Avant de gagner sept Oscars, Shakespeare in Love a perdu des millions et… Julia Roberts

Publié le par Manon Marcillat,

Avant la cérémonie de dimanche, le producteur Edward Zwick raconte la difficile fabrication du film culte.

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Meilleurs costumes, meilleure musique, meilleure direction artistique, meilleur scénario original, meilleure actrice dans un second rôle, meilleure actrice pour Gwyneth Paltrow et meilleur film : ce sont les sept Oscars remportés par Shakespeare in Love en 1999. Mais — comme souvent — le sacre se fera au prix d’une production mouvementée dont le producteur du film, Edward Zwick, raconte les coulisses dans un long essai publié dans les colonnes de Air Mail.

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Gwyneth Paltrow aurait pu ne jamais recevoir son unique Oscar à ce jour, remporté à l’âge de 27 ans, puisque le rôle de Viola De Lesseps était à l’origine destiné à Julia Roberts. C’est après plusieurs réécritures de scénario qu’Universal acceptera de financer le film à une seule condition : que l’actrice de 24 ans accepte le projet. “Je sais désormais qu’elle n’avait pas lu le scénario mais la possibilité d’avoir Pretty Woman en corset a suffisamment excité le studio qui a mis la main à la pâte”, écrit Zwick dans son essai.

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L’actrice acceptera mais en imposant, elle aussi, ses conditions. Elle exigera que le rôle de William Shakespeare revienne à l’acteur britannico-irlandais Daniel Day-Lewis. “Il est brillant, il est beau, il est intense et il est tellement drôle ! Tu as vu sa performance dans Chambre avec vue ? Il a également déjà joué du Shakespeare. Tu ne penses pas qu’il serait parfait ? Je peux faire en sorte qu’il accepte”, assurera-t-elle à Edward Zwick qui raconte leur conversation dans les colonnes d’Air Mail.

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Elle lui fera alors parvenir 12 roses rouges ainsi qu’un mot, “Be my Romeo” mais sans succès, Daniel Day-Lewis étant déjà engagé sur le tournage d’Au nom du père. Le producteur rencontrera “tous les acteurs d’Angleterre” pour trouver un nouveau partenaire de jeu à Julia Roberts — Ralph Fiennes, Russell Crowe, Hugh Grant, Rupert Graves, Colin Firth, Sean Bean et Jeremy Northam — mais aucun n’aurait trouvé grâce aux yeux de l’actrice.

Elle acceptera finalement de se plier à l’exercice du “chemistry read” — une lecture du scénario pour tester l’alchimie entre deux acteurs — avec Ralph Fiennes lors d’essais “désastreux” dont se souvient le producteur. “Julia n’était pas là, Ralph a tout fait pour avoir droit à son célèbre sourire mais elle ne l’a pas calculé. Tout ce qu’elle m’a dit après la lecture c’est : ‘Il n’est pas marrant’.”

Au lendemain de nouveaux essais catastrophiques avec Paul McGann, l’actrice se retirera définitivement du projet Shakespeare in Love sans autre forme de procès, alors que 6 millions de dollars avaient déjà été engagés pour la fabrication des décors et des costumes. La production est alors interrompue, Universal mettra en vente les droits du projet qui seront rachetés par Miramax, les studios d’Harvey Weinstein.

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Edward Zwick n’a jamais reparlé à Julia Roberts mais admet, en conclusion de son essai, avoir fait “l’erreur tragique de sous-estimer son insécurité. Elle venait d’être catapultée au sommet d’Hollywood et devait être terrorisée d’échouer. Mais je n’ai jamais réussi à communiquer avec elle.”

Le rôle de Viola De Lesseps reviendra donc à Gwyneth Paltrow qui donnera la réplique à Joseph Fiennes, le frère de Ralph Fiennes, dans le rôle de William Shakespeare. Et on connaît la suite.