Bazar Bizarre : Bastien Vivès et ses Tortues ninja

Publié le par Konbini,

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Mon plus grand regret, c’est que je suis né trop tôt. A deux ans près, j’aurais pu tomber dans les Pokémon“. Face à ses vitrines fournies, Bastien Vivès pense à voix haute. A 28 ans et un début de carrière déjà auréolé, Vivès s’est reconstitué toute une enfance sous verre, planquée derrière le salon. Un genre de salle d’expo artisanale ou une chambre de gosse bien rangée – dans tous les cas, un nirvana pré-pubère.

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Sur les murs, des tas de Tortues ninja emballées, version troll ou canadienne, des blisters entiers d’imports US ou japonais. Sur les étagères, Rock Lords, Mighty Max et sabre laser. Et le clou de cette rétrospective enfantine, une collection de Laser Beasts (les Dragonautes en VF), à laquelle il ne manque que 3 pièces sur les 120 éditées par Hasbro Takara entre 1987 et 1989 – ceux-là même à qui on doit les Transformers.

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Il me manque la Clear Carp, mais bon elle s’achète à 1500 euros, soupire VivèsEn fait je suis retombé sur un Laser Beast que j’avais gamin. Je suis allé voir sur Ebay si y’en avait d’autres du même genre et j’en ai trouvé des mortels. Et là, c’est devenu la folie“.

3 colis par jour et du kiri

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Une fois les droits de sa BD Polina en poche, il commence à fouiller le web à la recherche de l’arme et du bouclier qui correspondent à chaque figurine. Les enchères commencent à 40 euros. Il en claque 250 par bête.

Non, mais je vais pas donner la somme que j’ai dépensée… c’est indécent avec la crise et tout… disons juste que pendant un an, un an et demi, je recevais 3 colis par jour. Je dépensais beaucoup trop d’argent, je devenais fou“.

Gêné, Vivès justifie sa collectionnite en se drapant d’une dignité quasi ermitale. “Je mange des pâtes et du kiri, je dépense à peine pour aller au ciné. A part pour les jouets, j’ai jamais dépensé“. Il relativise, décrivant une certaine logique inhérente au processus d’acquisition. “Quand t’es enfant, tu utilises l’argent de tes parents. Quand t’es étudiant, t’as pas d’argent. Alors quand t’es adulte, tu commences à avoir de l’argent, t’achètes ce dont tu t’es privé“.

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Régression salutaire pour nouvel Empire

Cette quincaillerie pour mômes compte bien un ou deux ouvrages tournés cul, mais reste globalement coincée dans une ère pré-sexuelle, à l’orée de l’adolescence. Une régression totale et salutaire, à mille lieues de la rétromania ambiante (“tous ceux qui collent des références à Street Fighters pour faire du buzz sur youtube et qui s’approprient une ‘culture geek’, ils étaient où quand je jouais tout seul à 16 ans ?“).

A croire que le dessinateur ne conçoit l’enfance qu’à rallonge. “Quand j’étais en 4ème, je jouais aux pogs avec les petits de 6ème. J’ai eu une adolescence un peu chaotique…“. Un oeil sur ses Battle Beasts, il se dit requinqué par leur présence, nouveau mana. Outre leur aspect purement décoratif, les jouets composent un monde hautement graphique et sophistiqué : autant d’inspirations pour Vivès.

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Je rêve de faire ça, créer un monde complet avec plein de personnages, qu’on verrait dans les BD et avec lesquels on pourrait  jouer. Je suis fasciné par Star Wars et ce qu’en a fait George Lucas. Il a créé un univers à lui, indépendant, un truc compliqué qui l’a complètement dépassé”. 

L’ambition monstre en bandoulière, Vivès est en train d’imaginer son Empire galactique à lui, filiale jouet potentiellement incluse. Accompagné des sbires Michaël Sanlaville et Balak, le trio met au point un Moyen-âge manga, où un gamin se voit collé à un mec venu d’ailleurs pour rempoter la Coupe du roi. En somme, “de la bastion, du fun et plein d’univers différents“. De quoi laisser la place à un merchandising juvénile assez large pour étoffer de nouvelles vitrines.

M.C.

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L’Amour par Bastien Vivès, collection Shampooing, éditions Delcourt. Sortie le 6 juin.

Lastman par Balak, Michaël Sanlaville et Bastien Vivès, éditions Casterman. Sortie mars 2013.