Alerte : la K-pop va encore être la musique la plus influente en 2020

Publié le par Hong-Kyung Kang,

Photo de la page Facebook officielle de Blackpink

Avant de faire un état des lieux de la pop coréenne d'aujourd'hui, un retour sur son histoire s'impose.

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La K-pop est aujourd’hui plus populaire que jamais et toute la planète est sous le charme de la culture coréenne. Cependant, force est de constater que l’histoire de cette industrie, déjà vieille de presque 30 ans, est assez méconnue en France.

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Aujourd’hui, personne ne semble d’accord sur ce que le terme “K-pop” désigne. Le mot fait référence à toute la musique populaire produite en Corée du Sud dès lors qu’elle rencontre un succès à l’international, même lorsque la musique en question n’est pas de la pop. Une appellation qui résulte d’une longue histoire de croissance et d’expansion du genre.

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Avant les BTS et autres Blackpink, des dizaines de groupes et chanteurs ont ouvert la voie et contribué à ce mouvement désormais planétaire. Forte de son riche bagage et de ses artistes toujours plus polyvalents, la K-pop semble aujourd’hui bien installée dans le paysage musical mondial.

Seo Taiji and Boys : le commencement

Le 11 avril 1992, le groupe Seo Taiji and Boys, trio composé des chanteurs et performeurs Seo Tai-ji, Yang Hyun-suk et Lee Juno, joue pour la première fois le titre “Nan Arayo” (littéralement “Je sais”) à la télévision nationale coréenne, dans une émission qui consiste à ce qu’un jury note et apprécie les dernières sorties musicales devant les artistes.

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La performance de Seo Taiji and Boys laisse les jurés sur leur faim : ces derniers déplorent notamment un manque de variété vocale au détriment du rap et surtout de la danse, et des paroles qui privilégient la rythmique au sens. Si le trio obtient tout de même la note de 7,8/10, personne dans le studio ne se doute qu’on vient tout bonnement d’assister… à la naissance de la K-pop telle qu’on la connaît aujourd’hui.

Le titre “Nan Arayo” rencontre immédiatement un monstrueux succès national et propulse Seo Taiji and Boys au sommet des charts du pays. Alors inspiré de la mouvance new jack swing des États-Unis, un style musical à mi-chemin entre le hip-hop et le R’n’B, le trio se fait ambassadeur d’un genre musical encore très peu connu en Corée du Sud. C’est la première fois que le grand public local est confronté à un morceau aux sonorités urbaines qui mêle chant, rap et danse. Une véritable révolution musicale est alors entamée.

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Adulé par la jeunesse coréenne, le groupe sortira en tout quatre albums qui marqueront l’histoire de la musique du pays. Le trio se plaît à emprunter des chemins artistiques jusqu’alors inexplorés en Corée, en habillant ses chansons de diverses sonorités alors relativement méconnues des locaux comme le rap, la dance et même le rock. Alors que le trio se sépare en 1996, la trace qu’il a laissée sur la culture populaire coréenne est désormais indélébile.

Les années 1990, le début des idols

En février 1995 est fondé le label musical SM Entertainment. Rapidement, l’agence organise des auditions que viennent passer de jeunes aspirants artistes. Parmi les candidats, seuls les meilleurs chanteurs et danseurs, et ceux qui ont un physique avantageux, sont retenus. Les élus passent ensuite un contrat avec l’agence qui leur donne des cours de chant et de performance avant de les faire débuter en groupe. Le système des idols est né.

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SM Entertainment produit alors deux groupes, un boys band et un girls band, qui marqueront le début de l’effervescence des idols. Ainsi voient le jour H.O.T. (pour High-five of Teenagers), en 1996, composé de six garçons, et S.E.S. (les initiales des membres du groupe), en 1997, qui compte trois performeuses. Un succès fulgurant accueille cette toute première génération d’idols.

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Des sonorités et des chorégraphies qui ont subi l’influence de Seo Taiji and Boys, mais également celle de la pop dance occidentale. Couplée à des visuels propres, à la culture populaire coréenne et exposant des tenues et des mimiques “cute”, la recette ne peut que prendre.

Le public coréen est désormais bien habitué à ces artistes à la présentation parfaite, et leurs chorégraphies frénétiques qui viennent appuyer des morceaux toujours plus catchy. D’autres agences voient alors le jour et de nouveaux groupes prennent le pas, parmi lesquels on peut citer le girls band Fin.K.L, qui débute en 1998.

Les années 2000 : la seconde génération, l’hégémonie des “Big 3”

SM Entertainment devient le label musical le plus prospère en Corée du Sud. Bientôt, deux agences viennent lui faire concurrence. La première, YG Entertainment, est fondée en 1996 par un certain Yang Hyun-suk, qui n’est autre qu’un ancien membre de Seo Taiji and Boys. La deuxième, qui voit le jour en 1997, est JYP Entertainment, créée par l’artiste Park Jin-young.

Ces trois agences installent rapidement leur hégémonie sur l’industrie musicale coréenne. Si d’autres labels voient le jour, ils resteront longtemps dans l’ombre de ceux qu’on appelle, aujourd’hui encore, les “Big 3”.

SM Entertainment continue sur sa lancée en produisant les boys bands TVXQ (2003) et Super Junior (2005), et le girls band Girls’ Generation (2007). Ce dernier groupe marque un record avec sa chanson “Gee”, qui restera neuf semaines consécutives à la première place des charts de KBS, une chaîne de télévision nationale.

JYP réplique avec le chanteur Rain, qui débute avec son album Bad Guy en 2002. De son côté, YG Entertainment lance le groupe Big Bang en 2006, boys band dont le titre “Lies” connaît un succès fulgurant en 2007.

La K-pop prend peu à peu la forme qu’on lui connaît actuellement. Des clips colorés, des coiffures soignées, des mélodies entraînantes et des danses qui donnent envie de les reproduire : la pop coréenne impose rapidement sa signature.

C’est également à cette époque que le nom de “K-pop” se popularise. En effet, grâce à YouTube, les auditeurs du monde entier commencent à découvrir les artistes coréens, et le mouvement se propage en dehors de la péninsule. Force est donc de constater qu’il faut un nom identifiable pour ce nouveau style de musique, et le nom de “K-pop” (pour “Korean pop”) est alors adopté.

Les années 2010 : la déferlante coréenne

La K-pop des années 2010 est déjà plus connue du public français. Le début de la décennie est marqué par des groupes influents tels que 2NE1, Fx, Miss A, 2pm ou Kara. Le style a alors pris la forme qu’on lui connaît actuellement, et son évolution dans le fond n’est désormais plus révolutionnaire. La K-pop s’est trouvée, il ne lui reste qu’à s’épandre.

En 2013, le label Big Hit Entertainment, fondé par Bang Si-hyuk, ancien compositeur pour JYP Entertainment, lance le boys band BTS. Le groupe ne rencontre alors qu’un succès modéré. À l’époque, c’est un boys band parmi tant d’autres et personne (ou presque) ne semble miser sur le succès international de BTS.

Les années 2010 sont le théâtre d’une véritable expansion de la K-pop dans le monde. En France, on peut citer le SMTOWN, concert regroupant les artistes de SM Entertainment, qui a lieu pour la première fois à Paris en 2011. À l’origine, une seule date est prévue, et les 5 000 places se vendent… en un quart d’heure. Dépités, les fans français se regroupent lors d’un flashmob au Louvre afin de demander une seconde date. Leur vœu leur sera exaucé.

La suite est connue de beaucoup. Des groupes comme Exo (2012) ou Got7 (2014) rencontrent rapidement un succès international et participent au rayonnement de la K-pop à l’étranger.

En 2016, YG Entertainment lance le girls band Blackpink, qui est rapidement adulé de tous, en Corée comme à l’étranger. Le girls band est aujourd’hui un des groupes coréens les plus influents dans le monde.

En 2017, le groupe BTS obtient le prix du Meilleur artiste social aux Billboard Music Awards. La renommée de la pop coréenne n’est désormais plus à faire.

Qu’en est-il de la K-pop aujourd’hui ?

Le terme de K-pop est aujourd’hui utilisé, surtout à l’étranger, pour désigner toute la musique populaire coréenne. Aujourd’hui, l’appellation semble assez confuse, et divers styles musicaux qui n’ont pas de rapport avec cette dernière sont regroupé sous cette étiquette dès lors que le succès est au rendez-vous.

Ainsi, certains artistes qui se revendiquent d’autres genres, notamment du rap, sont parfois rangés dans cette catégorie. On pense notamment au cas de Zico, ancien leader du boys band Block B, qui a longtemps souffert de son image d’idol, considéré comme étant trop édulcoré pour être un rappeur.

Jay Park, rappeur et ancien membre du groupe 2pm, a fondé son propre label de musique, AOMG, en 2013. Aujourd’hui producteur de plusieurs artistes talentueux comme Loco ou Gray, Jay Park est profondément installé dans la scène musicale alternative coréenne, qui fait aujourd’hui concurrence aux groupes d’idols.

Du côté des boys bands et girls bands plus traditionnels, les idols ne sont pas en reste. Le clip du titre “Boys with Luv” de BTS, en collaboration avec Halsey, atteint un nouveau record sur YouTube en 2019 : 70 millions de vues en 24 heures.

Que peut-on attendre du futur ?

Avec le succès foudroyant et mondial que connaît la K-pop aujourd’hui, les agences coréennes ne sont pas près d’arrêter de produire des groupes d’idols.

En 2019, SM Entertainment lance le groupe SuperM en collaboration avec le label américain Capitol Music. Ce boys band est en fait un “super groupe”, composée de membres d’anciens groupes qui ont été populaires en Corée du Sud. Un projet à la hauteur de l’ambition de SM Entertainment et qui rappelle l’adage : “On ne change pas une équipe qui gagne.”

Le public actuel reproche beaucoup de choses à la K-pop. Les sonorités ressemblent de plus en plus à ce qui se fait outre-Pacifique, et le genre semble avoir perdu son côté authentique, et sincèrement coréen, qui faisait son charme à ses débuts.

En cause, peut-être la multiplication des collaborations entre artistes américains et coréens. Si elles permettent l’aboutissement de nouvelles propositions musicales, beaucoup déplorent le fait que ces nouvelles propositions artistiques diluent trop les caractéristiques de la K-pop dans des genres qui sont déjà bien connus des Occidentaux.

Quoi qu’il en soit, le site Kpopmap annonce déjà les groupes qui vont débuter en 2020. Sont prévus notamment les boys bands B.O.Y et DKB et le girls band Cignature. Espérons que cette nouvelle génération saura maintenir la K-pop au sommet, en la renouvelant afin qu’elle ne perde pas de sa superbe.