L’édition 2023 de “100% L’EXPO” met en avant les projets éclectiques de 50 jeunes artistes qui méritent votre attention car tous·tes s’apprêtent à prendre d’assaut la scène artistique contemporaine. Pour vous mettre l’eau à la bouche, on a sélectionné huit œuvres qui puisent leur inspiration dans la pop culture et les années 2000. Élan nostalgique assuré.
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Schoolboys de Christian-Trésor Djoujum
Diplômé en design vêtement à l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs (EnsAD) de Paris, Christian-Trésor Djoujum signe l’affiche de cette édition de “100% L’EXPO”. Il y présentera Schoolboys, un projet qui revisite les traditionnels uniformes de collégien·ne·s dans les universités anglo-saxonnes pour jouer avec les codes de la masculinité.
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Les schoolboys de Christian-Trésor Djoujum voient leur milieu social gommé par leur tenue mais leurs masculinités, plurielles, restent bien visibles. “Les cols des chemises s’envolent comme des avions en papier, les perforations des intercalaires deviennent bouts fleuris de Baby Shoe, la rayure satin rose, noir et bleu prend vie : cette collection marque l’exclusion, la transgression et la distinction”, détaille le styliste.
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L’autel à Britney Spears de Brontë Scott
Pendant quinze ans, Britney Spears a vécu sous la tutelle de son père, dont elle a été récemment libérée. Autant slutshamée qu’idolâtrée, la popstar est littéralement au centre de l’œuvre The I of the storm de Brontë Scott, fascinée par la pop culture depuis son enfance. Au fond de ce bassin en fausse pierre inspiré de la grotte de la Sainte-Baume près de Marseille, une photographie de Britney Spears est figée dans la résine.
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“Les bords de la sculpture singent les parois de la Sainte-Baume pour opérer un rapprochement entre l’exil de Marie-Madeleine, jugée impure, et Britney Spears, trop fêtarde, trop instable”, détaille la plasticienne. Un hommage précieux et quasi mystique à la chanteuse, qui transmet aussi un message sur les féminités socialement valorisées… et celles qui restent sur l’autel de sacrifice.
Le buffet Feast & Furious de Sophia Lang
Après Fat & Furious, son manifeste sur la non-représentation des personnes grosses dans la mode, Sophia Lang revient avec Feast & Furious. Dans cette vidéo, la styliste diplômée en design vêtement à l’EnsAD de Paris présente un projet à la fois kitsch et extravagant pour mettre en lumière et sublimer les corps gros. Ces pièces prennent vie lors d’un dîner de gala gargantuesque présidé par la superbe Barbara Butch, DJ et militante contre la grossophobie.
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“Rassembler des personnes grosses autour d’un repas gargantuesque revient à enfreindre les consignes sanitaires strictes qui dirigent nos vies, ce diktat occidental qui institue le sport et la diet’ comme hygiène de vie”, détaille Sophia Lang, qui envisage également Feast & Furious comme un manifeste politique.
Kim Kardashian mise en abyme par Ophélie Demurger
Passionnée par “le culte du banal” qui règne dans la téléréalité et chez les influenceur·se·s, par les outils du star-system et par les histoires des célébrités contemporaines, Ophélie Demurger donne à voir une mise en abyme qui respire la culture pop.
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Avec sa pièce Kim —> Paris —> Me, l’artiste et chercheuse en arts numériques reproduit une publicité pour Yeezy, qui met en scène Kim Kardashian lors d’une fausse paparazzade. Pour marquer les esprits, Kanye West avait ensuite demandé à plusieurs personnalités d’imiter la photo originale… ce qu’Ophélie Demurger a fait, en imitant Paris Hilton qui imite elle-même Kim Kardashian.
“À la base, Paris Hilton est la première personne connue pour n’être qu’elle-même, et dans les années 2000, Kim Kardashian était son assistante. Aujourd’hui, les choses se sont inversées, même si Kim a reconnu que Paris était l’originale”, raconte Ophélie Demurger sur la genèse des it-girls.
Le trauma et l’errance racontés via Les Sims et GTA par Anne Swaenepoël
Dans PIA PIA PIA, Anne Swaenepoël aborde la solitude, l’errance et la quête de soi à travers le personnage d’Alice, une grande sportive qui subit une commotion cérébrale. Tiré d’une expérience personnelle, ce récit est mis en image dans un machinima – une vidéo réalisée à partir de séquences de jeux vidéo capturées en temps réel – puisant dans Les Sims 4 et GTA V.
“Je m’intéresse aux façons peu communes qui existent dans la création et réalisation d’un film. Je n’utilise pas de caméras. J’écris des scénarios qui mettent mes personnages dans des cercles vicieux psychologiques. Je souhaite que l’on puisse s’identifier à ces personnages, se reconnaître et se soutenir”, explique l’artiste. Diplômée de la Villa Arson et récemment en résidence à Artagon à Marseille, Anne Swaenepoël présentera également deux autres vidéos réalisées pour “100% L’EXPO”.
La morning routine régressive de Marie Perraud
Fascinée par les vidéos ASMR, DIY et mukbang depuis ado, Marie Perraud aime aussi le gloss, les Pik & Croq’ et manger dans son lit (en y laissant des miettes). Sa pratique artistique mêle son intérêt pour la culture Internet contemporaine, sa tendresse pour la consommation et son attachement à l’enfance, à l’instar de morning routine ; les effluves du DOP fraise caressent encore le tartre.
Dans cette œuvre, l’artiste diplômée des Beaux-Arts de Marseille emprunte à l’alimentaire, au domestique, à la cosmétique et même au BTP pour une installation dégoulinante de rose, de paillettes et d’objets enfantins qui mettent en scène sa propre morning routine.
Elle exposera également à La Villette son œuvre le frigo de ma salle de bain, un faux frigo encore une fois tout rose, où elle invite le public à passer la tête dans le congélateur pour découvrir l’œuvre cachée à l’intérieur.
Les mythes pop d’Ibrahim Meïté Sikely
Récemment diplômé de la Villa Arson, Ibrahim Meïté Sikely donne vie à une iconographie puissante et quasi mystique. Manga, rap, jeux vidéo, comics, cinéma… Dans ses toiles sombres aux couleurs tranchantes, le peintre représente des éléments du réel saupoudrés des mythologies contemporaines avec lesquelles il a grandi.
“Dans mon travail, c’est hyper important de porter tout ça, de porter ce que je connais, ce que j’ai vu, ce que j’ai vu de marrant et de moins marrant en grandissant dans mon quartier. […] Il y a toujours l’importance du contexte, mais il y a aussi une part de ‘c’est bon, j’ai le droit de faire exister mes idées en dehors de l’endroit où j’ai grandi'”, raconte-t-il dans un entretien pour la marque Element.
High School Musical : la photo de classe rêvée de Juliette Trucchia
Nourrie aux teen movies, Juliette Trucchia fantasmait sa propre remise de diplôme à la Villa Arson façon success-story à l’américaine : la fanfare, les beaux discours, les toques qui volent en l’air. “Quelle fut ma frustration lorsqu’on m’a annoncé qu’au bout du compte, il n’y aurait même pas un petit bout de buffet, une pizza froide ou au moins un événement sympa organisé par l’établissement pour célébrer l’obtention de nos diplômes”, écrit l’artiste dans le texte qui accompagne Ciao ciao la Villa Arson.
Cette œuvre, c’est la photo de classe photoshopée et ultrakitsch que Juliette Trucchia a modelée selon son fantasme, pour un happy end digne de High School Musical.
“100% L’EXPO” est à visiter à La Villette (Paris) du 5 au 23 avril 2023.