Cet article sera aussi fourni en spoilers que le dressing de Carrie Bradshaw en Manolo Blahnik.
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N’y allons pas par quatre chemins. Non, la saison 2 d’And Just Like That…, la suite de Sex and the City, n’est toujours pas une fiction qualitative qui mérite le détour. Et pourtant, oui, l’autrice de ces lignes continue assidûment de la regarder, malgré les nombreux défauts et clichés qu’elle s’apprête à vous citer – team on se lasse jamais de nos ex toxiques, tu connais.
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Certain·e·s sérivores nous rétorqueront peut-être – à raison – que la première salve d’épisodes ne volait déjà pas bien haut. Pas faux. Mais la saison 2 ose aller encore plus loin dans le foutage de gueule – navrée, mais j’en suis si excédée que la grossièreté ne peut que pointer le bout de son nez. Et comme je suis, à mon grand désarroi, Taureau, c’est-à-dire pragmatique et juste ce qu’il faut d’ordonnée, je vous justifie mon aigreur et ma déception en quelques points cruciaux.
Une inclusivité au mieux inutile, au pire… détestable
Son obsession, qui était déjà présente dans la première saison ? Coller avec 2023, l’ouverture d’esprit, la représentation et l’inclusivité. Car autant la série Sex and the City (ainsi que ses films… enfin, le premier) demeure un objet de culte (et de culture), autant le tout a furieusement mal vieilli. Aujourd’hui, difficile d’imaginer un programme centré sur les caprices désuets d’une bande de copines blanches, cis, hétéros et toutes assez aisées financièrement pour ne pas connaître l’odeur d’urine et de rat du métro new-yorkais.
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Du coup, on n’y va pas avec le dos de la cuillère. Au trio Carrie, Miranda et Charlotte (Kim Cattrall, aka Samantha, ayant préféré ne pas reprendre du service… sauf pour un caméo en fin de saison 2) s’ajoutent : Che Diaz (Sara Ramirez), humoriste non binaire ; Seema Patel (Sarita Choudhury), qui gère un empire de l’immobilier ; ou encore Lisa Todd Wexley (Nicole Ari Parker), documentariste qui a à cœur de donner la parole aux femmes noires. Le problème, c’est qu’au mieux, ces personnages ne servent à rien, si ce n’est à cocher la case “diversité”.
On voit très peu Lisa, et quand c’est le cas, c’est le plus souvent en tant que mère et épouse débordée par son travail et ses enfants – même si elle a droit à un ou deux moments iconiques où elle s’affirme en tant que femme noire et powerful, on le concède. Mais quid de Nya Wallace (Karen Pittman), professeure émérite à Columbia ? Cette saison ne lui donne que peu de place et se concentre essentiellement sur ses plans cul qui lui servent à se consoler de son divorce avec un amant obsédé par la maternité. Il y avait pourtant beaucoup à dire. Sacré glow down.
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Mais la pire partition reste sans contestation possible… celle de Che. Un personnage vivement critiqué par le public dès sa première apparition. Extrêmement mal écrit, le personnage de Che est détestable, égoïste, cupide et n’a de cesse de critiquer Miranda sur tout et rien à la fois, ayant pourtant conscience dès le début que la quinquagénaire a une famille à gérer. Che utilise sa crise existentielle et identitaire comme inspirations pour des sketchs plutôt malvenus. OK, il est toujours appréciable d’avoir un personnage non binaire avec une telle importance dans le scénario, mais à quel prix ? Que gagne le public concerné avec un exemple aussi peu gracieux ? La question se veut quelque peu rhétorique, vous vous en doutez. Mais attendez, le pire reste à venir.
Carrie et Aidan, vraiment ? Vous n’avez pas honte ?
C’est sans doute l’arc le plus révoltant dans cette deuxième salve d’épisodes. Aidan est de retour, et pas seulement en mode fan service. Alors certes, les vrai·e·s le savent, il avait déjà passé une tête dans le second film, comme un mirage à Abu Dhabi, pour une Carrie quelque peu délaissée par son époux vieillissant. Mais ici, ce n’est pas juste une apparition furtive et un baiser regretté car regrettable, non : Carrie (qui a trompé et quitté le boug, rappelons-le), lui envoie un mail “what’s up?”, juste comme ça, car elle s’ennuie. L’intéressé répond et hop hop hop, les deux se retrouvent, c’est à nouveau l’amour fou à base de sexe interdit dans un Airbnb (illégal à New York) et de nostalgie mielleuse. À nouveau, on se dit que c’est incohérent, même si pas tant que ça. Ils ont déjà essayé deux fois, et à chaque fois Carrie a préféré Big. Mais bon, jamais deux sans trois, non ?
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Aidan n’a pas changé. Physiquement, peut-être, les années ont passé. Mais il reste le mec profondément respectueux, conservateur, un peu boring, doux mais surtout très modeste. Enfin un éternel romantique préférant rester avec des poules à la campagne plutôt que de flamber dans un hôtel luxueux à Los Angeles ! C’est peut-être pour ça que Carrie balance à Miranda une bombe de manière totalement anodine : et si elle n’avait pas fait le bon choix, en partant avec Mr. Big ? Non mais, sérieusement, Carrie ? Tu nous as fait la promotion de la relation toxique absolue pendant six saisons et deux films pour nous pondre cette épiphanie qui, aussi légitime soit-elle, sonne comme une trahison ? Va te faire f*****, Carrie Bradshaw.
Outre-Atlantique, ce dialogue a fait mouche et de nombreux·ses essayistes se sont agacé·e·s, rappelant que par la faute de Darren Star, créateur de la série Sex and the City, de nombreuses femmes ont modelé des idéaux plus bas que terre (on exagère à peine), voyant l’instabilité et l’indifférence comme de la fougue et du mystère. Il s’agit peut-être là d’une sorte de mea-culpa maladroit de la part du showrunner Michael Patrick King, trop conscient de ce que représente Big aujourd’hui, c’est-à-dire le red flag ultime, ou d’une manière chaotique de se désolidariser de Chris Noth, son interprète, accusé de viol. Et même si, dès l’épisode suivant, Carrie n’émet plus à voix haute cette théorie, il n’empêche que le mal est fait. Va-t-on continuer à souffrir longtemps ainsi ? Plus que probable. Une saison 3 a d’ores et déjà été confirmée… Et ça sera probablement sans nous, du moins, sans moi. I’m sorry. I can’t. Don’t hate me.
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