Aya Nakamura sort déjà son troisième album ce 13 novembre 2020. Ce bien nommé Aya fait suite à Nakamura, un véritable blockbuster sorti en 2018 qui a totalement changé la pop à la française. Il y a deux ans, la déferlante “Djadja” a envahi le pays puis le monde, relançant les tendances R’n’B et afropop dans la musique hexagonale. Depuis, Aya est devenue une icône insaisissable, la reine d’une génération, toujours franche et directe, “sans prise de tête”, à des années-lumière des standards actuels.
C’est presque impossible de définir la musique d’Aya Nakamura, elle semble justement être à la croisée de tous les styles. Influencée par la chanson française, le R’n’B des années 2000, le zouk, la pop actuelle d’Amérique du Sud et la musique africaine, Aya semble trouver un équilibre établi sur une seule règle : le feeling, l’authenticité. Et cette direction paye : Aya Nakamura est la 137e artiste la plus écoutée au monde sur Spotify avec 19 millions d’écoutes par mois.
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Aya dans tous ses états
Les deux premiers extraits offraient déjà une version renouvelée de la formule Aya. “Jolie nana” peut se voir comme une suite de “Djadja” et “Copines”, alors que “Doudou” explore un style plus nigérian à la Burna Boy. Le reste de l’album est sur cette lignée, comme une continuité évidente de Nakamura, mais plus ambitieuse.
La production, en grande partie tenue par l’équipe Le Side et Julio Masidi, respecte les propositions des albums précédents mais se veut plus fouillée, plus méticuleuse. Comme Aya le dit : “Quand j’écoute la musique, que je choisis des productions, je vois des couleurs.” Inclassable, la musique de la chanteuse est donc rangée par attitudes et émotions, rayonnante ou fermée, éclatante ou sombre. “Le Side pour moi, c’est noir, un beau packaging, bien carré, bien noir, alors que Julio, je le vois bien coloré, pour moi, c’est comme une petite boule arc-en-ciel.”
Sur ce troisième album, Aya Nakamura continue aussi les collaborations internationales. Ainsi, la chanteuse ouvre et ferme son album sur deux invités anglais : Stormzy et Ms. Banks. Et le mélange fonctionne parfaitement, montrant encore une fois deux facettes différentes de la chanteuse. Sur le premier morceau avec Stormzy, “Plus jamais”, Aya explique comment elle ne se laissera plus faire et marque un changement.
Une force solaire et tranquille
Cette émotion est présente dans la première partie de l’album comme sur “Tchop” et “Biff”. Ces morceaux présentent la facette plus dure de la chanteuse, celle de son indépendance, de son émancipation. On retrouve aussi cette ambiance sur l’excellent “Ça blesse”, comme une suite à la rupture. Même sur “Fly”, plus empreint d’amour et de nouvelles sensations, Aya transmet son envie de liberté, explorant ses émotions, loin des étiquettes actuelles. Comme elle le dira en interview avec nous, ce morceau est d’ailleurs son préféré car il lui permet de mettre plus largement sa voix en avant.
Sur l’autre featuring anglais avec Ms. Banks en fin d’album, Aya parle de son “Lossa”, un mec honnête, stable qui pourrait la faire craquer. C’est comme l’autre face d’une pièce qu’on retrouve aussi sur “Mon chéri” et le superbe “Nirvana” face la déception déclarée sur le morceau avec Stormzy. Aya Nakamura est tout ça à la fois. Et cette spontanéité, simple et directe, apporte ce que son public aime par-dessus tout : la proximité.
Aya est proche des gens car elle cherche à faire de la musique qui lui ressemble à 100 %. Et elle reste les pieds sur terre. “Je suis une personne très casanière, très famille, cocooning. Maison, boulot, famille, dodo, je ne sors que lorsque ma fille veut sortir, quand j’ai du travail et quand je suis obligée d’aller voir mes amis parce qu’à un moment, faut être sociable.” Et c’est cette vie normale qui lui offre une inspiration simple et directe. “L’important pour moi, c’est d’être authentique, que l’album me ressemble, que j’en sois fière, qu’il montre plusieurs facettes de moi-même et que je m’y sente bien.”
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La recherche de l’authentique
Au final, il y a un sujet qui sert de pivot dans ce troisième album, un maître-mot : la confiance. Que ce soit avec la trahison, la désillusion, la confiance en soi, l’oubli ou bien l’abandon dans les bras de l’être aimé, la confiance reste la grande constante dans la musique d’Aya. Savoir à qui et quand la donner, savoir aussi quand la reprendre.
Tous ses morceaux parlant d’amour mettent en avant sa surprise de se laisser aller, son désir de ne pas retomber dans les mêmes pièges, de refaire les mêmes choix. Même dans “La Machine”, qui parle plutôt des relations amicales ou du regard des gens en général, la chanteuse questionne cette confiance et la déception naturelle qui peut en découler. Aya se livre avec des mots simples qui semblent anodins alors qu’ils dévoilent la vision de la vie de la chanteuse. Mais sans en faire des caisses.
Aya est un modèle accessible, ses paroles sont écrites dans le langage courant comme une discussion entre copines. “J’essaye de me délivrer juste ce qu’il faut, pas trop mais un peu, par petites touches. En vrai, je ne calcule pas, je fais tout au feeling.” Les auditeurs peuvent se reconnaître facilement dans les succès, les émotions, les peines et les galères d’Aya car elle est le symbole de la femme moderne en France, sans que cela soit un fardeau.
Et sa véritable force se trouve là, dans cette possibilité d’être elle-même, dans sa musique ou sur un plateau, sur les réseaux sociaux comme dans la vie. Aya est un troisième album sans concession qui joue avec toutes les parties de la personnalité d’Aya, solaire, indépendante et pleine de confiance, avec quelques fêlures qu’elle toise avec sérénité. “C’est ce que je retiens de ma famille et de la culture au Mali, c’est convivial et c’est sage aussi, une maturité, une joie de vivre, une sagesse.” Sans prise de tête.