Le blockbuster de DC Comics était l’un des films, si ce n’est le film, les plus attendus de l’été. Résultat, une bien amère déception et pas mal de questions.
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S’il y a bien un film que l’on attendait au tournant, c’est Suicide Squad. Après un teasing forcé de plus d’un an, balançant plus de trailers que jamais, et un Batman v Superman peu convaincant, le nouveau long métrage de DC Comics misait sur le fun et le pop comme ont pu le faire Les Gardiens de la Galaxie ou, différemment, et avec une interdiction aux moins de 17 ans aux États-Unis, Deadpool.
Malheureusement, Suicide Squad n’a pas marché comme prévu, et déçoit. Pourquoi ? Voici les 5 questions, plutôt tristes et amères, que l’on s’est posées après avoir vu le film. Si vous n’avez pas vu le film, fuyez cet article car oui, il y a évidemment des [SPOILERS].
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Qu’est-ce qui ne va pas avec ce Joker ?
Il y a plusieurs problèmes autour de ce Joker. Mis à part le look et l’attitude du perso qui – que l’on aime ou non – témoignent d’un parti pris assez audacieux de la part de David Ayer, ce Mister J ne réussit pas à prendre l’ampleur qu’il méritait d’avoir et, surtout, que l’on nous promettait.
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Si l’on compare l’exposition médiatique mise en place autour de Jared Leto (sa place dans les trailers, ses citations dans les médias à propos des cadeaux empoisonnés qu’il a envoyés à l’équipe du film, etc.) et la place qui lui est laissée dans Suicide Squad, le compte n’y est pas. Le Joker n’est finalement qu’un personnage périphérique, sans grande implication, lié à la Suicide Squad à travers le personnage de Harley Quinn et dont, en plus et selon une interview de TéléStar, une flopée de scènes lui auraient été retirées – “Il y a de nombreuses scènes qui n’ont pas été gardée dans le film final. J’espère qu’elles sortiront un jour. Qui sait ?”).
Ajoutez à cela le spectre de Heath Ledger, et vous comprendrez que l’acteur/chanteur a tenté de se dépasser pour marquer les esprits. Résultat ? Il en fait trop. Et autant dire que les nombreuses failles scénaristiques ne l’aident pas. Si spin-off il y a (cf. notre dernière question), Jared Leto réussira peut-être à véritablement exploiter le personnage et à lui donner une identité qui lui sera propre, pour mieux se distinguer des Joker de Jack Nicholson et de Heath Ledger. On reste curieux.
Euh, Slipknot, vraiment ?
Derrière les mastodontes de la Squad, on trouve des persos peu mis en avant. Captain Boomerang a le droit a quelques petites répliques drôles, là ou Killer Croc, l’atout créature chelou, a une utilité bien particulière à la fin du film. Mais le plus secondaire est bien Slipknot. Arrivé à la fin des présentations, il est introduit en deux secondes et demie comme quelqu’un qui peut “grimper partout”. Sérieusement ?
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Ce n’est pas comme s’il s’agissait d’un personnage crucial à l’univers DC, certes. Mais tout de même. Dans les comics, Christopher Weiss construit surtout des cordes quasi indestructibles — il peut donc grimper partout, mais ce n’est pas son atout premier.
L’incident, qui intervient dans le film peu de temps après son arrivée, est tiré d’un vieil épisode, excepté que normalement, il ne perd qu’un bras. Là, il est sacrifié pour un élément narratif, certes important — oui, les bombes fonctionnent, OK —, mais assez gratuitement. Comme s’il fallait en buter un et qu’on ne savait pas lequel toucher, sachant que les “gros” sont franchement intouchables — potentiel spin-off oblige.
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C’est quoi ce bordel avec la musique ?
Le revival des bandes originales proposant du son tout droit sorti des années 1970, 80 et 90 pour mieux flirter avec notre nostalgie musicale est une tendance à Hollywood. Il suffit de regarder vers Stranger Things et Les Gardiens de la Galaxie, deux phénomènes culturels récents qui ont joué avec ces références, en phase avec un scénario qui le demandait.
Mais dans Suicide Squad, ne cherchez aucune cohérence. Une chanson signifie, pour plusieurs scènes, la présentation d’un personnage. En somme, on a le droit, à de nombreux endroits, à un montage façon clip, rapidement énervant, des Rolling Stones à Queen, de Norman Greenbaum (petit clin d’œil aux Gardiens ?) à Kanye West, d’Action Bronson à Eminem.
Si les chansons, individuellement, sont de qualité, elles semblent avoir été utilisées dans un souci de bruit de fond permanent pour que le spectateur se réveille et se concentre sur certaines scènes, ne lui laissant jamais le temps de profiter de certains plans (toujours cutés à la hache). Ce qui donne l’impression, au final, d’avoir assisté à une compilation de clips mis bout à bout. Pas étonnant que la boîte qui a réalisé le trailer ait participé au montage.
C’est sexiste, hein ?
On ne peut pas ne pas se poser la question. Dans Suicide Squad, la gent féminine, incarnée en grande partie par le personnage timbré de Harley Quinn, est malmenée, sinon abusée. Parmi les méchants prisonniers, elle est le personnage qui prend le plus cher, soumise à de la torture physique et mentale, prise pour un objet sexuel (la discussion entre le gardien et Harley Quinn au début du film pose les bases d’un sexisme profond), tandis que Deadshot et Killer Croc semblent peu soumis à de tels traitements de la part des gardiens de prison.
Continuons avec Harley Quinn : bien qu’elle fasse partie d’une équipe de méchants dont l’objectif est d’éradiquer un mal plus élevé qu’eux, son personnage, batte “hate/love” à la main, n’existe qu’à travers les yeux d’un homme (très) tourmenté, le Joker. Son rêve, distillé au cours du film ? Avoir une famille ordinaire, une maison ordinaire, un mari ordinaire, et des enfants, dans une lumière divine façon publicité américaine des années 1950.
Le paradoxe dans l’écriture du personnage de Harley Quinn est qu’elle est présentée comme étant détraquée, “I’M SO CRAAA-ZY”, calquée sur une autre dimension, identifiée comme étant à part. Le problème ? La Harley Quinn vue par David Ayer est dépendante. De son physique, du Joker, des autres, attachée à casser la vitrine d’un magasin pour y piquer un sac à main et se justifiant d’un : “On est des méchants. C’est ce qu’on fait”. Pas si méchants que ça, en fait.
Katana n’existe, elle, qu’à travers la voix de Rick Flag, le mec en charge et responsable de la Suicide Squad. Son histoire ? C’est lui qui en parle. Et ne parlons pas des petites remarques en mode sexisme ordinaire distillées par les personnages masculins en général, avec pour point culminant cette proposition de Deadshot “d’aller mettre une fessée” à l’Enchanteresse pour en finir au plus vite. La classe.
Où va DC Comics ?
Suicide Squad a l’avantage d’au moins faire avancer un peu le schmilblick, notamment en ce qui concerne la Justice League, qui ne va pas tarder à pointer son nez. Déjà, on aperçoit pour la première fois (si l’on ne compte pas le trailer du film sorti pendant la Comic Con) Flash en action, et même si ça ne dure que deux secondes, ça reste très cool.
Mais c’est la scène finale qui donne le ton, puisque le dossier récupéré par Bruce Wayne va l’aider à monter son équipe. Plus encore, il précise que cette dernière pourrait combattre la Suicide Squad. Justice League VS Suicide Squad ? Cela ferait un sacré paquet de supers dans un film. Peut-être s’agit-il juste d’un prétexte pour monter son équipe, même si l’idée était déjà évoquée à la fin de Batman v Superman.
En dehors de tout cela, on le sait, il y aura au moins un spin-off, celui concernant Harley Quinn (avec, on l’espère Poison Ivy). Il y a également celui sur le Joker qui intéresserait la Warner, même si rien n’est confirmé. Et vu l’importance du personnage dans le film, il ne serait pas impossible de voir Deadshot être traité de la sorte. Le veut-on vraiment ? C’est une autre affaire.
Article coécrit avec Louis Lepron