D.U.C. a 5 ans : retour sur un album clé de la discographie de Booba, malgré lui

Publié le par Guillaume Narduzzi,

©D.U.C. – Booba

Le 13 avril 2015, Mr. Kopp dévoile D.U.C., un disque fait de fulgurances exceptionnelles et de tentatives moins abouties.

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“Si les meilleurs partent en premier, pourquoi suis-je toujours en vie ?” Après des mois faits de clashs avec Rohff, La Fouine, Kaaris (avec qui il signait le morceau culte “Kalash” trois ans plus tôt) ou encore Luz suite à ses propos sur Charlie Hebdo, Booba dévoile son septième album studio D.U.C. le 13 avril 2015. Une sortie teasée depuis des mois, alors qu’il rayonnait un an et demi plus tôt avec la réédition très réussie qu’était Futur 2.0.

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L’engouement est grand, les précommandes affluent. Quatre de ses singles parviennent à occuper les quatre premières places du classement français, du jamais vu. Preuve de l’attente considérable. Le duc souhaite prouver que son surnom n’est pas usurpé, et va offrir un disque à l’audace prégnante, mais pas toujours payante, fait de morceaux incroyables et d’expériences moins concluantes. 

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Toujours dans ce style caractéristique composé de punchlines éblouissantes, sans avoir de réels morceaux à thème (si ce n’est “Mon pays”), B2O multiplie les crochets. En témoigne la multitude de producteurs, parmi lesquels X-Plosive, DST ou Wealstarr. La démarche artistiquement progressiste est engagée par des prod’ résolument contemporaines, parfois expérimentales, toujours un peu plus loin du hip-hop originel auquel certains puristes vouent toujours aveuglément un culte plus de vingt piges après.

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Le radeau du ratpi

Cet album, dense, se révèle difficilement abordable en tant que tel, mais plus pertinent si on daigne le considérer comme un grand buffet où chaque auditeur vient se servir à sa guise. On retrouve sur ce disque-événement des morceaux qui font date dans la vaste discographie du duc de Boulogne, comme les exceptionnels “Tony Sosa” et “Bellucci” – avec un Future décidément au sommet en cette année 2015 – qui ouvrent l’album d’une trap sombre et incisive, mais aussi l’hymne mélodieux “OKLM” qui conclut parfaitement le projet. Entre ces tubes, on navigue comme un rapti sur des eaux déchaînées, quitte à s’égarer dans les méandres d’un disque sans réelle identité : un parti pris relativement assumé.

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Une légion de morceaux d’une redoutable efficacité comme “Mové Lang” avec Bridjahting et son protégé Gato, “Caracas”, “LVMH”, “Ratpis” avec Mavado ou encore “3G”, côtoie des expérimentations bien moins attendues. On peut notamment penser à cet essai reggaeton assez déstabilisant qu’est “G-Love” avec Farruko et l’ultra-mainstream “All set” avec Jeremih qui peine à convaincre.

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Des tubes calibrés pour la radio comme “Mon pays” et “La mort leur va si bien” viennent renforcer le corps du projet et lui assurer une base suffisamment stable pour assumer les aventures sonores de Booba, tandis que ses détracteurs continuent de s’épuiser inutilement sur l’importante place accordée à l’utilisation de l’autotune – un débat déjà dépassé il y a cinq ans, c’est dire. Le morceau bonus, un remix de “Loin d’ici”, est l’occasion de nouer les premiers liens avec Twinsmatic (dont le nouvel album vient de paraître), protagonistes précieux pour les prochains projets de B2O.

Un disque ô combien décisif

“Temps Mort 2.0” demeure un moment marquant de l’écoute, puisqu’on y retrouve le duc aux côtés de la légende d’Ärsenik, le lyriciste Lino, pour un titre au texte affûté au possible prouvant que Booba n’a rien perdu de son talent alors que certains l’imaginent déjà sur le déclin. D’autant plus que 2015 s’avérera être une année décisive dans l’histoire récente du rap français, avec l’arrivée de nouveaux candidats sérieux au Trône tant convoité.

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Immédiatement, D.U.C. se retrouve numéro un en France. Il compte aujourd’hui plus de 200 000 ventes et un très honorable double disque de platine, alors que la ferveur est fortement redescendue dès la seconde semaine de commercialisation. Cet accueil en demi-teinte (principalement critique) pour un projet d’un tel rappeur peut, en partie, s’expliquer par ces tentatives mainstream pénibles.

Elles vont aussi permettre à Booba de retenir la leçon et de revenir plus fort que jamais. Si l’album est un blockbuster parfois maladroit, souvent inconstant, fourmillant d’essais dont certains pas vraiment transformés, c’est également le laboratoire qui lui permettra de rebondir et de corriger rapidement le tir. Mais ça, on en reparlera dans quelques mois.