La performance de Beyoncé au Super Bowl n’était pas seulement artistiquement remarquable. Elle était aussi pertinente politiquement. Explications.
Publicité
Parfois controversé, le message féministe de Beyoncé n’en est pas moins existant. De son hymne “Run the World (Girls)” à sa tribune “Gender Equality Is a Myth!”, publiée en 2014, en passant par “***Flawless” (qui reprenait des extraits d’un discours intitulé “Nous devrions tous êtes féministes” prononcé par l’écrivaine nigériane Chimamanda Ngozi Adichie en 2011), la chanteuse s’est depuis quelques années attachée, à travers sa musique, à proposer un discours et une image démontrant que la femme est l’égale de l’homme.
Publicité
Cinq ans après sa grandiose prestation aux BillBoard Awards, véritable raz-de-marée de puissance féminine, Queen B dévoilait un peu plus son engagement politique hier soir, en pleine mi-temps du Super Bowl, en s’attaquant à un autre domaine : celui de la cause noire.
Publicité
Revendiquer l’identité afro-américaine
La divulgation surprise de “Formation” et de son clip quelques heures avant l’événement sportif soulignait déjà la prise de position de la chanteuse et son ralliement au mouvement Black Lives Matter. Les paroles, tout d’abord, sont une véritable célébration de la culture afro-américaine, à laquelle Beyoncé revendique son appartenance ainsi que celle de sa fille, Blue Ivy (que l’on voit d’ailleurs apparaître dans le clip) :
“My daddy Alabama, Momma Louisiana / You mix that negro with that creole make a Texas bamma / I like my baby hair, with baby hair and afros / I like my negro nose with Jackson Five nostrils” (“Mon père Alabama, maman la Louisiane / Tu mélanges ce Noir avec ce Créole pour faire un Texas bamma / J’aime les cheveux de mon bébé et les afros / J’aime mon nez à la Jackson Five”)
Publicité
Le clip, quant à lui, expose des images qui condamnent sans équivoque les violences policières qui ont miné la communauté afro-américaine ces dernières années aux États-Unis : la voiture de police submergée sur laquelle elle se dresse, une photo de Martin Luther King en “une” d’un journal, un jeune garçon noir qui danse devant une armada de policiers ou un graffiti sur lequel on peut lire “Stop shooting us” (“Arrêtez de nous tirer dessus”) sont autant d’images qui font référence au mouvement Black Lives Matter.
Ressusciter l’héritage des Black Panthers
Mais le show de Beyoncé pendant la mi-temps du Super Bowl, durant lequel elle a interprété “Formation” en live, a rendu un peu plus militant son message politique en faveur de la communauté noire (et ce, devant des centaines de millions d’Américains). Comme le souligne le Daily Mail, la chanteuse a parsemé sa prestation de références au Black Panther Party, mouvement révolutionnaire formé en Californie en 1966 qui s’est battu, non sans violence, pour les droits de la communauté afro-américaine aux États-Unis. Mieux : le temps d’une chanson, elle l’a littéralement fait revivre.
Publicité
Il y a d’abord la façon dont ses danseuses sont vêtues, avec cette superbe afro, cette combinaison de cuir et ces Rangers façon guérilla, et ce fameux “black beret” porté par les membres du Black Panther Party. Il y a aussi la chorégraphie en elle-même, qui leur permet de coordonner un “X” géant sur le terrain, en référence à Malcolm X, figure historique de la défense des droits afro-américains assassiné par balles le 21 février 1965. Sans oublier ce point levé au ciel, le signe emblématique du Black Power notamment rendu célèbre par les athlètes Tommie Smith et John Carlos lors des jeux Olympiques de Mexico en 1968.
Et, histoire d’enfoncer le clou, plusieurs danseuses ont été photographiées à la fin du show, toujours le poing levé au ciel, exposant une feuille de papier sur laquelle on pouvait lire “Justice 4 Mario Woods”, un jeune homme noir abattu par la police de San Francisco en décembre dernier.
Une performance controversée
En délivrant cette performance lors d’un événement sportif mondialement attendu, Beyoncé a ainsi jeté un pavé dans la mare. C’est non seulement la première fois que la chanteuse dévoile un message aussi engagé, en revendiquant haut et fort son identité afro-américaine et en ressuscitant avec brio l’héritage du Black Panther Party, mais c’est aussi la première fois qu’un message aussi politique est délivré à la mi-temps de la grand-messe du football américain.
Publicité