Sur l’odorante ligne 5 du métro parisien, le dress code est inhabituel. Partout, des jeunes femmes avec des nœuds en satin blanc dans les cheveux, des cuissardes aux pieds et, pour parfaire l’outfit, idéalement, une jupe d’écolière. Il n’y a pas de doute, je suis dans la bonne direction pour aller voir Madison Beer au Zénith de Paris ce mercredi 20 mars.
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La chanteuse, vous la connaissez au choix pour sa musique (son banger “Make You Mine” est PAR-TOUT sur TikTok, ce qui crée chez nous un sentiment qui se situe quelque part entre l’obsession et l’overdose), pour ses lives sur Twitch, où les viewers ignorent parfois qu’elle est chanteuse pu pour sa DA, quelque part entre la douceur, la coquetterie et le sexy. “Moi, j’avoue je suis surtout là pour son physique plutôt que pour ses sons”, me confiera l’un de mes voisins de gradin, gêné par son propre aveu.
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C’est une justification honnête mais pas fofolle voire carrément misogyne (bien que l’inverse soit parfois tout aussi vrai avec artistes du genre masculin), ce qui ne l’empêchera toutefois pas de bouger du bassin de moins en moins timidement au gré des titres, mais nous y reviendrons un peu plus tard.
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Celle qui fut révélée, entre autres, par un tweet de Justin Bieber (le Canadien avait crushé sur ses covers sur YouTube, et, fun fact, il avait lui-même été repéré de la sorte) débarque après un compte à rebours quasi interminable sur l’envoûtant “Home to Another One”. Ça tombe bien pour, pour l’occasion, l’arrière-plan est cosmique et renvoie à d’autres galaxies. Bon, côté décor, on est loin d’un film de Christopher Nolan. La chanteuse se contentera d’un escalier dont les marches changent de lumières selon ses pas et morceaux chantés.
S’enchaîneront alors les morceaux que le public, décidément composé de fans hard-core, connaît par cœur – je n’avais quasi pas révisé, oups. Côté fosse, on peut voir des ados bouger de part et d’autre, main dans la main. Une enfant avec des oreilles d’elfe (j’accuse clairement la mère de ne pas connaître la DA de la chanteuse et d’avoir acheté le premier item “mignon” au hasard) se dandine sans souffler. Ma voisine de devant se déhanche aussi, d’une manière adorable, comme si elle s’échauffait avant un cours d’EPS.
High note, chialade et wedding planner
Côté scénique, rien de grandiloquent. Madison Beer multiplie les Insta faces, très à l’aise, et n’a pas à faire grand-chose pour rendre amoureux le public, déjà piqué au point de penser préparatifs du mariage. Un coup de pied dans le vide et hop, une personne s’évanouit, une autre est en chialade près des vigiles. Côté vocal, c’est souvent impeccable : la jeune femme envoie, bien qu’elle s’égare de temps en temps, du moins selon mon +1 qui adore chipoter.
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Perso, je suis agréablement surprise, oubliant souvent à tort sa puissance vocale quand l’Américaine arrive à se concentrer. Le pivot central est fait de ballades parfois même jouées au piano. Acmé de ce moment plus sensible, le titre “Reckless” que mon voisin cité plus haut semblait d’ailleurs attendre impatiemment. Le public hurle le poing levé “How could be so reckless with my heart” et j’ai l’impression d’être à un concert d’Olivia Rodrigo ou Billie Eilish constitué d’ex revanchards (dont je ferais clairement partie !), même si comparaison n’est pas raison.
@shellyjohnsson @madison #socoquette🎀🛍️💗🌸🏩 #madisonbeer #live #show #concert #reckless ♬ son original - Shelly
Eh oui, au risque de me faire clouer au pilori, attachée par des petits nœuds en satin par sa horde de fans (le Zénith était full, sachez-le), je suis restée frustrée et sur ma faim. Le catalogue de Madison Beer manque encore de bops nerveux et musclés à m’en faire perdre des fluides corporels par litres et je ne parle que de sueur et de larmes, bien entendu. Évidemment, il y a le cité plus haut “Make You Mine” qui a eu droit à son quota de stories Insta et TikTok en pagaille, transformant la salle de concert en night club pendant moins de trois minutes. L’entêtant “BOYSHIT”, qui reprend tous les codes de la pop actuelle et 2000 à la fois. Mais je ne sais pas, il me manque un petit “je ne sais quoi” pour me jeter dans la fosse et être satisfaite à 100 %.
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Alors que je quitte la salle, je rencontre une palanquée de darons très mimis qui attendent leurs enfants. Je me dis que je ne suis peut-être pas la cible, tout simplement. Je vois une maman en blouson rouge et nœud dans les cheveux assortis, sans doute pour coller au mieux à la DA de l’idole de son gosse. Rien que pour ça, j’estime que j’ai renta mon déplacement. Je n’ai jamais rien vu d’aussi chou et je comprends plus que jamais ce que signifie l’expression virale : “so coquette”.