À la rencontre de Queen Mimosa 3, le créateur du son “Poop-Pop-Pute”

Publié le par Perceval Vincent,

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Photographe le jour, chanteur et performeur la nuit, Jonathan Icher, alias Queen Mimosa 3, est l’un des artistes les plus WTF du moment. Nous sommes allés à sa rencontre pour essayer de le cerner.

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Cet été, vous avez probablement vu passer le clip de “French Kiss”, le dernier single de Jonathan Icher, dans lequel il joue avec les stéréotypes sur les Français. Tout en anglais, pour mieux faire ressortir son accent bien sexy, “French Kiss” ironise sur nos us et coutumes. Béret sur la tête, la créature de la nuit qui se fait appeler Queen Mimosa 3 dévore un magnifique sandwich à la rosette, dans un décor bleu-blanc-rouge. Avec lui, nos couleurs nationales dansent à tout va. Ici, on ose, on revendique et on s’éclate. “C’est une vidéo à la fois ‘what the fuck’ et esthétique, entre la mascarade et le film de mode. Une grande mise en scène autour des stéréotypes français à l’international…”, assume l’artiste.

Jonathan Icher s’est créé le personnage de Queen Mimosa 3 en parallèle de sa carrière de photographe. Depuis 2009, il écrit les paroles, compose la musique et gère la direction artistique des clips qu’il poste sur YouTube (on en compte une vingtaine au total). “Au tout début, mon projet était une sorte de grande comédie musicale, avec plusieurs personnages. Je n’ai finalement gardé que celui de Queen Mimosa 3, tout en le faisant évoluer vers quelque chose de plus proche de ma personnalité. Une sorte de ‘moi’ avec encore moins de limites !”, souligne Jonathan avant de se confier davantage sur l’origine de ce nom : “Le pseudo ‘Queen Mimosa 3’ ne vient pas d’un fétichisme cheulou pour les œufs mimosas, mais plus simplement du livre Notre-Dame-des-fleurs, de Jean Genet.”

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Le choix de ce roman, qui est centré sur la vie d’un assassin de 16 ans et ses relations homosexuelles, en dit déjà long sur l’imaginaire gay de Queen Mimosa 3, qui aime jouer avec les codes de la scène queer. Dans son titre “Sexophone”, il rend ainsi hommage aux multiples rencontres nocturnes que nous proposent les applis de dating, tandis que dans la vidéo de “Poney Fier”, son micro prend des airs très phalliques. “Comme nous le montre l’actualité, la cause gay a encore besoin d’être soutenue et revendiquée. Cela me semble important d’exister en France en tant qu’artiste musical gay, notamment pour des jeunes en quête de repères identitaires. J’aurais bien aimé avoir ce genre de référents lors de mon adolescence”, confie l’artiste.

Sa sexualité affirmée, il la défend corps et âme : “Je trouve ridicule que le sexe soit encore un sujet tabou au sein de notre société. On est sur Terre pour se faire plaisir, et le sexe en fait partie. Le corps humain offre mille possibilités de prendre du plaisir, pourquoi s’en priver ?”

Ex-fan des eighties

Ses références ? David Bowie, Björk, Nina Hagen ou encore Peaches. Ces grands noms sont aussi bien ses modèles que le point de départ de son approche parfois naïve mais toujours sincère. “Je crois que mes plus grosses claques musicales venaient de clips avec un savant mélange de son et de vision. J’ai découvert Björk assez jeune : ça me semblait improbable qu’une telle artiste existe, à l’époque des émissions de variété et des chanteuses à voix ! Puis, quand j’étais adolescent, j’ai découvert l’univers de Bowie. Je me souviens d’avoir été fasciné d’abord par ces looks avant sa musique !”, se remémore Jonathan avec tendresse.

L’artiste au son éléctro et “Poop-Pop-Pute” (comme il aime lui-même le dire) a donc un côté très Ziggy Stardust, avec son usage des couleurs et des paillettes dans ses looks clairement barrés. “Ça m’amuse beaucoup de parodier les stéréotypes esthétiques et sexuels mis en place par la pop culture. Il y a tellement à faire !”, confie-t-il .

 
Licornes, chants des sirènes, petits poneys et maxi cornets (de glace) deviennent ainsi des indispensables à ses mises en scène qui accentuent la dimension théâtrale de son personnage. Au travers de ses chansons, Queen Mimosa 3 prône une existence au-delà des codes, décomplexée et décalée – un brin vulgaire certes, mais avec beaucoup d’humour et de fantaisie –, qui nous chante la vie pour mieux célébrer nos différences.