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Ça vient d’où cette histoire ?
Connaissez-vous un film racontant l’histoire d’une fille (ici, Jay, incarnée par Maika Monroe) qui, après avoir eu des relations sexuelles, est poursuivie par des personnes voulant sa mort ? Non ? Nous non plus. En réalité, ce scénario déboule directement du cerveau de David Robert Mitchell, le réalisateur du film.
Et voilà comment, à longueur d’interviews, il le présente :
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It Follows est né d’une série de cauchemars que je faisais lorsque j’avais 9-10 ans. Et dans ces cauchemars, j’étais toujours poursuivi par quelque chose ou quelqu’un. Cette chose est visible, au loin. Et ceux qui figuraient dans mon cauchemar ne la voyaient pas. Je me souviens qu’il était assez facile de s’échapper des lieux […].
Mais ça ne servait à rien de courir ou de s’échapper, lorsque je me retournais et que je regardais, l’entité était toujours là, à me poursuivre, avançant lentement pour m’attraper. Il y avait comme une malédiction. J’imaginais alors qu’elle m’attrapait, qu’elle me tuait. Une fois adulte, j’ai repensé à ces cauchemars, j’ai extrapolé et commencé à ajouter les thèmes sexuels que l’on voit dans le film.
En passant, il n’hésite pas à souligner une règle propre aux films d’horreur, celle d’appeler ses potes dès lors qu’on est jeune et qu’un problème survient :
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Souvent, la règle dans un film d’horreur, c’est qu’un personnage est submergé par les événements surnaturels qui lui arrivent. Il demande alors à un groupe d’amis de le rejoindre pour en faire une expérience collective.
Et dans un autre entretien, voilà comment il précise l’ajout de la notion de “sexualité horrifique” à l’histoire :
Je pense que la période où l’on découvre sa sexualité peut être effrayante. On est alors traversé par toutes sortes d’angoisses.
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Et puis David Robert Mitchell, c’est qui en fait ?
Bon, deuxième question un poil logique pour poursuivre le raisonnement, et pas des moindres : David Robert Mitchell, oh toi le réalisateur, qui es-tu ? S’il n’a pas encore de page Wikipedia officielle, il est déjà derrière un court métrage (Virgin) et deux longs. It Follows donc, et The Myth American Sleepover, une comédie de 2010 qui suivait des adolescents en quête d’amour dans les rues de Détroit, ville d’origine du cinéaste.
À noter qu’il est aussi le scénariste de ses trois productions.
Et quand on lui pose la plus chiante des questions, à savoir ses influences, David Robert Mitchell répond par des noms comme John Carpenter, David Cronenberg, n’oublie pas de citer Rosemary’s Baby de Roman Polanski et, surtout, Shining de Stanley Kubrick. Ces plans lents, hypnotiques et flippants, on sait enfin d’où ils viennent.
Mais s’il y a bien un film qui l’a marqué, c’est La Féline de Jacques Tourneur, et plus particulièrement la scène de la piscine qui convoque une autre séquence dans It Follows :
Ça me rappelle quelque chose, mais quoi ?
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You can’t escape, you can’t stop it, you can’t kill it.
C’est quoi la musique ?
Grosse question que je me suis posée aussi, alors que résonnait encore le thème sombre, inquiétant et très 80’s du film. Si la BO synth-pop est redevenue cool à la sortie de Drive avec des mecs comme Kavinsky ou College, It Follows y a rajouté un savoureuse tension. En faisant quelques recherches, on tombe sur le nom d’un artiste originaire de New York et aux influences mixant Steve Reich et Claude Debussy.
Il a le doux nom de Disasterpeace, de son vrai nom Rich Vreeland, crée de la musique pour le cinéma ainsi que pour le monde du gaming. Et quand on écoute l’OST du jeu Fez pour lequel il a travaillé, on ne peut que comprendre d’où viennent les sonorités distordantes d’It Follows.
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Est-ce que suivre quelqu’un est une technique de meurtre ?
Pendant le film, Jay est toujours poursuivie par une entité. Un grand mec, une femme à poil, une jeune étudiante, un petit flippant, tous les profils y passent. Le personnage est toujours sur le qui-vive, courant, sautant d’une fenêtre, s’échappant. Si l’histoire provient bien d’un cauchemar comme l’explique le réalisateur, Wikipédia a su quand même trouver une réponse à une question toute bête que je me suis posée : est-ce qu’un meurtre peut s’effectuer en suivant sans arrêt sa proie ?
Hé bien oui, et c’est Wikipédia qui le dit. Dans la langue de Molière, on appelle ça, tenez-vous bien, “la chasse à l’épuisement”. Sur sa page dédiée, on peut lire :
La chasse à l’épuisement est une technique humaine de chasse par laquelle les chasseurs traquent et poursuivent en courant une proie jusqu’à l’épuisement de celle-ci. Si les humains peuvent aisément réguler leur température corporelle par la transpiration, le gibier quadrupède doit ralentir ou s’arrêter pour pouvoir haleter.
On apprend aussi que des peuples d’Afrique du Sud ou de Mongolie pratiquaient cette technique pour tuer leurs ennemis. Le seul et important critère qu’il leur fallait avoir était… l’endurance. Bon, si les méchants d’It Follows sont plutôt longs à la détente, leur perséverance est louable.