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Faire face au mépris
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“L’autre soir, j’ai regardé les Oscars, et les seules personnes jaunes dans la liste étaient les statues” – Dumbfoundead, rappeur coréano-américain, dans “Safe”
Mes modèles n’étaient donc jamais ceux qui me ressemblaient le plus, mais ceux qui ressemblaient le moins aux autres. Pour cause, beaucoup d’Asiatiques trouvent un écho particulier dans le combat des minorités qui essaient également de donner de la voix à leur cause. C’est en grande partie pour cette raison que nous sommes nombreux à avoir eu un petit crush pour le rap, quand il n’était pas encore mainstream. L’idée de marginalité et d’exclusion par rapport à une majorité, développée par de nombreux rappeurs, rallie en effet beaucoup d’Asiatiques.
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En quête d’acceptation
Ce désintérêt, ce mépris pour mes origines, je m’y étais résigné à l’adolescence. Quelle n’a donc pas été ma surprise, lorsque j’ai un jour appris que des chanteurs coréens donnant un concert à Paris avaient vendu 5 000 places… en un quart d’heure. On est alors en 2011 et la déferlante K-pop allait débarquer pour la première fois en France.
La K-pop a été un vaste chaudron, dans lequel je me suis totalement noyé pendant mes années collège. En tant que jeune Coréen, apprendre qu’un public s’intéressait à ma langue maternelle, mon pays natal et ma culture a été réellement salvateur. Cependant, à l’époque, la pop coréenne n’avait pas encore rencontré son succès explosif d’aujourd’hui et n’était écoutée que par un petit nombre de marginaux. Pour le grand public, elle restait une mode étrange de quelques adolescents en manque de repères.
Je devais bientôt faire face à un cruel paradoxe. Apprécier la K-pop, ce n’était pas mettre en valeur mes origines, mais, aux yeux de la majorité, me marginaliser davantage, et fatalement donner une raison de me ramener une nouvelle fois à ma position d’éternel étranger. C’est lorsque j’ai été épuisé d’entendre “t’es asiat, tu dois forcément aimer la K-pop” que j’ai décidé de m’en détacher.
S’en est donc suivie une longue période de déni. Je me suis résolu à juger le film Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu drôle, alors qu’il me soufflait gentiment que le racisme que je subissais était valide, tant que l’intention n’est pas vraiment méchante. J’ai décidé d’excuser Kev Adams pour son sketch sur les “Chinois”, car “on peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui”. Et puis le rire du public en réponse aux “imitations” de l’humoriste m’avait fait comprendre que c’était moi qui étais trop susceptible.
Embrasser son identité
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