En écoute : le délicieux Nicolas Maury a réjoui nos oreilles endormies

Publié le par Manon Marcillat,

Un véritable shot de douceur sur les ondes de France Inter.

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On le savait talentueux, drôle et littéraire. On le découvre aujourd’hui émouvant, clairvoyant et poétique. Bref, un Nicolas Maury aux mille facettes qui a inondé de sa lumière et de son intensité les ondes de la Maison ronde et son actualité bien morose. L’acteur était ce matin l’invité de Boomerang pour promouvoir la sortie de Garçon chiffon, son premier film en tant que réalisateur. Entre humour, poésie et magnifique carte blanche, florilège de ses meilleurs moments.

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L’actualité cinéma du moment est forcément aux restrictions liées au couvre-feu et à la situation actuelle des salles de cinéma, menacées par ces nouvelles mesures. Hier matin, pas question de sorties, de reports ou d’analyse économique au micro d’Augustin Trapenard, plutôt d’une réjouissante note d’espoir : “Le couvre-feu met en danger la fiction, la recréation temporelle, parce que le temps devient incertain, liquide. Mais peut-être que dans cette nuit noire, nous pouvons encore réparer par la création, la tendresse, par des propositions d’humanité”, espère l’acteur.

“Les gens pensent que la vie est commentaire alors que la vie, c’est les doigts dans la prise. Il faut arrêter de commenter les œuvres, il faut aller voir les œuvres. On ne peut pas forcer quelqu’un à aller dans une salle mais on peut l’y inviter.”

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C’est donc dans ce contexte très particulier que sort son premier long-métrage, tandis qu’il continue de nous réjouir sur l’écran cathodique avec son désopilant personnage d’agent de stars dans la série Dix pour cent, actuellement diffusée sur France 2.

Pour lui, réaliser Garçon chiffon était le moyen “redonner du sens et du signe à sa présence”. Derrière ce poétique et énigmatique titre, qui colle parfaitement à l’image de cet acteur si insolite, se cache “un garçon conscient de son état physique, froissé, froissable, une matière non noble mais qui est réparable”. L’occasion pour Augustin Trapenard de discuter avec lui de la notion de masculinité et de ce que signifie être un homme aujourd’hui.

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“Être un homme, par exemple, c’est être envahi, poreux. On a souvent donné ce territoire aux femmes. Mais être un homme, la masculinité, c’est tout aussi multiple”, analyse l’acteur.

Nicolas Maury est également un amateur de bons mots. Garçon chiffon raconte l’histoire d’un acteur dont la carrière peine à décoller et dont le couple bat de l’aile, abîmé par ses crises de jalousie à répétition. Il va alors décider alors de quitter Paris et de retourner dans Limousin où il va tenter de se réparer auprès de sa mère. “Ce film, c’est mon regard au carré, voire au cube.” En miroir, le film évoque donc sa propre jalousie à lui et de sa peur “des hommes au sexe vagabond”.

Si sa fragilité, sa douceur et son intelligence ont réjoui ce matin nos oreilles endormies, l’apogée émotionnel de l’émission fut atteint lors de sa magnifique carte blanche. Nicolas Maury a lu, avec toute l’intensité dont il est capable, un passage de Manque de Sarah Kane, une bouleversante déclaration d’amour dont le texte est à retrouver sur la page de l’émission et qui a visiblement ému autant son interprète que les auditeurs derrière leur poste de radio. “Ça s’adresse à tous les assoiffés et à tous ceux qui aiment comme ça”, a conclu Nicolas Maury, un acteur décidément nécessaire.

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