Alerte malaise : Sex/Life saison 2 reste une montagne de moments érotico-cringe qu’on adore escalader

Publié le par Mélissa Chevreuil,

Capture d’écran Youtube Netflix

Ou le plaisir (très) coupable à son prime. Mais après tout, il n’y a pas de mal à se faire du bien.

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“Cette série me dégoûte mais en même temps, je ne sais pas, elle me fait du bien…” Cette phrase prononcée par mon amie Camille, à qui je dédie cet article, résume plus que jamais la saison 2 de Sex/Life. Pour échapper à la torpeur d’un état grippal, je me suis réfugiée dans le binge-watching de la saison 2 de la série “olé olé” de Netflix, disponible sur la plateforme depuis début mars. Et si, à certains égards, elle est en deçà de la première saison sortie en 2021, le réconfort qu’elle procure demeure le même. C’est à la fois d’un niveau de malaise à son zénith, vous forçant à vous cacher les yeux derrière un oreiller, et en même temps totalement captivant, voire intelligent (rarement, certes, mais cela arrive).

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Attention, la suite de ces lignes sera aussi généreuse en spoilers que la fiction en scènes gênantes.

En guise de piqûre de rappel, la série suit les tribulations sentimentales (mais surtout sexuelles) de Billie qui, dans cette nouvelle saison, dit ciao bye-bye quatre jours par semaine à sa banlieue étriquée du Connecticut, ses pinecos blasées de jouer les “parfaites ménagères”, ses deux enfants… et embrasse le divorce et la liberté. Pas de bol pour elle, le “torturé” Brad, aka l’amour toxique de sa vie, est déjà pris, et surtout bientôt papa ! Le pseudodestin lui fait rencontrer un autre homme, Majid, qui possède un resto notamment détenu par… le même Brad. Vous le sentez, le bourbier ? Ajoutez à cela l’ex-époux Cooper qui a bien du mal à tourner la page, trouvant d’abord refuge dans les bras de sa manageuse Francesca avant d’enchaîner les coups d’un soir. De son côté, Sasha, la bestie de Billie, vit sa meilleure vie : sa carrière décolle tous azimuts et elle est reconnue comme une vraie plume féministe, future figure de proue de sa génération. C’est à ce moment que “repop” Kam, son amour de jeunesse, qu’elle avait quitté pour se consacrer à sa propre carrière.

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Grotesque, exagéré, surjoué

Un scénario évidemment pas signé David Lynch qui n’est qu’un prétexte pour une succession de scènes de fesses flirtant avec les origines mêmes du mot “malaise”. On regrette d’ailleurs une baisse de “qualité” (on abuse fort, on sait) entre la saison 1, plutôt riche en cunnis et autres pratiques, et cette saison 2, qui se résume souvent à une pénétration très rapide en missionnaire avec deux amants hurlant à l’orgasme à l’unisson. Niveau crédibilité, on repassera, et en même temps, ce n’est clairement pas dans la charte édito du programme. Tout est grotesque, exagéré, surjoué.

La passion de Cooper ? Se faire surprendre en pleine action dans un bureau par ses chefs ou chez lui par ses enfants alors qu’il est menotté, le corps vide de tout charisme, gisant quelque part sous sa voisine mariée à son meilleur ami. Autre exemple aux sommets du kitsch : quand Billie rend visite à Brad. Celle-ci est incapable de se concentrer tant chaque endroit de l’appartement (le canapé, la douche, même un mur… Un mur, bon sang !) lui rappelle leurs copulations dantesques. Enfin, notre fav : quand Cooper, ivre de neige dans le nez et de regrets, provoque un accident de la route avec sa voiture de sport. L’accident est en fondu enchaîné avec des images au ralenti de Billie qui couche avec son nouveau petit ami. Une belle métaphore de la vie et de la mort, et de comment l’homme ne saurait résister à ses pulsions et ses turpitudes quand… Non, on déconne. C’est juste si cheap qu’on ne sait s’il faut sourire ou en chialer. Pour cette scène, on a refusé de trancher, puisqu’on a pleuré de rire. Et pourtant, on en redemande. Mais pourquoi ?

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Assurément, ces scènes ne nous émoustillent guère, même si cela doit bien être le cas pour une certaine frange du public. Il y a peut-être de l’ordre du masochisme. Et aussi de la prouesse personnelle. Pas peu fiers d’avoir survécu à une autre scène bien cringe, on bombe le torse, on s’essuie le front et on s’apprête à affronter la prochaine, non sans crainte. Sex/Life est même de ces séries qui donnent envie de créer une conv commune avec les potes juste pour bitcher le jeu soapesque des acteurs ou commenter le énième rapprochement improbable formé après cinq minutes de conversation bidon entre deux commandes de rāmens. Et si la série est un plaisir coupable, elle a aussi quelque chose de secret qui peut (presque) s’avérer excitant. Preuve en est, je n’en menais pas large quand je l’ai proposée comme sujet en conférence de rédaction, où l’on parle plus volontiers de The White Lotus, The Last of Us ou Succession.

Billie, la nouvelle Mona Chollet ? (Non)

Cela est fort dommage car dans cette série, et en étant full premier degré, tout n’est pas à jeter. Comme dans la saison 1, il est toujours très intéressant de suivre les désirs pointés du doigt d’une mère de famille tantôt considérée comme maudite par ses envies, tantôt bénie par ses amies. On gagne également en représentation avec un peu plus de personnages racisés et de corps différents (si Majid n’est pas laid, il est loin de représenter les codes de beauté occidentaux véhiculés par les musclés et toujours impeccablement coiffés Brad et Cooper).

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Comme c’est souvent le cas, c’est un personnage secondaire qui est le plus intéressant, ici Sasha. Alors qu’elle déploie toute une stratégie marketing autour de son indépendance, elle ne sait comment exposer aux journalistes et à Twitter son couple des plus classiques avec son mec médecin. Une relation où chaque preuve d’affection plus ou moins élégante (une main sur la bouche posée avec humour et tendresse), une fois sortie du cadre privé pour truster les trends Twitter, prend des airs de domination patriciale. Le dilemme moral est plutôt bien étudié même si, évidemment, on est loin d’un podcast ou d’un livre signé Mona Chollet.