Alors que l’excellent Julie (en 12 chapitres) est actuellement diffusé dans les salles obscures, la France découvre – ou redécouvre – le talent du réalisateur norvégien. Nouvelle donne (Reprise), son premier long-métrage qui filmait le portrait morcelé d’un tout jeune Anders Danielsen Lie, ici écrivain interné en psychiatrie, est ressorti en salles le 8 novembre dernier. Arte a alors profité de cette actualité favorable à Trier pour diffuser Thelma, son quatrième long-métrage boudé par la critique et le public, disponible en replay sur la plateforme ArteTv jusqu’au 14 novembre.
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Après un passage par les États-Unis avec Back Home, et avant de clôturer sa trilogie d’Oslo avec Julie (en 12 chapitres), son lumineux troisième opus, le cinéaste scandinave faisait une incartade par le fantastique et brossait un premier portrait de femme libre.
Il posait également une nouvelle pierre à l’édifice de son exploration de la mort et de la maladie, qui jalonnent son œuvre. Alors que le suicide hante Oslo, 31 août et Back Home, et que l’addiction et la maladie planent au-dessus d’Oslo, 31 août et Julie (en 12 chapitres), ce sont les troubles psychiatriques qui viennent nourrir Nouvelle donne et Thelma.
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La Thelma du titre est une jeune étudiante norvégienne, incarnée par Eili Harboe, timide, catholique et entourée de parents omniprésents. Elle est victime de crises soudaines, qui s’apparentent à de l’épilepsie et semblent se renforcer en présence de l’énigmatique Anja (Okay Kaya).
Mais la neurasthénie de Thelma est en réalité la manifestation de pouvoirs surnaturels, qu’elle utilisera pour s’émanciper de ce carcan puritain, façon Carrie au bal du diable de Brian De Palma – une inspiration assumée pour Trier, qui nous livre les informations sur son héroïne et son étrange famille au compte-gouttes, et ménage donc le suspense de bout en bout.
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Avec Thelma, le cinéaste assume son attirance pour le genre, mais manipule le surnaturel avec beaucoup de précaution et le distille par petites touches dans ce récit d’émancipation adolescent. Dans Julie (en 12 chapitres), il renouvelle son intérêt pour le fantastique, dont il parsème son long-métrage au sein d’une ville figée, pour que son héroïne puisse s’adonner à un baiser adultère ou dans une scène de trip sous champignons mémorable.
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Thelma est injustement boudé dans la filmographie de Trier, mais complète pourtant à la perfection le puzzle de son cinéma fondé sur la mort, la psychose, une muse au masculin, des femmes libérées, et Oslo, sa ville de cœur.