’émotion massive

“Le Festival n’a cessé d’accueillir, de protéger et de réunir les plus grands cinéastes de leur temps”, a souligné auparavant le président du jury, Vincent Lindon, rappelant la “ligne artistique et citoyenne” de cet événement mondial. “Pouvons-nous faire autre chose qu’utiliser le cinéma, cette arme d’émotion massive, pour réveiller les consciences et bousculer les indifférences ? Je ne l’imagine pas !”, a-t-il lancé.

Outre le bannissement des délégations officielles russes, annoncé après l’invasion, la sélection officielle porte elle aussi, cette année, l’ombre de la guerre. À commencer par le film qui ouvrira la compétition mercredi, La Femme de Tchaïkovski, du dissident russe Kirill Serebrennikov. Voir ce cinéaste, sélectionné à trois reprises, monter pour la première fois les marches sera un symbole fort. Plus tard dans le Festival seront aussi montrés les films des Ukrainiens Sergei Loznitsa ou Maksym Nakonechnyi, ainsi que le dernier film du réalisateur lituanien Mantas Kvedaravičius, tué début avril en Ukraine, Mariupolis 2.

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Malgré le contexte, à Cannes, “the show must go on” : l’actrice Julianne Moore, qui joue dans le premier film en tant que réalisateur de Jesse Eisenberg (The Social Network) et l’acteur Forest Whitaker ont assuré le quota de glamour, ce dernier recevant la Palme d’honneur pour sa carrière.

L’ambiance a ensuite radicalement changé, avec la projection en ouverture de Coupez !, de Michel Hazanavicius, une parodie déjantée de films de zombie et une déclaration d’amour à tous les films – même les plus ratés. Des éclats de rire timides puis de vrais fous rires incontrôlables ont ponctué la projection. La salle a même offert quelques applaudissements aux meilleurs moments, et une ovation debout à la fin.

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Le film, sorti simultanément dans les salles françaises, doit faire office d’exutoire pour un monde du cinéma qui tente de se remettre de la pandémie : Coupez ! “est joyeux, il met en valeur les gens du cinéma, et j’espère qu’il donne envie d’en faire”, a déclaré à l’AFP le réalisateur.

Konbini avec AFP